Auteur d’un livre sur l’ancien Président : Ibou Fall, chantre de Senghor

« Senghor, sa nègre attitude », l’ouvrage du journaliste Ibou Fall décortique la trajectoire du poète-Président Léopold Seder Senghor, en lien avec l’histoire politique du Sénégal. Ibou Fall qui a présenté son ouvrage ce mardi, marquant le 20e anniversaire de la disparition du grand homme.
Les locaux de la Fondation Léopold Sédar Senghor ont abrité ce mardi, la cérémonie de présentation de l’ouvrage de Ibou Fall, un récit biographique sur l’un des plus grands hommes du pays. Sur le même ton que les précédentes «Sénégalaiseries», cet ouvrage intitulé Senghor, sa nègre attitude et paru aux Editions Forte impression, retrace les grands moments de l’histoire politique du Sénégal, gomme des idées reçues sur Senghor et que véhiculent ceux qui ne le connaissent pas. L’ouvrage rappelle aussi le degré de fidélité des hommes politiques au Sénégal, mais offre aussi une immersion en pays sérère pour familiariser les lecteurs aux mythes, valeurs, traditions et subtilités. En bref, l’ouvrage est une photographie des mœurs sénégalaises d’hier à aujourd’hui. Senghor, sa nègre attitude est le septième ouvrage de Ibou Fall, dans la série des Sénégalaiseries. «Ça veut dire que j’ai gardé le style satirique, le regard de journaliste, parce que je ne suis pas un militant de Senghor. Je ne suis ni socialiste, ni un de ses lecteurs, et ce n’est pas aussi mon auteur préféré. Mais, je pense qu’il fallait parler à celui qui a donné à notre République et à notre Nation, une colonne vertébrale. Et je ne pouvais pas le faire autrement que par ma manière d’écrire et le regard que je jette sur le Sénégal, les Sénégalais. Et donc cette fois-ci, sur le Président Senghor», se défend le journaliste, scénariste et dialoguiste de bandes dessinées. En revanche, dit-il, c’est ça la sénégalaiserie, ce regard sur un compatriote, qu’il espère sans complaisance. «J’aime parler des Sénégalais car en parlant d’eux, je parle de moi-même, parce que je suis comme les Sénégalais. J’ai leurs défauts et leurs qualités et c’est pour cela que je peux en parler.»
«Je ne demande pas aux gens d’être avec Senghor»
Pour l’auteur, cet ouvrage est comme une sorte de clin d’œil à Senghor, à son premier combat pour la négritude. C’est également selon lui, un peu la version 2.0, c’est-à-dire une manière de reprendre ce principe de la négritude avec les termes des générations actuelles. «Je ne demande pas aux gens d’être avec Senghor, mais de savoir de quoi l’on parle. Parce qu’on peut ne pas partager sa manière de faire, de voir, ses choix. Il s’est trompé, il n’a pas tout bien fait, mais au moins être conscient de sa propre histoire, et c’est la moindre des choses», informe M. Fall. Cet ouvrage de 286 pages est un vade-mecum pour ceux qui cherchent à connaître un peu la trajectoire du Président-poète, Senghor, mais également les mœurs sénégalaises d’hier à aujourd’hui. Dans le livre, ce n’est pas une biographie de Senghor, mais il est le fil conducteur. «J’ai voulu retracer les grands moments de l’histoire politique du Sénégal. De la naissance de Senghor, avec tout ce qui était la société sénégalaise, jusqu’à sa démission et jusqu’à sa mort.» D’après lui, l’histoire du Sénégal se confond avec l’histoire de Senghor et ça méritait d’être dit pour les générations qui ne l’ont pas connu. «Et la meilleure manière pour nous de laisser une trace de ce que nous sommes, ce que nous avons été pour les générations futures, c’est d’écrire et de laisser des ouvrages», explique l’auteur qui par cet ouvrage, célèbre le vingtième anniversaire de la disparition de Senghor.
«Il faut saluer le courage et l’honnêteté intellectuelle de Ibou Fall»
Le journaliste Madiambal Diagne a salué le courage et l’honnêteté intellectuelle de l’auteur considéré comme étant le fils de Mamadou Dia, collaborateur puis adversaire de Senghor après les évènements de 1962. Il estime que ce n’était pas évident que Ibou Fall parle de Senghor avec autant d’objectivité et de transparence. «Tu as fait preuve de qualités journalistiques, d’intégrité intellectuelle et professionnelle.» Pour le Pdg du groupe Avenir communication, ce livre est un témoignage historique pour l’auteur. Il dit : «Ibou Fall est parti d’un postulat ou d’une thèse : parler ou bien faire percevoir l’apport de Senghor dans la construction de la Nation sénégalaise. Et il a essayé par divers procédés, de mettre en scène des acteurs et chacun a joué sa partition.» Il ajoute que : «Le fil conducteur a été la personnalité de Léopold Sédar Senghor, qui a été un personnage central. Et je crois que dans l’exercice, on a pu percevoir un trait littéraire très réfléchi, c’est-à-dire révéler à la fois les ombres et les lumières du personnage Senghor dans un style digeste, accessible au grand public, mais aussi avec une réflexion que je peux dire académique». A en croire M. Diagne, l’auteur avait tenu à marquer les 20 ans de la disparition de Léopold Sédar Senghor, mais «malheureusement», la période du Covid-19 ne lui a pas permis de déployer toute la panoplie d’activités qui était envisagée.
«Un livre audacieux et payant»
«Senghor n’appartient pas seulement aux Sénégalais ni à l’Afrique, mais au monde entier», témoigne le professeur Alioune Diaw, le représentant de la Fondation Senghor. Pour lui, quand Ibou Fall a choisi de parler de Senghor, il a fait un choix «audacieux» et «payant», parce qu’il a su prendre la distance et la hauteur intellectuelle nécessaire pour tenir un beau texte. «Et quand je dis un beau texte, c’est un beau, dans tous les sens du terme», précise M. Diaw, le disciple de Senghor. Il indique que ce livre se lit avec plaisir, il est précis et sans concession, avec un art consommé. «Le style est profond, mais n’est pas hermétique. Ce livre est savoureux. Il se lit avec appétit. Le lecteur est souvent apostrophé. Le texte est aéré, vous le lisez aisément et vous n’êtes jamais épuisé», explique M. Diaw. Pour lui, l’auteur, au-delà de faire la présentation de Senghor, «donne à relire notre histoire politique. Mieux, dans une sorte de rétrospection, prospection, il nous donne à analyser notre histoire politique actuelle», conclut Alioune Diaw. Plusieurs participants ont témoigné leur reconnaissance à Ibou Fall, pour ce livre présenté devant un parterre d’intellectuels, amis, parents et professeurs d’universités.