La densité de la poussière qui dégrade la qualité de l’air risque d’impacter la production agricole. C’est en tout cas la lecture faite de la sortie du Directeur général de l’Institut sénégalais de recherches agricoles, Alioune Fall, au cours de l’atelier de lancement et de planification des études de vulnérabilité et de l’identification d’options d’adaptation aux changements climatiques pour le secteur de l’agriculture dans la zone des Niayes et à Kolda, réalisé dans le cadre de la mise en œuvre des activités du Projet «Sécurité alimentaire: une agriculture adaptée (Saga-Sénégal)». L’ingénieur agronome argumente : «Les changements climatiques sont vécus au quotidien maintenant, et aujourd’hui, on se réveille avec la poussière. Et quand on parle de plante qui a besoin d’un support, c’est le sol, elle grandit et découvre l’atmosphère. Elle grandit donc avec les échanges qu’il y a entre le sol et l’atmosphère. Mais aujourd’hui, il y a de la poussière partout, et à la maison, on dit souvent : ‘’il faut enlever la poussière sur les tables, par exemple’’.» «Mais qui enlève la poussière qui se trouve sur les feuilles des arbres et des plantes ? », s’interroge le patron de l’Isra, qui relève que «si cette poussière n’est pas enlevée, il n’y aura pas suffisamment de communication entre la plante et l’atmosphère, ainsi elle va être rudement pénalisée». Par conséquent, dit-il, «il y aura forcément une baisse de la productivité». Pour dire, selon le scientifique, «la poussière que les gens voient comme ça dans le cadre des changements climatiques va encore impacter la productivité, si on ne développe pas des stratégies de résilience, comme la culture sous serre, pour certaines variétés qui pourraient certainement se comporter mieux dans cet environnement et permettre aux producteurs de continuer à produire aussi, même dans des conditions beaucoup plus difficiles». Même si une telle stratégie de culture sous serre «coûte cher», elle permettra, selon Alioune Fall, «à la plante d’être dans un environnement confiné, de se développer sans être sous une pression phytosanitaire, anthropique ou une pression naturelle comme les changements climatiques». Pour simplement dire, selon l’expert, «cette poussière, il faut bien l’analyser et voir des stratégies à mettre en œuvre pour continuer à avoir des systèmes de production reproductibles qui vont encore aller de l’avant». Surtout quand on sait, dit-il, que les changements climatiques n’attendent pas. «Aujourd’hui, c’est poussière et de quoi demain sera fait ? Autant alors se mettre tout de suite au travail pour pouvoir anticiper sur ce qui va se passer demain.»
D’où la mise en œuvre du projet Saga-Sénégal, en partenariat avec la Fao. Lequel projet, indique le Dg de l’Isra, «va étudier les déterminants de cette vulnérabilité sur des propositions, en ce qui concerne les innovations, les technologies appropriées, pour permettre aux producteurs qui sont dans la zone des Niayes d’y rester et de continuer à produire». Il estime que «le choix de la zone des Niayes, la frange du pays qui s’étend de Pikine au Gandiole pour rejoindre le delta de la vallée du Sénégal, est loin d’être fortuit». En effet, «il s’agit d’une zone de culture à haute valeur ajoutée qu’il est plus qu’important de protéger contre les menaces liées aux changements climatiques…»