Avis – Birame N’deck Ndiaye, parolier : «Il faut une réorganisation de la musique si nous voulons être parmi les meilleurs»
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Par Ousmane SOW
– Dans la vie, il est parfois important de s’arrêter et se poser des questions. Qui sommes-nous ? Qu’est-ce que nous faisons ? Ou allons-nous ? Ces interrogations sont celles de Birame N’deck Ndiaye, parolier et auteur entre autres de Ca kanam, l’hymne de l’Equipe nationale du Sénégal à la Coupe du monde 2002, Less waxul de Youssou N’Dour et Fattalikul doom de Alioune Mbaye Nder. «Il est important de s’arrêter et de décortiquer pour enfin laisser quelque chose à la postérité», a-t-il soutenu, lors d’une conférence sur le thème «L’esthétique de la parole dans la musique sénégalaise». D’après Birame N’deck Ndiaye, la musique sénégalaise se caractérise par de l’inculture et une absence de qualité. Raison pour laquelle il prône une nouvelle réorganisation. «Malheureusement, nous ne faisons pas assez de recherches. Mettons-nous à l’école de l’apprentissage, remettons-nous en question ! Il faut savoir s’adapter à son époque. Il faut une réorganisation de la musique si nous voulons être parmi les meilleurs», a-t-il conseillé. La création artistique demande de l’originalité et de la personnalité. Citant Sony Labou Tansi, Birame N’deck Ndiaye de dire : «Si vous avez la chance de parler, ayez pitié de ceux qui ont la malchance d’écouter» car, dit-il, «un mensonge répété plusieurs fois se transforme en vérité».
Poursuivant sa communication, M. Ndiaye avance qu’on est aujourd’hui «dans un monde où il y a de moins en moins d’humilité». «Il y a des gens qui ont une très belle voix, mais qui pensent qu’ils ont une très belle plume. Je pense qu’il nous faut être critique et sévère. La communication ce n’est pas comprendre ce qu’on dit, mais de faire en sorte que ceux qui vous écoutent comprennent ce que vous dites.» Pour lui, celui qui parle n’est pas supérieur à celui qui écoute, mais il y a un parcours très simple allant de la création à la diffusion, en passant par l’interprétation. Poursuivant, le conférencier souligne que dans le domaine de la chanson, il faut toujours partir de ce postulat : «Je parle parce que j’ai quelque chose à dire, à partager. Donc il faut être bref, penser à l’esthétique de la parole, rendre le discours digeste et allier le beau au bon.»
«La création artistique demande de l’originalité et de la personnalité»
Selon le parolier, les auteurs eux-mêmes ne peuvent pas juger leur œuvre, mais ils se contentent simplement de parler et d’écrire. «Derrière une œuvre finie et soumise à l’appréciation, il y a l’inspiration, le thème développé, le fond, la forme, le style et la personnalité de l’auteur, le moment opportun pour la création, le choix du support et la préoccupation d’ordre esthétique ou même commercial. Bref, c’est toute une science», a-t-il argumenté. Birame N’deck Ndiaye a aussi évoqué la liberté de l’artiste et les contraintes sociales. «Dans tout ce qu’on fait, il faut prendre aussi en considération son environnement. On est dans un pays où la religion est très importante. Il y a aussi les contraintes sociales», a-t-il expliqué. Mais il s’agit de la responsabilité et du bon vouloir de l’artiste, car sa mission, son rôle dans la société, c’est d’être conscient. Et le reste, c’est une question de culture générale et de formation. Initiée par le Goethe institut et modérée par le journaliste culturel Alioune Diop, cette formation réunit une vingtaine de journalistes. Pour cette deuxième session, les participants ont eu à bénéficier d’un cours sur l’industrie musicale. La prochaine session du salon «Ndadje» est prévue dans un mois. L’atelier sera cette fois-ci consacré à «L’état de la diffusion musicale : le cas des festivals en Afrique de l’Ouest».