Pendant 12 ans, c’est lui qui recevait au Palais présidentiel. Aujourd’hui, c’est Abdoulaye Wade qui sera reçu en audience par Macky Sall qui l’a invité. La réconciliation de Massalikoul Jinane poursuit son chemin.

Les Echos l’avait ébruité dans son édition d’hier. «Wade prépare une visite au Palais», avait écrit à sa Une le journal. «Sous peu», avait-il indiqué. Et finalement, ce sera bien aujourd’hui même. «Suite à l’invitation de Monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal, Maître Abdoulaye Wade, ancien président de la République et Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), se rendra au palais de la République ce samedi 12 octobre 2019 à 17 heures», confirme un communiqué du service de communication du Pds. Une suite du dégel lancé lors de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Jinane le 27 septembre dernier. Ce jour mémorable où les deux ex-amis, devenus ennemis, ont offert à la face du monde une poignée de main digne de celle d’un «père» et d’un «fils». Puis, une grosse surprise de les voir tous les deux dans le véhicule présidentiel jusque chez le patron des Libéraux. L’on peut penser que la séparation était celle d’un «à bientôt». C’est donc, précision faite par le camp de Wade, sur invitation de l’actuel locataire du Palais Léopold Sédar Senghor que le Sénégal assistera (encore) à l’acte 2 d’une réconciliation en marche. Mais c’est aussi un ancien Président qui retrouve les couloirs de la «maison» qui l’a hébergé pendant 12 ans. Sans doute, avec le souvenir de ce départ forcé début avril 2012, quand il remettait les clés et le pouvoir à Macky Sall.

Mais pourquoi donc au Palais ?
Cette rencontre épouse des symboles républicains en ce qu’elle se tient à la présidence de la République et non au domicile du chef de l’Etat. Elle a aussi une dimension d’une audience d’un chef de l’Etat à un chef de l’opposition avant l’heure (le statut est suspendu au dialogue politique). Qui sait ? Mais dans tous les cas, ce rendez-vous de 17h ne peut pas zapper la question cruciale de l’avenir de Wade-fils, cloué au Qatar depuis sa libération. En clair, il devrait y avoir un sujet comme une loi d’amnistie à la faveur du fils devenu inéligible après sa condamnation pour enrichissement illicite.
Macky Sall et Abdoulaye Wade, c’est quand même deux hommes politiques qui ne portent pas des costumes d’amateur. Et il faut souligner que sur ce coup, le Président Sall a eu de la grandeur, comme lorsqu’il raccompagnait Me Wade jusque chez lui, en invitant son ancien patron. Et de l’autre côté, son prédécesseur a eu l’humilité d’y répondre. Mais l’on ne peut être naïf au point de croire que tout cela relève du naturel. Loin de là, il y a bien des calculs et un jeu politiques derrière les grilles du Palais. Que nous réserve cette audience de 17h, comme ces «audiences de midi» ? Pour régler définitivement (?) les «contentieux» ?