Parmi les «espions» de Aliou Cissé à la Can au Cameroun, Bassouaré Diaby connaît bien le jeu des Egyptiens. L’ancien sélectionneur des Lionnes du foot revient sur le match retour contre l’Egypte, à l’issue duquel les coéquipiers de Sadio Mané ont décroché leur qualification pour le Mondial Qatar 2022.Au lendemain de la qualification des Lions à la Coupe du monde face à l’Egypte, quelle analyse faites-vous du match retour 

?
Je crois qu’avant de parler d’analyse tactique, il faut plutôt faire une analyse au niveau psychologique. Il fallait vraiment avoir les reins solides sur le plan psychologique pour pouvoir passer le cap de l’Egypte. On ne peut pas parler de ce match sans pour autant parler du contexte. On vient de gagner une Can. On avait déjà hissé haut le nom du Sénégal et il ne fallait pas redescendre. C’était déjà une avance psychologique pour nous. Ensuite, on joue le match retour chez nous dans un nouveau stade. Tout ce poids avec l’attente du Peuple, il y avait forcément une émotion forte. Donc, il fallait que le staff technique, aussi bien dans ses choix que dans ses orientations, soit au top. Ensuite, au niveau des joueurs, psychologiquement ils devaient être très forts. Ce qu’ils ont montré dès la première période avec l’impact qu’ils ont mis sur le jeu. Et comme l’a dit l’entraîneur, ils se sont comportés comme des guerriers sur le terrain.
Il faut aussi comprendre que toutes les analyses qui ont été faites sur l’Egypte ont montré qu’ils ont un Adn qu’ils ne peuvent pas changer. A savoir qu’ils jouent de la même façon. Un jeu où ils sont redoutables mais ils n’ont pas dans leur escarcelle beaucoup d’options.

Comment expliquer le changement de système et des hommes lors du match retour ?
D’abord, pour ce qui a changé, il faut dire que le contexte est important. Après, on a fait plusieurs options, au niveau de l’effectif. Il y a Sabaly (Yous­souf) qui est venu. Ensuite Bouna Sarr est monté comme excentré, dans une position qu’il maîtrise.
Maintenant, dans les choix, est-ce qu’il fallait mettre Diédhiou (Famara) ou Boulaye (Dia). La différence entre les deux, c’est que Diédhiou fait beaucoup de fixation, alors que Boulaye a l’avantage d’attaquer l’espace. En clair, il est beaucoup plus mobile que Famara. A ce niveau, cela a fait la différence au moment du choix.
L’autre problème, c’était le positionnement dans l’axe de Sadio Mané. En première période, il a beaucoup décroché et à chaque qu’il est venu au milieu, il a été dangereux. Cela nous a beaucoup aidés, même s’il n’a pas été très rayonnant comme il avait l’habitude de l’être. Mais il a aidé vraiment dans le collectif pour pouvoir influer sur le jeu. Il y a aussi Ismaïla (Sarr) qui a fait un match correct à gauche.
On avait plusieurs options dans le jeu. Ce qui est une bonne chose car on va connaître des adversaires différents. Ensuite, ce qui a été déterminant dans le match, ce sont les changements. Déjà sur le jeu aérien il y a Kouyaté (Chei­khou) qui a été bon et on en avait besoin. Les Egyptiens sont très redoutables à ce niveau-là. Sur le plan offensif, Pape Guèye a aussi beaucoup apporté à l’équipe quand il est entré. Quand il est venu, on a senti que la liaison entre le milieu et l’attaque a été beaucoup plus fluide.

Dans quel secteur faudrait-il apporter des correctifs ?
Je crois que ce sera plutôt des orientations sur le plan offensif. On a vu quand même une équipe du Sénégal très solide. Même si on dit que les Egyptiens sont très bons défensivement, le Sénégal est aussi une équipe solide derrière. C’est une équipe qui ne prend pas beaucoup de buts. Je crois que s’il y a un secteur où on doit faire beaucoup d’amélioration, c’est notamment au niveau offensif. Au début de la Can, on avait nos deux excentrés qui étaient blessés, l’autre revient à 80% à savoir Ismaïla (Sarr). D’ici la Coupe du monde, il y aura d’autres options. Je pense à Krépin (Diatta) de l’As Mo-naco.

Vous avez été parmi les «espions» lors de la Can et pour cette double confrontation contre l’Egypte. On peut dire mission accomplie ?
D’abord, c’est une occasion de remercier le coach et la Fédération pour la confiance qu’ils ont portée aux superviseurs. Pour moi, la supervision n’est pas l’élément le plus important, c’est juste une manière d’aider l’entraîneur à prendre les meilleures décisions. Aucun superviseur ne prend une décision, mais ce qui est important c’est d’avoir confiance aux gens et de partager. Si on a un staff qui a une écoute attentive, ça règle beaucoup de problèmes. Et c’est ce qui se fait actuellement.

Est-ce à dire que le travail va continuer avec le staff technique national ?
Ah oui ! La Can est passée, maintenant c’est la Coupe du monde qui a déjà commencé. Après on va faire le tirage (aujourd’hui) et on connaitra nos adversaires. Donc, il faut remercier tout le monde, le ministère, la Fédération, la Direction technique nationale et l’entraîneur pour avoir fait participer d’autres personnes, d’autres compétences dans le domaine de l’encadrement de l’Equipe nationale. C’est un honneur pour nous et une mission très importante.

On parle beaucoup de joueurs dont des binationaux qui frappent à la porte de la Tanière…
Tout cela, c’est dans les prérogatives de l’entraîneur. Mais je le répète, s’il y a des points sur lesquels on devrait insister, c’est sur le plan offensif. Notamment une très bonne liaison entre le milieu de terrain et notre attaque. C’est un chantier et ça va beaucoup améliorer l’équipe si on arrive à régler un certain nombre de choses. Presque tous nos matchs, on les domine. Parfois on manque de se créer des occasions ou quand on s’en crée, on ne les met pas. Cela aurait été dommage que l’Egypte nous élimine alors qu’ils n’ont pas fait le jeu.