Avis – Polémique autour de la Dpg et fonds politiques : La grosse colère de TAS
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Thierno Alassane Sall (TAS) a rebondi sur la polémique autour de la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre, Ousmane Sonko. Le député non-inscrit décèle des difficultés dans l’approche relative à la mise en œuvre de celle-ci. Le président du parti La République des valeurs milite, par ailleurs, pour la suppression des fonds politiques. Par Amadou MBODJI –
Thierno Alassane Sall (TAS) ne lâche pas d’une semelle le tandem Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko. Continuant de surfer sur la vague de la non déclaration de politique générale du Premier ministre, Ousmane Sonko, à l’Assemblée nationale et la sortie du chef de l’Etat, le leader du parti La République des valeurs invite le président du parti Pastef à «un peu de courtoisie et de retenue».
«Le Premier ministre dit que les députés ne sont pas compétents. La Constitution ne dit pas que le critère, c’est un savoir académique ou de compétence technique. C’est un critère de légitimité démocratique, parce que les députés sont les représentants du Peuple. Pourquoi quelqu’un, qui n’est pas élu, se permet de tutoyer l’Assemblée nationale de cette façon, tout en exigeant que les autres lui doivent du respect ? C’est quand même assez grave. Le plus grave, c’est que le président de la République a, apparemment, des problèmes pour donner injonction à son Premier ministre de faire sa Dpg. D’abord, de parler correctement aux gens», a déclaré Thierno Alassane Sall, qui était l’invité du «Jury du dimanche» (Jdd) sur I-Radio.
Les prises de décision des deux autorités de l’Exécutif ne sont pas cautionnées par le leader du parti La République des valeurs, qui s’en offusque. «Les rapports que l’on voit, c’est comme si c’étaient des rapports inversés : le Premier ministre qui serait véritablement l’autorité centrale et le président de la République, l’autorité subordonnée. Voyez-vous quand il dit : «d’ici 5 ans, je vais faire en sorte qu’il soit élu», ça me fait penser à cette fameuse maxime, qui dit que les hommes d’Etat pensent aux générations futures. Par contre, les hommes politiques pensent à la prochaine élection. C’est d’ailleurs ce qui explique le choix de beaucoup de directeurs généraux, que c’est fait en fonction d’orientions politiques», embraie le député non-inscrit.
«Les fonds politiques sont source de corruption»
Thierno Alassane Sall est revenu sur la question des fonds politiques alloués au président de la République. Il a manifesté son incompréhension par rapport au maintien de ces ressources. «Ces fonds sont source de corruption», soutient TAS.
«Il y a, d’abord, un dysfonctionnement de l’administration des finances. Si le Président sortant a pu exécuter une partie substantielle d’un budget, en moins de deux ou trois mois, c’était prévisible, parce que les fonds politiques, justement, sont entièrement et intégralement mis à la discrétion du président de la République. Il peut en faire ce qu’il veut», soutient l’invité de l’émission «Jury du dimanche». «Il faut expliquer à quoi servent ces fonds politiques. Ces fonds politiques, généralement, servent à acheter les politiques de l’opposition, à intéresser son camp à coups d’enveloppes, la veille de Tabaski, de Korité et d’autres fêtes pour des tas de raisons (…). Et c’est dangereux pour le pays», pense l’ancien candidat à la dernière élection présidentielle.
«Réformer ces fonds, ce n’est pas mettre des gens pour en contrôler le fonctionnement. C’est supprimer ces fonds. Ces fonds, c’est pour corrompre. Tout le monde sait que cet argent sert à donner à qui il veut», explique M. Sall.
«L’Etat du Sénégal est organisé de manière à ce qu’il y ait des fonds destinés à acheter des espions, à faire des opérations spéciales. C’est logé dans les instances ou les institutions ou organisations qui gèrent ça. On a un directeur du Renseignement, qui utilise des espions ici et partout. Il les paie lui-même (…)», a indiqué le député non-inscrit.
«Ce que l’on attend, ce n’est pas que l’actuel régime utilise les mêmes explications des anciens régimes pour continuer de justifier l’existence des fonds politiques. Le président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, le président du Conseil économique, social et environnemental, le président du Haut conseil des collectivités territoriales ont tous des fonds politiques. Voilà les régimes qui s’installent, disposent de ressources conséquentes pour s’enrichir et enrichir leurs proches. Et pour faire de la politique comme ils veulent», a insisté l’ancien ministre de l’Energie. Une manière, pour lui, de dire qu’il n’est pas convaincu par l’argument des «fonds secrets» avancé pour désigner ces fonds.
ambodji@lequotidien.sn