Avis – Colonel Mamadou Adje sur la gestion des catastrophes : «Notre pays ne tire jamais les conséquences après les catastrophes»

Expert en gestion de situations d’urgence, Cl Mamadou Adje analyse la gestion actuelle du Covid-19. Pour lui, «il n’y a pas de riposte communautaire, il y a une réponse communautaire».Par Justin GOMIS
– Le Sénégal a souvent un problème dans la gestion des catastrophes. Sans ambages, colonel Mamadou Adje, qui prenait part ce samedi à la cérémonie de dédicace du livre du Dr Jean-Marc Oulai, intitulé Les relations de coopération économique entre les Etats-Unis et la Côte d’Ivoire de 2012 à 2017 : Implication pour le développement de la Côte d’Ivoire, estime que «nous avons un problème de gestion des catastrophes». Colonel Adje, officier à la retraite, expert en gestion de situations d’urgence, explique : «Notre pays ne tire jamais les conséquences après les catastrophes.» Il cite les exemples du bateau le Joola, de Bettenty et de la Sonacos qui ont été des drames, mais le pays n’a pas su capitaliser pour prévenir les autres. «Ce qui se fait au Sénégal est grave. On finit quelque chose, on range les cahiers. On ne tire jamais les leçons et les conséquences de ce qui se passe», se désole-t-il. Alors que le pays dispose d’un modèle de gestion des catastrophes. «Il se pose un réel problème sur la définition des concepts. Nous avons une approche sectorielle alors qu’il nous faut avoir une approche holistique. Aujourd’hui, tout le monde est dans la riposte du Covid-19. J’ai entendu parler de riposte communautaire. Il n’y a pas de riposte communautaire, il y a une réponse communautaire. Il y a une riposte sectorielle. Il n’y a pas une réponse sectorielle pour mener son combat contre la catastrophe», précise le colonel. Selon lui, «la phase des options, celle stratégique et celle opérationnelle sont dépassées». «Nous sommes présentement dans la phase tactique, la gestion de la crise sanitaire du coronavirus. L’appel à la résistance contre la pandémie du Covid-19 se fait par l’engagement communautaire et citoyen de chacun», explique le colonel. D’ailleurs au début de la crise, certains n’auraient pas supporté qu’il ait soutenu que «le centre de gravité de la lutte contre le Covid-19 n’est pas le ministère de la Santé, mais l’engagement communautaire». Le temps l’a conforté dans ses croyances. Il dit : «On le voit aujourd’hui. Les gens ne savent pas ce qu’a dit le centre de gravité. Ce n’est pas le point le plus puissant. C’est le dernier point à partir duquel on continue à combattre. On va vers l’approche communautaire pour combattre. Il y a aujourd’hui une confusion totale entre ce que l’on appelle le plan de contingence et le master-plan. Le plan du ministère de la Santé contre la pandémie est un plan de contingence. Contre la pandémie, tous les plans sont des plans de contingence parce qu’ils s’occupent des conséquences. Le seul master-plan, c’est le vaccin. Il s’occupe de l’élément du vecteur. Le plan de contingence s’occupe de la cause et le master-plan de la conséquence. Le plan contingence est mis en place en vue de sauver des vies humaines, retarder l’échéance en attendant d’avoir la solution. Mais on confond la contingence, la riposte et la réponse», explique-t-il Que faut-il faire ? «Du point de vue de la gestion des catastrophes, la riposte est sectorielle, la réponse est multisectorielle, multi-sociale. En d’autres termes, c’est une approche holistique», dit-il.
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