«C’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source…»
Cette citation que j’emprunte sans hésiter au socialiste français, Jean Jaurès, pourrait définir mille et une trajectoires de femmes et d’hommes du Sénégal, d’Afrique et d’ailleurs, s’ils devaient parler de Baba Diao.

Ce brillant ingénieur, diplômé de Centrale et titulaire de plusieurs diplômes, y compris d’un diplôme de l’Institut français du pétrole, a été un bâtisseur, je serais même tenté d’écrire un «bâtisseur de pyramides»…

Une pyramide n’a pas d’âge, car elle est construite pour l’éternité…
Baba Diao a bâti plusieurs industries dans son pays, le Sénégal.

L’histoire du pétrole au Sénégal, mais aussi l’histoire de l’industrie agro-alimentaire et de l’élevage, a été écrite au début des années 70, par un homme qui est né à Thiès, fils de cheminot, attaché au rail de sa ville natale et qui aime par-dessus tout, Thiès, sa ville natale, le Sénégal et l’Afrique.

Il a dirigé un des plus grands projets de l’industrie pétrolière du Sénégal, avant les découvertes de gaz et de pétrole, le projet de la raffinerie géante de Kayar, d’une capacité de 5 millions de tonnes par an.

La révolution iranienne de 1978 a empêché l’aboutissement de ce beau projet, fruit de la coopération sénégalo-iranienne.

Les vétérinaires du ranch de Dolly (région de Louga) connaissent Baba Diao : il leur a donné les moyens financiers et techniques de réaliser des recherches importantes en matière de «croisement des races animales» et ils ont accompli des «exploits scientifiques et techniques rares» dans le ranch de Dolly, au bénéfice des éleveurs sénégalais et africains.

Baba Diao a parcouru le Sénégal, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique chaque fois que l’avenir industriel du Sénégal était en jeu.

Il a été un véritable capitaine d’industrie et parce qu’il savait jeter les bases de toute industrie naissante, il s’est toujours opposé, presque farouchement, à la fermeture des entreprises industrielles sur le territoire sénégalais.

Cet homme-là a droit au respect le plus grand de ses concitoyennes et concitoyens, il a droit au respect le plus grand des Africaines et Africains.
Les Européens et les Américains le connaissent, le respectent et l’admirent.
Le Président Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal, qui se trompait rarement dans ses intuitions, avait reconnu en lui, un «génie» et avait demandé, à l’issue d’une cérémonie de remise des prix, qu’une bourse d’études supérieures lui soit octroyée, une «bourse d’excellence» car l’élève Abdoulaye Diao était au-dessus du lot.

Il a suivi à Paris, les cours des Classes préparatoires d’entrée aux grandes écoles, dans le célèbre lycée Louis-le-Grand, et il a intégré l’école centrale.

Peu de Sénégalais savent que Baba Diao, féru de mathématiques et de physiques, continue, tard le soir, aujourd’hui encore et à son âge, à résoudre des équations avant de confier ses rêves à la nuit…

Baba Diao a su dénouer, avec une rare expertise, des crises énergétiques majeures au Sénégal et en Afrique : la dette contractée ne s’éteindra jamais, car les nations ont une mémoire…

Son parcours de capitaine d’industrie est devenu un modèle du genre, qui devrait inspirer les jeunes générations.

La presse sénégalaise, africaine et internationale ne saurait chercher à obscurcir le tableau, car Baba Diao a été «un maître de la craie blanche et du tableau noir»…
Un maître des intégrales, de toute nature et des équations différentielles et nul n’osait rivaliser avec lui dans ce domaine de la science.

Laissons cet homme continuer à vivre et à rêver de grands desseins industriels et agricoles pour son pays, le Sénégal, et pour l’Afrique.

Baba Diao, ingénieur centralien de formation, fils de cheminot, poursuivra son chemin, sous la bénédiction de Rougui, sa mère disparue il y a quelques années (paix à son âme).

Nous lui souhaitons longue vie…
«Salve Magister…»
Jean-Michel SECK
INHC/IEC-74