La salle Alpha Waly Diallo de la Maison de la culture Douta Seck a abrité la deuxième session du Salon journalistique «Ndadje» aujourd’hui. Babylas Ndiaye, directeur artistique du festival «Xeman Jong Fadiouth», a présenté une communication sur le thème : «L’état de la diffusion musicale – le cas des festivals en Afrique de l’Ouest.»Par Ousmane SOW –
En matière de festival, le Sénégal a un très faible modèle de diffusion artistique. C’est ce que constate le directeur artistique du festival Xeman Jong Fadiouth et par ailleurs coordonnateur artistique du projet Deedo. Babylas Ndiaye, qui animait la deuxième session du Salon journalistique Ndadje, estime qu’il faut sortir du communautarisme dans le secteur de la musique. «Aujourd’hui, la musique ce n’est pas une musique communautaire. Il faut qu’on sorte de ce code-là. Salif Keïta, ce n’est pas parce qu’il chante en bambara que les gens l’écoute, mais c’est parce qu’il fait de la musique originale et Oumou Sangaré pareille. Il faut qu’on s’ouvre sinon, on va rester toujours à jouer pour nos compatriotes», a-t-il fait savoir. Poursuivant sa communication, il a souligné que même si le Sénégal ne dispose pas de grandes dates pour les festivals en dehors du Festival mondial des arts nègres, n’empêche, beaucoup d’artistes viennent au Sénégal pour jouer des concerts. Une chose incompréhensible à ses yeux. «Il n’y a aucune logique de faire venir des grands noms et les payer 120 mille euros, pour s’amuser, faire du spectacle playback. Il n’y a que le Sénégal qui le fait. Ceux qui le font peut-être, c’est pour avoir le succès. Mais c’est incompréhensible», dit-il. Et de poursuivre : «Eduquons nos publics avec du bon et pas de la facilité. C’est très facile de faire venir des gens pour faire du playback. Donnons au public de l’originalité et éduquons-le, cherchons à donner au public de la qualité», a-t-il suggéré. Régisseur général du Circuit Manding qui rassemble le Massa d’Abidjan, les Nuits Atypiques de Koudougou, le Djguele festival de Boundial et le Festival sur le fleuve Niger de Ségou, Babylas Ndiaye a fait savoir qu’on ne peut pas tout attendre de l’Etat pour développer notre diffusion artistique. «L’Etat peut, l’Etat doit mais s’il ne le fait pas, cherchons d’autres moyens», a-t-il lancé. «Nous devons faire une révolution pour pouvoir avancer. Il faut arrêter de nous rabaisser, arrêter la facilité, la gratuité. Il nous faut une ouverture aux autres en investissant sur les ressources humaines.»
Près de 25 journalistes ont bénéficié de ce cours sur l’état de la diffusion musicale en Afrique de l’Ouest, sur les structures et infrastructures existantes pour mettre en place une bonne diffusion de la musique sur le plan médiatique, sur le plan scénique et sur le plan commercial. Pour Babylas Ndiaye, «il faut aussi investir dans les ressources humaines, sur la ferraille (son et lumière) parce que c’est une économie», a-t-il expliqué. D’ailleurs, citant la Côte d’ivoire, Babylas Ndiaye de dire que ce pays «a subi deux guerres entre temps, et le Sénégal zéro guerre et on est toujours loin».
Pour rappel, cette session de formation initiée par Goethe Institute, est coordonnée par le journaliste culturel, Alioune Diop. La prochaine session du salon Ndadje est prévue le 28 octobre, au Centre culturel Blaise Senghor sur le thème : «Le message du reggae face aux défis actuels de la jeunesse africaine.»
Stagiaire