Pour une intégration économique africaine, Dr Rama Krishna Sithanen, président de l’Association des banques centrales africaines (Abca, sigle en anglais), par ailleurs Gouverneur de la Banque centrale de Maurice, appelle à des réformes fortes. Dr Sithanen intervenait à l’ouverture de la réunion du bureau de l’Abca tenue hier au siège de la Bceao. Par Dialigué FAYE –

 Le président de l’Association des banques centrales africaines (Abca, en anglais) exhorte les autorités africaines à réduire les goulots d’étranglement de l’intégration économique. «Les Petites et moyennes entreprises et les Petites et moyennes industries (Pme/Pmi) ne ti­rent pas profit de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) à cause d’une absence de financement. L’Afrique a beaucoup de projets bancables, mais l’absence de financement constitue un frein. Nous devons mettre en place les réformes nécessaires pour attirer les investisseurs et mobiliser les ressources domestiques», a déclaré, hier, Dr Rama Krishna Sitha­nen, par ailleurs Gou­verneur de la Banque centrale de Maurice, à l’ouverture de la réunion du bureau de l’Abca tenue au siège de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).

Laquelle réunion s’inscrit dans le cadre des sessions ordinaires du bureau de l’Abca, qui ont lieu au moins deux fois par an au siège de la Bceao, et au cours des réunions annuelles de l’association habituellement organisées en juillet/août.

A cette occasion, les gouverneurs devraient examiner notamment le projet de statut de l’Institut monétaire africain (Ima), le rapport du groupe de projet sur l’intégration des systèmes de paiement…

A ce propos, considère le président de l’Abca, «l’intégration de nos systèmes de financement sera essentielle. Nous devons moderniser les systèmes de paiement pour que les paiements soient plus rapides, plus efficaces, crédibles et abordables».

Le programme de coopération et la mise en place de la Banque centrale africaine (Bca) figurent également à l’ordre du jour de la réunion du bureau de l’Abca. Deux projets essentiels pour les gouverneurs africains.

A cet égard, souligne Dr Patrick Ndzana Olomo, représentant la Commission de l’Union africaine à cette réunion, des «réalisations importantes sont notées dans le projet de mise en place de la Banque centrale africaine». Le directeur par intérim du Développement économique, de l’intégration et du commerce de préciser que «l’approbation des statuts de l’Institut monétaire africain est une avancée essentielle dans l’atteinte de notre intégration monétaire».

La participation habituelle de la Commission de l’Ua à cette rencontre traduit des relations étroites de coopération entre l’Abca et cette institution, en particulier dans le cadre du projet de création de la Banque centrale africaine.
En tant qu’Africains, soutient le patron de l’Abca, «nous devons nous assurer que tout cela sera mené à bon port». Il annonce ainsi «la mise en place d’une institution de crédit régionale le mois prochain, avec le soutien du mécanisme africain de revue par les pairs. Une agence régionale de crédit qui comprend les spécificités de l’Afrique au niveau de la base».

«Nous devons affiner notre système financier, et je suis sûr que la collaboration interafricaine pourrait changer la donne à l’avenir. Les banques centrales sur notre continent ont des expériences dans différents domaines qui pourraient être bénéfiques pour d’autres. Et j’encourage toujours mes pairs à faire des échanges dans le continent avant d’aller à l’extérieur, parce que très souvent les politiques ont été mises à l’essai en Afrique, mais mises en œuvre ailleurs», a martelé Dr Sithanen. Ce dernier a été élu président de l’Abca à l’issue de la 46e réunion ordinaire du Conseil des gouverneurs tenue le 4 septembre 2024 à Port-Louis, à l’île Maurice.

Rappelant le contexte dans lequel se déroule la réunion du bureau de l’Abca, Jean-Claude Kassi Brou, Gouverneur de la Banque centrale hôte de la réunion, par ailleurs président de la sous-région Afrique de l’Ouest, a invoqué des «incertitudes liées à une montée des tensions commerciales et géopolitiques, une vulnérabilité accrue face au choc climatique et une pression croissante sur la soutenabilité de la dette des pays africains».

L’Abca a été créée à la suite d’une décision prise par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de l’unité africaine le 25 mai 1963 à Addis-Abeba, en Ethiopie, en vue de mettre en place un comité économique qui devrait examiner un certain nombre de questions monétaires et financières.
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