«Un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle», disait Amadou Hampâté Ba. Avec la disparition de Seydou Badian Kouyaté, le continent africain perd un de ses premiers écrivains et intellectuels. Son roman Sous l’Orage, publié en 1957, est aujourd’hui une des œuvres les plus importantes de la littérature africaine. Inscrit au programme des lycées et universités de plusieurs pays d’Afrique, Sous l’orage traite des conflits de générations dans une Afrique tiraillée entre tradition et modernité. Seydou Badian Kouyaté, très populaire au Mali, est l’auteur de l’hymne national de ce pays. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages dont Le Sang des masques, paru en 1976, et La saison des pièges en 1997. Ecrivain et homme politique, il est né en 1928. Médecin de formation, il a été ministre de l’Economie rurale et du plan, puis ministre du Développement durant le régime du premier Président malien, Modibo Keïta (1960-1968) avant d’être arrêté, puis déporté à Kidal (nord) lors du coup d’Etat de Moussa Traoré qui a renversé Modibo Keïta en 1968. Après sa libération, il s’exile pendant de nombreuses années au Sénégal. De retour au Mali, il va annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 1997 avant de se retirer. L’écrivain qui s’est éteint dans la nuit du samedi à dimanche dans une clinique à Bamako à l’âge de 90 ans avait été sacré lauréat 2017 du «Grand Prix des Mécènes» pour l’ensemble de son œuvre. Le président de l’Association des écrivains du Sénégal, Alioune Badara Bèye, a estimé au micro de la Radio futurs médias (Rfm) que «l’héritage de l’homme de lettres et homme politique malien doit être préservé pour la nouvelle génération d’écrivains africains, et maliens et sénégalais en particulier». Pour l’ancien Premier ministre malien, Moussa Mara, «le Mali a perdu une boussole importante au moment où il peine à trouver sa voie».
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