Au moment où certaines femmes consultent des médecins ou des marabouts pour connaitre la joie d’enfanter d’autres suppriment leur grossesse pour ne pas être la risée de leur famille. C’est le cas de la jeune dame Dieynaba Thiam. Agée de 21 ans, cette femme dont le mari vit en Côte d’Ivoire, est tombée enceinte des œuvres de son petit ami. Mais, pour ne pas déshonorer son mari, elle a décidé avec la complicité de Hameth Konaté de mettre un terme à cette grossesse de 6 mois. Ils sont ainsi poursuivis respectivement pour avortement clandestin et exercice illégal de profession tandis que leurs coprévenus Mariame Wane et Mariétou Ngom, comparaissaient pour complicité de ces chefs. Les faits remontent au 19 janvier. Constatant son état de santé préoccupant, la tante de Dieynaba Thiam a insisté pour qu’elle fasse une consultation. Les deux dames se sont ainsi rendues au centre de santé de Keur Massar. Une fois sur les lieux, après consultation, la jeune dame sera rapidement évacuée à l’hôpital Principal pour suspicion d’avortement. L’examen du médecin a révélé «une grossesse évolutive de 6 mois avec écoulement liquidien et la présence d’un corps étranger (une seringue d’insuline) dans les parties génitales de la jeune fille. Et malgré les manœuvres effectuées à l’intérieur de ses parties intimes, Dieynaba Thiam a mis au monde un enfant de sexe masculin, le 20 janvier dernier, à 22 heures qui sera admis à la crèche de l’hôpital. Mais malheureusement, il est décédé après 5h 10 mn de vie. La section de recherche est ainsi saisie pour procéder à des enquêtes.
«Je n’aime pas mon mari»
A la barre, Dieynaba Thiam dit avoir été mise en rapport avec Konaté, infirmier, par son amie Mairame Wane par l’intermédiaire de Mariétou Ngom. «Elle m’a indiquée le domicile de Konaté sis à Castors près de la Cité des Eaux. Lorsque je suis arrivée, je lui ai exprimé mon désir de me faire avorter. Ce qu’il a accepté moyennant la somme de 50 000 FCFA. Nous sommes finalement tombés d’accord pour 25 000 FCFA après un marchandage. Dans un premier temps, je lui ai remis les 5000 francs que j’avais par devers moi. Ce n’est que le lendemain que j’ai pu lui envoyer le reliquat», relate cette couturière de profession. Elle poursuit : «Après avoir introduit un objet dans mon sexe, il m’a dit que les premiers signes de l’avortement apparaîtront quelques jours plus tard par la perte des eaux. Mais, je n’ai pas vu de résultat. Rien n’a changé et finalement, j’ai accouché d’un bébé prématuré qui pesait 900 g». La cause de cette naissance prématurée est liée au «déficit de liquide amniotique». Pour justifier son acte, elle révèle qu’elle n’a jamais été amoureuse de son mari. «Je n’aime pas mon mari. Il se trouve actuellement en Côte d’Ivoire. Mes parents m’ont forcée à me marier avec lui. Même s’il m’envoie de l’argent, cela ne me parvenait pas. Après notre mariage, je couchais rarement avec lui. Il ne m’appelle pas au téléphone. Je lui ai demandé le divorce mais il a refusé de me libérer. Depuis, j’ai quitté le domicile conjugal pour aller vivre chez ma tante à Malika dans la banlieue dakaroise». Avant d’éclairer : «Les membres de ma famille savaient que j’étais enceinte à l’exception de mon père parce que je craignais qu’il se fâche. Mais personne n’était au courant de mon intention de me faire consulter par un particulier. J’avais peur d’aller à l’hôpital. Mon copain Zakaria Sy savait que j’étais mariée. Lui non plus, je ne lui ai rien dit parce qu’il ne voulait pas de l’avortement.»
Le Parquet est formel. Selon lui, l’infirmier à la retraite, Hameth Konaté a posé un acte dont il n’avait pas la qualité. Il n’est pas un gynécologue pour «consulter» Dieynaba Thiam. Mais son objectif était de mettre un terme à cette grossesse se désole-t-il. Avant de requérir 1 an de prison ferme à l’encontre de Dieynaba Thiam et Hameth Konaté et 6 mois contre Mairame Wane et Mariétou Ngom. L’affaire sera vidée le 2 février.
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