Les enjeux des prochaines élections locales laissent peu de chance aux listes indépendantes qui seront confrontées aux grandes coalitions. Pour Babacar Fall du Gradec, ces élections sont une primaire pour la Présidentielle de 2024.Par Ousmane SOW –
Il y aura sans doute plusieurs coalitions qui vont concourir aux suffrages des Sénégalais le 23 janvier 2022. Et surtout avec le montant élevé de la caution, les listes citoyennes auront moins de chance. C’est que pour Babacar Fall, membre du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec), «les enjeux de ces élections dépassent même le cadre local alors qu’elles sont des élections de proximité». Lors d’un webinaire de la plateforme de la société civile Jammi rewmi la semaine dernière, l’expert électoral a indiqué que ces Locales constituent «une sorte de primaire pour l’élection présidentielle de 2024». Ce qui explique, selon lui, cette «cristallisation autour des grandes coalitions qui tuent des ambitions citoyennes». Il dit : «Aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes qui avaient des ambitions pour leur localité. C’était une occasion pour elles de promouvoir les candidatures citoyennes, indépendantes et féminines. Mais les enjeux autour de ces élections font que les gens sont en train de se regrouper. Et ça va être une bataille des coalitions pour le contrôle du pouvoir avec en perspective les élections législatives de 2022 et la Présidentielle de 2024.»
«Nous devrions avoir une posture de veille et d’alerte»
L’autre enjeu de ces Territoriales, c’est la transparence. Sous ce rapport, Babacar Fall estime que la société civile doit être «très vigilante» pour prévenir les tensions alors que la situation est «très tendue». Il en veut pour preuve les difficultés de certains citoyens pour s’inscrire sur les listes électorales, notamment les primo-votants. Pour lui, le dialogue politique aurait dû régler certains problèmes. Et précisément la société civile a manqué de vigilance. «Nous devrions avoir une posture de veille et d’alerte pour prévenir ces dysfonctionnements, les dénoncer et apporter des solutions», estime M. Fall. «La solution aurait été de repenser notre système électoral dans le sens de basculer automatiquement tous les jeunes dans le fichier électoral. Et cela nécessite une réforme profonde pour qu’on revienne à l’ancien système avec la séparation de la carte d’électeur avec celle d’identité», a-t-il lancé. Parlant du dialogue politique, Ndiaga Sylla, un autre expert électoral, a relevé que le dialogue dans le contexte sénégalais est marqué par «la méfiance et des suspicions entre acteurs». Cependant, le président du Dialogue citoyen pour la consolidation de la démocratie et la paix a souligné quelques résultats du dialogue politique qui ont permis le renouvellement du mode de scrutin avec l’élection du maire au suffrage universel direct ou encore la facilitation du mode de vote des personnes vivant avec un handicap. Les délais étant «trop serrés», Ndiaga Sylla plaide pour «une solution technique à défaut d’autoriser l’inscription sur présentation du récépissé de demande de Cni», indique M. Fall.
Stagiaire