31 juillet 2022, le Sénégal va sacrifier à la traditionnelle élection législative. Cette élection est celle visant à élire les membres du Parlement, les représentants du Peuple. Au sortir de chaque législature, les Sénégalais sont déçus du comportement irresponsable de la majorité des députés et de la qualité des débats lors des séances. A tel enseigne qu’on se croirait être en face des représentants de partis politiques plutôt que des représentants du Peuple. Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce comportement ? Dans le fond, ont-ils vraiment compris le niveau pour assurer la mission assignée ? Mesurent-ils le rôle qu’ils sont censés jouer ? Ont-ils réellement conscience qu’ils sont les représentants du peuple et non de partis politiques ? Pourrons-nous espérer avoir droit à une Assemblée nationale dont les députés portent et jouent un véritable rôle ?
Depuis fort longtemps, le Sénégal organise des élections législatives pour choisir les députés à l’Assemblée nationale. Un député est un parlementaire qui, à l’Assemblée nationale, participe au travail législatif et au travail de contrôle du gouvernement. Bien qu’élu dans le cadre d’une localité, chaque député, compte tenu de la mission, représente la Nation tout entière et exerce à ce titre, un mandat national. «La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum» (article 3 de la Constitution). En conséquence, les députés se déterminent librement dans l’exercice de leur mandat.
Egalement, il vote la loi ; il peut déposer des propositions de loi en commission, puis en séance publique, il peut proposer, par amendement, des modifications au texte examiné et prendre la parole ; après le vote d’une loi, un député peut, avec d’autres, saisir le Conseil constitutionnel pour qu’il se prononce sur la conformité du texte voté à la Constitution.
En outre, au titre du contrôle, le député peut interroger le gouvernement, examiner son action au sein d’une commission, voire, s’il est rapporteur spécial au sein de la Commission des finances, contrôler l’emploi de l’argent public ; il peut aussi, en signant une motion de censure qui sera soumise au vote de l’ensemble des députés, mettre en cause la responsabilité du gouvernement. Un député appartient obligatoirement à l’une des commissions permanentes de l’Assemblée dont la fonction principale est de préparer le débat qui aura lieu en séance publique et qui aboutira au vote de la loi.
En effet, l’histoire des députés et le Peuple sénégalais est celle d’une amoureuse dépitée. Ces députés, bien qu’issus des partis politiques dans leur écrasante majorité, sont des représentants de la Nation tout entière. Ce qui devrait les conscientiser à jouer un rôle et à porter les intérêts de la Nation. Bien que l’Assemblée nationale reconnaisse la nécessité de cultiver un ancrage territorial et de garder le contact avec le terrain pour en relayer les problématiques dans les débats parlementaires. Cependant, les députés ne sont pas les porte-paroles de leurs électeurs à l’Hémicycle. Ils se doivent de porter une vision plus large, celle de l’intérêt général. Porter une vision plus large ne rime pas avec la constitution de groupe parlementaire au sein de l’Hémicycle car tous les députés de la majorité comme de l’opposition ont les mêmes missions et rôles vis-à-vis du Peuple ? En se constituant en groupuscule, nous voyons clairement se dégager deux voire trois forces antagonistes. Là naissent les soucis de s’auto-protéger, de solidarité de groupe et de survie. Par conséquent, se contrer les uns les autres, quelle que soit par ailleurs la pertinence d’idée, devient l’inévitable mot d’ordre qui s’impose à chaque clan et dont tous sont soumis moralement. Est-ce là la mission assignée ? Ces députés oublient qu’ils sont payés par l’argent du contribuable sénégalais. Pourtant le Peuple que ces «dépités» semblent représenter est un, les lois qu’ils doivent voter devaient être impersonnelles. En résumé, le pouvoir législatif devait être un dans la défense des intérêts du peuple bien qu’ils soient investis par des partis politiques différents ?
En définitive, s’informer avec calme, recul et confiance est plus que jamais nécessaire pour le Peuple afin de faire le bon choix le 31 juillet 2022. Ces «dépités», au cours de ces législatures qui se sont succédées, nous ont causé plus de tort que de bien en votant soit des lois libertines, soit des lois visant à éliminer un adversaire, soit en bloquant une proposition de loi bénéfique au Peuple, soit en adoptant une posture irresponsable et indigne, soit ils sont aux abonnés absents, soit ne contrôlent pas l’Exécutif. Notre Assemblée nationale est devenue un champ de bataille où volent très haut des injures, un ring où des coups de poing sifflent, des âneries rien que pour satisfaire l’Exécutif. Où est la séparation des pouvoirs (Exécutif, Législatif, judiciaire et Médiatique) qui sous-tende la démocratie ? De deux choses l’une, soit nous (Peuple), nous voulons des députés, soit nous optons pour des dépités. Rendez-vous est pris le 31 juillet 2022.
Nicolas Silandibithe
BASSENE
Coordinateur mouvement citoyen
Agir maintenant pour une émergence nouvelle (Amen)