«Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples.» Ainsi parlait le Général De Gaulle. Un avis fort sage. Aujourd’hui, quand on regarde la stratégie de Trump pour normaliser les relations entre Israël et ses voisins arabes dans cet Orient compliqué, avec des «idées simples» ou simplement avec du bon sens, on se rend rapidement compte que c’est une politique de l’autruche qui va vers l’impasse. Quand on opte pour une politique de l’autruche en s’enfouissant la tête dans le sable pour ne pas voir la réalité, malheureusement quand on sort la tête du sable et qu’on ouvre les yeux, la réalité est toujours là. Israël comme les pays du Golfe, Bahreïn et les Emirats Arabes Unis, font comme si les millions de Palestiniens étaient une fiction et pouvaient disparaître comme sous l’effet de la lampe des mille et une nuits. Quand ils ouvriront les yeux, les Palestiniens n’auront pas disparu comme par enchantement. Cette politique de l’autruche est très court-termiste, parce qu’elle obéit à des raisons électoralistes et de politique intérieure aussi bien pour Netanyahou que pour Donald Trump. C’est pourquoi la politique crédible des «petits pas», chère à Henri Kissinger, qui avait fait ses preuves, a été remplacée aujourd’hui par celle des grands bonds vers la réélection.
Trump cherche un bilan diplomatique pour sa réélection et fait un clin d’œil à l’électorat juif et chrétien évangéliste de la Bible belt. Bill Clinton, Jimmy Carter, Menahem Begin, Sadate, Rabin, Sadate, cherchaient la paix par la politique des «petits pas». De petits pas dans la bonne direction. De petits pas vers la paix, alors que pour Netanyahou et Trump, cette normalisation n’est qu’un coup politique. Les pays arabes choisis aussi pour perpétrer ce coup politique le savent, mais ces voisins de l’Iran cherchent à avoir une meilleure place sous le parapluie américain. Donc, derrière la complexité de l’Orient se cachent des calculs simples. Du win-win pour tout le monde, sur le dos des Palestiniens.
Dans la culture moyen-orientale, il est communément admis qu’en «matière d’alliance, c’est moi et mon frère contre le voisin, ensuite c’est moi, mon frère et mon voisin contre l’étranger». Si on suit cette logique moyen-orientale, Israël sait très bien qu’il devra avant tout faire la paix avec ses voisins arabes palestiniens avant d’aller faire la paix avec les lointains arabes du Golfe qui, au fond, n’ont aucun problème avec lui à part sur la question palestinienne, qui est la cause du problème. Cette politique de l’autruche consiste à ignorer la cause et traiter les conséquences. Briser le thermomètre n’a jamais fait disparaître la fièvre. D’autres pays arabes suivront probablement Bahreïn et les Emirats arabes Unis, parce que la plupart ont toujours utilisé à tour de rôle la question palestinienne comme un instrument dans leur agenda politique. Si Israël normalisait ses relations avec tous les pays de la Ligue arabe sans faire la paix avec ses voisins, ce serait une paix aussi «fragile que la maison de l’araignée» ou un château de cartes car, comme dit la sagesse arabe, «il faut choisir le voisin avant la maison». Israël n’a pas choisi le voisin avant la maison. Les Palestiniens non plus. C’est l’histoire qui a mis les deux maisons côte à côte. Etant donné que ni les Israéliens, et encore moins les Palestiniens ne peuvent déménager (s’exiler), ils sont obligés de cohabiter, de vivre ensemble. Ils sont obligés de faire la paix, comme musulmans et juifs ont eu à le faire pendant si longtemps. Cette stratégie de Trump est un déni de la réalité. Un vrai mirage dans le désert de Judée. Les accords d’Oslo étaient de petits pas vers la paix parce qu’ils reposaient avant tout sur la volonté des Israéliens et des Palestiniens de discuter, contrairement au plan Trump qui repose sur une simple volonté de se faire réélire.