Avec 85 festivals, 27 prix : Thomas Grand et Moussa Diop, globe-trotters
![](https://lequotidien.sn/wp-content/uploads/2019/10/PHOTO-MOUSSA-DIOP.jpg)
Jamais un film sénégalais n’aura autant fait le tour du monde. «Poisson d’or, Poisson africain», le film de Thomas Grand et Moussa Diop, a dépassé aujourd’hui les 85 festivals et gagné 27 prix. Le documentaire qui est une plongée militante dans le secteur de la pêche artisanale sur les côtes sénégalaises, alerte sur le danger de l’implantation des usines de farine de poisson. Pour leur prochain film, Thomas et Moussa comptent passer plusieurs semaines en haute mer, sur la traces des pêcheurs de requins.
Poisson d’or, Poisson africain, le film de Thomas Grand et Moussa Diop a fait le tour du monde. 85 festivals et 27 prix remportés aux Etats-Unis, au Japon, en Afrique et en Europe. L’aventure qui débute sur les bords de l’Océan atlantique n’en finit plus de valoir des satisfactions aux auteurs. Le film ne cesse de susciter de l’enthousiasme dans tous les festivals où il est diffusé. Une carrière inédite pour un film sénégalais et qui a valu aux réalisateurs d’être nominés aux African movie academy (Amaa), les oscars du cinéma africain qui se déroulent chaque année. Devant ce succès, les deux auteurs gardent leur humilité. «Ça fait vraiment plaisir», confie avec un sourire Thomas. Installé aux côtés de son acolyte Moussa, dans une salle d’attente du ministère de la Culture, les deux viennent tout juste de recevoir un diplôme de reconnaissance de l’autorité. Mais pour Thomas, le plus important, c’est avant tout que leurs voix puissent porter loin. «Moi ce qui me fait vraiment plaisir, c’est que le film puisse toucher au-delà de nos frontières, par rapport à une thématique. Il y a une forme d’humilité, d’humanité dans notre film parce qu’on a voulu présenter des travailleurs de courage, des gens qui font un métier très important pour toute une économie africaine.» Ce militantisme, les auteurs l’assument totalement. Ils viennent même de franchir un pas supplémentaire en mettant sur pied un collectif. «On a monté Sos Yabooy qui est un collectif de mobilisation citoyenne autour de la protection des ressources prioritaires pour nos populations», explique Thomas qui souligne que des actions de sensibilisation ont déjà démarré sur les zones de pêche. «Notre objectif est de faire connaitre ces problèmes mais aussi trouver des moyens pour rendre le travail des pêcheurs plus sécurisé. Aujourd’hui, c’est un travail qui est mis en péril par des décisions politiques. Le but de ce collectif, c’est aussi de se mobiliser contre l’implantation d’usines de farine de poisson qui détournent du poisson réservé aux populations. Et c’est un phénomène dangereux qui a mis beaucoup de pêcheurs, de transformatrices sur la touche», s’indigne le réalisateur.
Moussa Diop connait bien ces zones de pêche qu’il a sillonnées de Saint-Louis à Kafountine. Et les conditions de tournage n’ont pas toujours été simples. «Le tournage a été très compliqué. Les pêcheurs ne sont pas faciles. Ils nous ont insultés et tout. Mais on connait bien les réalités de chaque site», dit-il. Sorti depuis 2018, Poisson d’or, Poisson africain ne cesse d’être apprécié et honoré. «Le film circule bien dans le monde. On a pour l’instant été sélectionné dans 85 festivals. Et puis, on a remporté 27 prix aux Etats-Unis, au Japon, en Afrique, en Europe. Donc, c’est vrai que cette thématique arrive à toucher pas mal de gens et ça, c’est bon signe», relate Thomas. Avant de déclarer : «Moi, je serais prêt à échanger tous ces prix pour voir ce film influencer la population sénégalaise, mais aussi nos dirigeants, que ce soit le ministère de la Pêche ou celui de l’Environnement, des ministres qui sont directement concernés ou qui impactent ces situations-là, afin qu’ils puissent réfléchir sur ce qui est en train d’arriver.» Par ailleurs, il plaide pour une harmonisation des politiques de pêche en Afrique de l’Ouest. Depuis sa tendre enfance, Thomas connait la Casamance où il s’est installé à l’âge de 18 ans. «J’ai fait beaucoup de films avec Moussa sur la question de la pêche artisanale, autour des problématiques de développement. Des films institutionnels mais nous avons fait nos premiers films comme ça. On a vu ces dernières années un peu de changement avec l’arrivée de bateaux industriels qui mettent en mal le circuit traditionnel de la transformation du poisson», a ajouté Thomas.
Pêche en haute mer
Apres ce parcours très appréciable, les deux compères ont déjà le regard fixé sur leur prochain film. «Le prochain volet de cette trilogie sera tourné en haute mer. Entre le Sénégal, la Guinée-Bissau, et la Guinée Conakry», informe-t-il. Cette fois, il s’agit de se lancer sur la piste des pêcheurs de haute mer et surtout des pêcheurs de requins. «Nous voulons évoquer les problèmes de sécurité en haute mer parce que beaucoup de pêcheurs ont perdu la vie», explique Moussa. Pour cette nouvelle aventure, Thomas Grand et Moussa Diop ont prévu de passer plusieurs semaines en haute mer. Un autre chef d’œuvre en gestation.