Augmenter la peine encourue par les homosexuels n’est pas nécessaire

Il y a quelques semaines, dix députés ont demandé la mention exhaustive du contenu «Lgbt» dans les termes de l’article 319 du Code pénal, d’une part ; et l’augmentation de la peine d’emprisonnement encourue par les homosexuels en la portant de cinq à dix ans, d’autre part. C’est une initiative légale, parce qu’elle matérialise leur droit constitutionnel. Elle est aussi légitime.
Car, pour les musulmans en particulier, c’est Allah Lui-Même qui a considéré l’acte homosexuel comme un crime : «Et Nous avons fait pleuvoir sur eux une pluie. Regardes donc ce que fût la fin des criminels.» Sourate 6, Al a’râf (Endroit situé entre le Paradis et l’Enfer), verset 84.
C’est notamment pour cette raison que nous avons écrit un article sur l’homosexualité, il y a quelques mois. Nous tenions à attirer l’attention des musulmans sur la nécessité de s’opposer aux pressions exercées par certaines puissances occidentales (Etats-Unis d’Amérique, Royaume de Grande Bretagne, Canada, France) sur des chefs d’Etats africains dont le Président Macky Sall, afin qu’ils modifient leur législation pénale dans le but de protéger les homosexuels. Pour autant, dès lors que ces députés n’ont pas réussi à obtenir un consensus sur leur proposition de loi, doivent-ils utiliser d’autres moyens pour l’imposer ?
Il ne faut jamais devancer Allah
Rappelons tout d’abord les sanctions infligées par Allah aux homosexuels ainsi qu’à leur ville, Sodome : «Une pluie de pierres» qu’Il fît descendre sur eux, puis leur «destruction» pure et simple. «Et Nous fîmes pleuvoir sur eux une pluie. Et quelle mauvaise pluie que celle des gens prévenues !» Sourate Les fourmis, verset 58. «Et lorsque vînt Notre Ordre, Nous renversâmes de fond en comble et fîmes pleuvoir sur elle une masse de pierres d’argile succédant les unes aux autres.» Sourate 11, Hoûd, verset 82. «Nous détruisîmes les autres.» Sourate 37, Aç-çafât, Les rangés, verset 135.
Car seul le Messager Loût (Lot) «ainsi que sa famille toute entière», sauf sa femme, furent sauvés par Allah Lui-Même ! Aucun humain ne peut imiter ce type de sanctions. Parce qu’elles sont exclusives, en ce qu’elles ne relèvent et n’appartiennent qu’à Allah.
Si nous devions raisonner par équivalent, il eût fallu demander la peine de mort pour les homosexuels. Cela n’a pas été le cas parce que dans le contexte de notre pays, c’est impossible. Il s’y ajoute qu’Allah ne nous l’a pas non plus prescrit, nous musulmans. Par conséquent, nous ne devons pas devancer Allah qui nous interdit formellement de le faire.
Le rassemblement envisagé va installer la «fitnah»
Le seul fait que l’initiative de la proposition ait été prise, suffit à montrer aux gouvernements des pays cités ci-dessus, qu’au Sénégal, un courant existe qui demande d’aller plus loin. Mais, puisqu’il n’y a pas eu un consensus au sein des musulmans eux-mêmes sur la proposition, un autre pallier ne doit pas être franchi. Car si cela advenait, l’association qui a appelé à un rassemblement le 20 Février prochain, n’obtiendra probablement pas à l’issue de cette mobilisation, ce que les dix députés n’ont pas obtenu. Par conséquent, elle sera obligée d’appeler à d’autres manifestations et ainsi, à s’installer progressivement dans une position de défiance vis-à-vis de l’Etat. A instaurer la «fitnah», dont Allah a dit qu’elle est pire que la guerre, dans le pays. Or, cette proposition ne peut pas apporter un plus ni aux enjeux liés à l’existence des musulmans et à la libre pratique de leur religion au Sénégal ; ni à la position actuelle du Sénégal sur les demandes faites par les plus grands pays protecteurs des homosexuels, puisque le président de la République s’y est opposé publiquement et fermement.
Enjeux géopolitiques par rapport aux intérêts du Sénégal
Il est utile de souligner que dans notre Code Pénal actuel, la peine de dix ans réclamée est déjà prévue à l’article 320 alinéa 6, mais pour l’attentat à la pudeur déjà consommé ou tenté «avec violence» : «Quiconque aura commis ou tenté de commettre un attentat à la pudeur, consommé ou tenté avec violence, contre des individus de l’un ou l’autre sexe, sera puni d’une peine d’emprisonnement de cinq à dix ans.»
C’est pour cette raison que la Loi 66-16 du 1 février 1966, qui a ajouté un nouvel alinéa à l’article 319 du Code pénal pour sanctionner «un acte impudique ou contre nature», a prévu la peine d’emprisonnement de «deux à cinq ans», «sans préjudice des peines plus graves prévues par les alinéas qui précédent ou par les articles 320 et 321 du présent code».
Nos «valeurs» sont protégées sur la question de l’homosexualité. Et les termes utilisés pour la rédaction de l’actuel article 319 du code («acte impudique ou contre nature»), permet au juge de qualifier comme tels, en fonction de l’évolution des humains, non seulement tous les actes actuellement promus par le mouvement «Lgbt», mais aussi les formes qu’ils prendront au cours des prochaines années. Alors qu’une énumération est toujours limitative et réduit à néant la liberté du juge d’apprécier souverainement les faits qui lui sont soumis.
Dès lors, les enjeux géopolitiques découlant de l’existence de la République du Sénégal et de l’Etat qui la personnifie, à travers cette proposition, doivent être rappelés.
1. Les efforts fournis pour la construction de notre diplomatie sont considérables. Elle a nécessité plusieurs années de travail. Les positions obtenues par notre pays, le Sénégal, sur l’échiquier politique et diplomatique dans le monde, sont sans commune mesure avec son poids économique ou démographique. Le Sénégal a pu faire élire trois de ses fils (un record en Afrique), tour à tour, comme Directeurs généraux de l’Unesco (Amadou Moctar Mbow), l’Onudi (Louis Alexandrenne) et la Fao (Jacques Diouf). Nous avons la charge du Comité Al Qods pour tenir en éveil la conscience du monde sur la nécessité pour les Palestiniens, d’avoir et de vivre dans un Etat. Ce sont des acquis que nous devons préserver, avec le soutien d’autres Etats.
2. La participation du Sénégal au maintien de la paix dans le monde -une nouvelle mission des Etats du fait précisément de leur interdépendance à l’échelle de la planète Terre-, notamment à travers nos missions militaires au sein de l’Onu, est reconnue comme très utile.
3. Les engagements du Sénégal dans le système multilatéral (Oit, Fmi, Bm, Omc par exemple) nous obligent à la lucidité en ce qui concerne nos initiatives législatives, parce que nous ne pouvons pas ignorer les intérêts des autres Etats ou leurs postures.
En guise de conclusion
Il faut éviter de donner une tribune aux faux «djihadistes» qui, c’est connu, ont d’autres agendas. Ainsi que la surenchère politicienne, parce qu’elle est nuisible.
Landing BADJI
«Serviteur du Tout Miséricordieux»
«Membre du Parti d’Allah»
lbadji240@gmail.com