Le mil occupe une place centrale dans le système alimentaire des zones rurales du Sénégal. Mais il nécessite de lourds travaux post récoltes avant qu’il ne parvienne dans les assiettes. C’est pour changer cette situation que l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid) a financé un projet dénommé «Yombal mbojj».

Le mil est au cœur de l’économie dans les zones rurales du Sénégal. Il est également un élément important dans la sécurité alimentaire des ménages. Mais avant que le mil n’aboutisse dans les assiettes, c’est aux femmes que revient l’essentiel des travaux post récoltes. Une tâche rude et épuisante qu’elles effectuent encore trop souvent avec un mortier et un pilon. Pour contribuer à changer cette situation, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international   (Usaid) a financé un projet dénommé «Yombal mbojj» qui signifie «faciliter le battage». Financé à hauteur de 1,3 milliard de francs Cfa, le projet a été lancé hier par l’ancienne Première ministre Aminata Touré. Il s’agit d’introduire auprès des femmes rurales, l’utilisation d’un nouveau type de batteuse à mil conçu par l’Ong Compatible technologiy international (Cti). Selon la directrice par intérim de l’Usaid, Mme Sharon Carter, la batteuse manuelle assemblée au Sénégal, à Thiès précisément, va permettre de réduire le temps et les efforts que les femmes consacrent à la préparation des aliments.
«Il faut alléger les tâches des femmes pour leur permettre d’accéder à des marchés rémunérateurs», plaide Mme Touré. L’ancienne Première ministre souligne la nécessité de donner aux femmes l’opportunité d’accéder aux technologies, surtout la technologie post récolte, afin de donner de la valeur à la production agricole. Il faut dire que les méthodes traditionnelles de battage du mil sont particulièrement peu efficaces, malgré le niveau d’énergie qu’elles demandent. Ces pratiques font perdre  25% de la production céréalière et jusqu’à 35% quand il s’agit de légumes, souligne Mme Touré.
Avec ce nouveau programme, 150 batteuses ont été mises à la disposition des femmes du bassin arachidier, soit environ 11 900 bénéficiaires, informe le directeur technique de l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar). M. Mbaye Mbow souligne que la prochaine étape du projet reste la vulgarisation de la batteuse dans les autres régions du pays. A ce propos, Mme Touré invite les hommes politiques à mettre la main à la poche pour doter les femmes de cet engin dont le prix est actuellement de 250 000 francs Cfa. Pour favoriser la vulgarisation, le directeur de Cti, Aliou Ndiaye annonce qu’une stratégie est déjà ficelée. «On s’est rendu compte que les producteurs venaient jusqu’au fabriquant pour acheter. Mais notre stratégie sera de rapprocher l’offre et la demande. Pène et fils assurent la fabrication et on travaille avec un réseau d’artisans dans les villages pour la réparation et la maintenance, et des agro-dealers qui vont distribuer la machine aux producteurs», indique le directeur de Cti. En outre, M. Ndiaye annonce que des tests sont en cours pour ce qui concerne le sorgho et le riz.
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