Bachir et Moustapha Diakhaté libres : La fin d’une «prise d’otages»

Après plusieurs renvois, le verdict des procès de Moustapha Diakhaté et de Bachir Fofana ont été prononcés hier. S’ils ont été condamnés respectivement à deux mois de prison dont 15 jours ferme pour «offense au chef de l’Etat», et deux mois avec sursis pour «diffusion de fausses nouvelles», leurs avocats dénoncent une prise d’otage et une détention illégale. Par Justin GOMIS –
C’est la délivrance. Après plusieurs renvois, l’homme politique Moustapha Diakhaté et le journaliste Bachir Fofana sont rentrés libres chez eux. Le premier a été condamné à deux mois de prison dont 15 jours ferme pour «offense au chef de l’Etat». Alors que le second a écopé de deux mois avec sursis pour «diffusion de fausses nouvelles».
Me El Hadji Diouf salue la fin d’une «prise d’otage». «Nos clients Bachir Fofana et Moustapha Diakhaté ont été jugés sans verdict. Très longtemps, ils sont restés embastillés de façon illégale pour cause de grève. La grève n’exclut pas de donner le verdict. Moustapha Diakhaté et Bachir Fofana étaient des victimes d’une prise d’otage. Parce qu’au moment où on refusait de vider leur délibéré, le tribunal donnait des verdicts. Il y a eu discrimination. Nous dénonçons avec la dernière énergie cette façon de faire, cette prise d’otage d’hommes politiques et de chroniqueurs. C’est inacceptable. Ça viole les droits de l’Homme. Ce verdict a tardé à tomber, et c’est ce que nous déplorons aujourd’hui», regrette Me El Hadji Diouf.
Malgré le verdict, il annonce qu’il va interjeter appel. Selon lui, il n’y a pas «d’offense au chef de l’Etat». «Il faut qu’on arrête d’arrêter des gens pour délit d’offense. Et je lance un appel au Parquet d’arrêter cette façon de faire. Ce n’est plus possible. Nous allons faire appel dans quinze jours, parce qu’il n’y a pas d’offense», assure Me El Hadji Diouf.
En écho, Me Aboubacry Barro regrette une détention illégale. «Cela confirme encore une fois que les détentions étaient inappropriées, illégales, voire arbitraires. Ce qui ne doit pas être normal dans le cadre d’un Etat de Droit», ajoute-t-il. Il poursuit : «Nous en profitons pour féliciter le ministre de la Justice, le procureur de la République, ainsi que le président du Tribunal, qui ont eu à prendre leurs responsabilités devant l’histoire et à avoir un sens élevé de la politique pénale, en faisant en sorte que la réquisition puisse prendre effet. C’est ce qui a fait qu’aujourd’hui, un greffier a siégé. Ils étaient d’ailleurs dix greffiers et beaucoup de délibérés ont été vidés. Et tenez-vous bien, aussi curieux, voire inhabituel que cela puisse paraître, il y a eu plus de trente délibérés qui ont été vidés. Or, il n’y a que dix affaires au rôle qui doivent être jugées.»
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