Par Amadou MBODJI – Des enseignants-chercheurs au nombre de 22 personnes essaient de trouver des réponses adéquates aux entraves à la promotion et au leadership des femmes dans le monde du travail, que constituent les travaux domestiques. Pour cela, ces universitaires issus des universités Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Houphouët Boigny d’Abidjan, Calavi de Cotonou, Thomas Sankara de Ouagadougou ont mené, durant plus d’un an, un projet de recherches-actions intitulé : «Classe moyenne féminine et demande de services de garde d’enfants en Afrique de l’Ouest : cas du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal.» Présentant les résultats et enseignements de politiques de cette étude, ils ont indiqué que «malgré l’émergence d’une classe moyenne féminine en Afrique, les femmes continuent d’être désavantagées face aux opportunités d’emplois, comparativement aux hommes. L’absence de services de garde d’enfants apparaît comme étant l’une des contraintes majeures auxquelles se heurtent les femmes sur le marché du travail».
«Le poids du travail domestique détériore la santé des femmes et les prive de l’accès au marché du travail : elles occupent des emplois précaires, peu rémunérés, avec peu ou pas de protection sociale, elles subissent une discrimination salariale, etc. Ainsi, alors qu’elles représentent plus de 50% de la population au Sénégal, cette surcharge de travail domestique prive beaucoup de femmes de l’accès au marché du travail et ou constitue un plafond de verre qui entrave leur progression dans le milieu du travail. Le coût économique de ce marché du travail est élevé», a décrit Pr François Joseph Cabral, enseignant-chercheur à l’Ucad et coordonnateur du Laboratoire de recherches sur les institutions et la croissance (Linc) de l’Ucad.
Et face à ce frein, les chercheurs préconisent «la mise en place de Services de gardes (Sdg) accessibles pour toutes les catégories de femmes». Pour eux, cela peut être «salutaire pour aider la gent féminine à tirer le maximum de ses fortes potentialités économiques et sociales, en aidant aussi à l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd) 3,4 et 5 et favorise un développement inclusif».
A leur avis, «les Sdg des enfants dans les lieux de travail ou de proximité sont sources de multiples bénéfices pour les femmes et les enfants : réduction de l’absentéisme des femmes dans les secteurs public et privé, augmentation de la productivité des femmes, augmentation des gains… Les Sdg sont également des sources de création d’emplois directs, indirects…». Si l’avènement du projet de la Case des tout-petits au Sénégal, un modèle de prise en charge de la petite enfance, joue un rôle primordial pour régler cette équation, il faut cependant reconnaître que «des limites subsistent toujours avec surtout l’offre de Sdg formels au Sénégal qui est peu accessible». En effet, «seuls 17% des enfants âgés de 0 à 6 ans ont accès aux Sdg formels. Le taux d’accès est encore plus faible en zone rurale qu’en zone urbaine, où l’on constate de plus en plus un resserrement du cercle familial (famille nucléaire, régime des appartements)», renseigne Pr Cabral.
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