Longtemps attendu, le Sénégal vient de créer un doublon à l’Ageroute, avec la mise en place d’une société dénommée Autoroute du Séné­gal, pour la gestion, l’exploitation, la maintenance des autoroutes et connexes. Aussi, Autoroute du Sénégal pourra engager sa signature pour le financement et l’exécution des futurs projets autoroutiers dans le pays et certainement bientôt sur les corridors.

En réalité, le fond infrastructurel du Sénégal s’est beaucoup étoffé, densifié et même diversifié sous le régime actuel et de son prédécesseur. La fibre libérale de l’actuel Président et de son prédécesseur ont enrichi notre pays d’un rare patrimoine d’ouvrages publics : routes, autoroutes, rails et  ponts, hôpitaux, centrales électriques ou solaires ou éoliennes, stades, stations d’eau et  d’assainissement, aéroports et quais, hôtels et salles de conférences voire musées, universités, lycées et écoles, casernes et camps militaires… Bref, ce n’est pas moins de 50 000 milliards de F Cfa de travaux qui ont été engagés depuis 2001 pour mettre à niveau  le Sénégal. Jadis rustique et arriéré  sous le règne socialiste, le Sénégal présente aujourd’hui un bien meilleur visage avec des écrins comme le Pont Nelson Mandela de Foundiougne, le Centre de conférence Abdou Diouf, le Palais Omnisports de Diamniadio, et surtout l’Aibd, notre connexion à l’Afrique et au monde. Les présidents Wade et Sall ont été des pharaons dignes de ce pays dans le domaine de l’équipement public pour supporter le progrès et le développement dans tous les domaines. C’est une continuité.

Autoroute du Séné­gal vien­dra donc gérer une seule catégorie de ce patrimoine infrastructurel : les autoroutes qui doivent contribuer à la mobilité urbaine, interurbaine, voire même de désenclavement avec l’autoroute Ila Touba et bientôt  Dakar-Tivaouane-Saint Louis, en même temps Mbour-Kaolack-Fatick, autant de projets en cascade qui seront mis en œuvre et finalisés quelle que soit l’issue des élections de 2024.

Dorénavant, aucun Président n’osera faire moins que son prédécesseur, quand bien même nos infrastructures, dans leur financement et exécution, soulèvent énormément de manquements dans la gouvernance de projet public ; j’estime aussi qu’il faille plus et mieux  impliquer l’expertise nationale dont la qualité de travail est reconnue à tous les niveaux dans l’ordonnancement de nos infrastructures, en commençant de la phase d’avant-projet à la réception. Il faut faire le Sénégal avec les Sénégalais même si les financements sont extérieurs.
Effectivement, l’avenir nous dicte une conception optimisée des ouvrages avec des normes et standards de gouvernance universelle, surtout  dans les infrastructures qui sont un domaine corruptogène par définition. Cependant, pour le Sénégal, de solides candidats à une exploitation efficiente et efficace existent avec le Sogip, l’Ageroute qui est jusqu’à présent  maîtresse d’œuvre de ses ouvrages, le Fonsis et même la Cdc, ou même un consortium de deux ou trois de ces sociétés ou entités publiques pour créer une société de gestion d’autoroute ; une manière de capitaliser sur l’existant. Le cas échéant, deux ou trois de ces entités publiques peuvent mettre en commun leur expérience complémentaire et res­sources pour créer une société de gestion d’autoroute à travers des schémas d’alliance ou de synergie. L’Ageroute, avec son expertise métier, et le Fonsis, dans la gestion des actifs, notamment stratégiques, pouvaient candidater pour gérer nos actifs critiques tels que les autoroutes, avec leur apport décisif dans le dimensionnement correct des ouvrages, la  mobilisation adéquate et aux meilleures conditions du financement et une mission Opc à toute épreuve  avec l’expertise locale autour de nos ingénieurs-conseils et autres cabinets.

L’Etat rate ainsi une occasion qui aurait permis de capitaliser sur la myriade de sociétés en charge de son portefeuille d’actifs publics dont la synergie peut permettre d’agréger les compétences et les meilleures pratiques. Nous avons be­soin d’un Etat-stra­tège, peut-être bien c’est l’enjeu du prochain scrutin dans un pays au bord du surendettement, avec une Admi­nistration rétive à la réforme.

 Moustapha DIAKHATE
Ex-Cons spécial PM
Expert et Consultant Infrastructures