Tensions, confrontations, saccage de biens publics et privés, arrestations, blessés, mort d’hommes, paralysie des activités et de l’économie ont caractérisé la vie des populations dans la région en 2023, suite aux manifestations juridico-politiques relatives à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, par ailleurs maire de la commune de Ziguinchor. Mort d’hommes et beaucoup de blessés

A quelques heures de son procès pour viol supposé sur Adji Sarr, Ousmane Sonko rallie Ziguinchor dont il est le maire. Sa maison sera barricadée par ses partisans qui redoutaient une opération d’exfiltration de leur leader. Il n’en sera rien et il sera jugé par contumace par la Chambre criminelle de Dakar.
Cette ville a payé un lourd tribut avec le plus de personnes tuées et blessées, sans compter les arrestations lors des manifestations juridico-politiques relatives aux dossiers judiciaires de l’opposant Ousmane Sonko. Les manifestations de rue pour le soutenir ont commencé avant qu’il ne soit placé sous mandat de dépôt. Les «Patriotes» se sont mobilisés et ce, dès les premières heures pour servir de boucliers à Ousmane Sonko. D’abord, les femmes du bois sacré ont veillé nuit et jour devant le domicile du leader de l’ex-parti Pastef à Néma Kadior. Ces dames «protégeaient» M. Sonko qui, selon les rumeurs, pouvait être kidnappé la nuit pour aller répondre à la Justice, dans le cadre du procès qui l’opposait à l’ex-masseuse Adji Sarr.

Ensuite, la jeunesse est entrée dans la danse. Ce qui a donné une ambiance folle devant chez Ousmane Sonko. Les adultes, qui s’étaient mêlés à cette assemblée de partisans et de sympathisants du leader de l’ex-parti Pastef, scandaient le nom de Ousmane Sonko. Après, ils ont commencé à investir les rues. Leurs accrochages avec les Forces de défense et de sécurité se sont souvent soldés par la mort de manifestants ou des blessés.

Dégâts matériels importants
L’agence Cbao de Cap-Skirring, l’Ufr santé de l’université Assane Seck de Ziguinchor, l’Alliance franco-sénégalaise, la Poste finance, une partie des locaux de Kassoumay Fm, des véhicules particuliers, magasins, domiciles… ont été saccagés ou incendiés. L’école a été frappée au cœur lors des violences. Au total, 8 lycées, 7 collèges et 11 écoles élémentaires saccagés. Le nombre de tables-bancs détruites est estimé à 1153. Ce qui a sérieusement perturbé les enseignements-apprentissages à Ziguinchor au cours de l’année 2023.

Blocus et barrières
Même aux heures les plus sombres de la rébellion casamançaise, la capitale du Sud a rarement vécu des moments comme ceux du 15 mai 2023. Une pluie de lacrymogènes était tombée sur la ville qui a été bloquée et gazée durant des jours. La circulation bloquée partout dans la commune et dans les autres départements de la région, seules des motos Jakarta ont pu rouler en faisant des détours pour contourner les obstacles. L’Armée, déployée, a veillé au grain, en renfort aux Forces de l’ordre et de sécurité, pour disperser les jeunes manifestants.

Par ailleurs, Ousmane Sonko, qui a maille à partir avec la Justice, a pu bénéficier du soutien des maires et présidents de Conseil départemental de toute la Casamance, et au-delà. Des «Patriotes» et leurs sympathisants avaient rallié la ville de Ziguinchor. Ils soupçonnaient des manœuvres pour kidnapper Ousmane Sonko, «rendre la ville ingérable afin d’installer une Délégation spéciale à la commune de Ziguinchor».

Impact économique négatif
Au lendemain de la condamnation de Ousmane Sonko, les marchés, les établissements financiers et les écoles, du préscolaire au lycée, avaient été fermés pendant des jours, sans parler du transport qui a été bloqué pratiquement partout dans la région. Ce qui a été constant, c’était l’image de désolation qui se dégageait du fait des dégâts matériels et des pertes en vies humaines. L’économie reste paralysée dans les communes de Ziguinchor. La région a vécu une suspension des dessertes des bus Dakar-Ziguinchor-Dakar pendant des mois et des bateaux reliant ces deux villes. Si les bus ont repris service, les bateaux sont toujours suspendus.

Caravane de la liberté écourtée
Après une opération de nettoyage des rues, la «Caravane de la liberté», sous la conduite du leader de l’ex-parti Pastef et maire de la capitale du Sud, a quitté Ziguinchor à destination de Dakar le 26 mai. Flanqué de quelques voitures de type particuliers et de minibus, il est passé par Niaguiss, Goudomp, Tanaff et Samine, des localités du Balantacounda, avant de rallier Sédhiou, puis Kolda. Mais, il sera stoppé à Kaffrine par le Gign, puis conduit à son domicile sis à la Cité Keur Gorgui où il sera assigné à résidence pendant plusieurs semaines.
Le ministère de l’Intérieur avait aussi publié un communiqué le vendredi 27 mai 2023 pour alerter sur les irrégularités de la caravane. «Les caravanes sont considérées comme des cortèges et sont donc soumises à l’obligation de déclaration préalable conformément à l’article 96 du Code pénal», a précisé le ministère en appelant au respect de cette formalité.
Par Khady SONKO – ksonko@lequotidien.sn