En 2009 sortait Perdu d’avance, le premier album du rappeur caennais. Un rappeur loin des clichés du genre et qui ont la vie dure : un jeune homme blanc, provincial, de classe moyenne et fils d’un proviseur de collège. Il se payait aussi une publicité gigantesque à la faveur d’une polémique causée par les paroles de son titre Sale pute qui avait déchaîné les foudres d’associations féministes et d’une bonne partie de la classe politique. Il avait été condamné en première instance à 1 000 euros d’amende avec sursis pour injure et provocation à la violence envers les femmes avant que la Cour d’appel de Versailles ne le relaxe, déclarant que ses propos relevaient de la liberté d’expression.
Depuis, Aurélien Corentin a sorti un deuxième album, Le chant des sirènes, sacré aux Victoires de la musique en 2012, et a surtout cherché à se diversifier et à tendre vers le travail collectif. Il a ainsi multiplié les «featurings» avec Disiz, Stromae, Oxmo Puccino, voire Benjamin Biolay. Il a surtout beaucoup travaillé avec son acolyte Gringe des Casseurs Flowters avec qui il a conquis le petit écran sur Canal+ avec la mini-série Bloqués. Orelsan s’est ensuite essayé à la réalisation avec Comment c’est loi, sorti en 2015. En septembre, le rappeur de 35 ans sortait le titre moqueur Basique, accompagné d’un clip réalisé en un plan séquence et tourné à Kiev en Ukraine qui annonçait le futur album. Les réseaux sociaux se sont rapidement enflammés, la vidéo accumulant 650 mille vues en sept heures (aujourd’hui, le clip en compte plus de 20 millions).
C’est peu dire donc que cet album était attendu. D’autant qu’il affiche un drôle de casting : Maître Gims, Nekfeu, Stromae ou Dizee Rascal sont venus se prêter au jeu du «featuring». Plus électro, plus sombre aussi, ce nouvel opus a été très bien accueilli par les critiques. «Le rappeur d’Alençon a convoqué son fidèle beatmaker Skread (…) pour façonner un bijou d’autodérision sur la difficulté à devenir un homme. Orelsan est toujours aussi drôle, cru et méchant», explique Le Point. Un point de vue partagé par nombre de critiques qui s’accordent à dire que les textes de Orelsan sont sa principale force. «Brillant sans avoir recours à aucun des artifices d’auto-tune (…) le rappeur, autrefois comparé à Eminem, est de loin le plus sarcastique et le plus piquant de sa génération», affirme Marianne.

«Moquer la vie
à grand renfort
de sarcasmes»
Ce rap pessimiste et cynique fait par bien des aspects écho à la mélancolie désabusée d’une partie de la jeunesse au moment de devenir adulte. «La force de La fête est finie réside dans cette forme d’humour désuet à la Philippe Katerine qui habite l’ensemble de l’album. Plutôt que d’essayer de reprendre des codes qu’il ne maîtrise pas en singeant les rappeurs de la nouvelle génération (et en blindant ses morceaux d’ad-libs à moitié drôles), Orelsan se réinvente en canalisant sa meilleure technique : moquer la vie à grand renfort de sarcasmes», expliquent les Inrockuptibles.
Ses nombreux featurings ont également fait beaucoup réagir, notamment dans le très drôle Christophe (Mae) avec Maitre Gims dans lequel il nous gratifie d’une punchline dont il a le secret : «J’aurais pu sauver la vieille France, aider la patrie d’mon enfance/Donner aux racistes de l’espoir, mais j’fais d’la musique de Noir.» Le titre La pluie avec Stromae a également séduit Le Monde : «Les raps de ce fils de profs et petit-fils de paysans se nourrissent toujours de la peur du conformisme et de la défiance vis-à-vis d’une classe moyenne moyennement classe. Mais aussi de la tendresse pour son “crachin normand” dont Orelsan loue la poésie burlesque dans Il fait beau, son remarquable duo avec Stromae.»
Lefigaro.fr