Dip Doundou Guiss ou encore Dudu sont devenus des stars des réseaux sociaux. Derrière cette réussite, l’expert en Tic Basile Niang décèle de véritables stratégies marketing basées sur l’utilisation d’outils digitaux. Il l’a exprimé au cours du séminaire sur le «Journalisme musical», organisé par Mickaël Soumah, en collaboration avec le Goethe institute.

Sur la scène musicale sénégalaise, Dip Doundou Guiss s’est hissé au rang des artistes les plus populaires de la place. Selon le blogger et spécialiste en Tic Basile Niane, pour en arriver à ce niveau, le rappeur de Grand Yoff a eu le mérite de miser sur les opportunités offertes par le numérique. Basile Niane qui intervenait hier comme paneliste dans le cadre du séminaire organisé par le musicien et animateur de radio Michaël Soumah, en collaboration avec le Goethe institute, souligne que «le digital est une chance pour les acteurs culturels, surtout les artistes, de pouvoir vivre de leur rente». En effet, selon M. Niane, ces technologies permettent aujourd’hui de monétiser ses contenus et d’avoir une dimension internationale. Il prend l’exemple de Dip Doundou Guiss et du comédien Dudu. «Dip et Dudu sont des références dans le digital parce que ce sont des jeunes qui sont partis de rien, mais qui ont compris qu’avec le digital…». Plus concrètement, il précise que l’artiste rappeur a su s’entourer d’une équipe très intelligente, dotée d’une stratégie. «On lui a appris comment sortir, comment chanter, avoir une présence scénique et surtout comment être présent sur internet. C’est ce qu’on appelle e-réputation. Dip a une e-réputation extraordinaire. Il a un compte Instagram certifié, une page Facebook certifiée, tout est correct et cela prouve qu’aujourd’hui le rap n’est plus dans cet esprit où on venait simplement clascher, c’est aussi du business et un business qui passe par le digital.» Résultat, le chanteur est devenu une star sur les réseaux sociaux et les statistiques de ses différents comptes affolent les compteurs. «L’exemple de Dip suffit pour dire aux jeunes que ce n’est plus du divertissement, mais c’est sérieux avec une équipe derrière pour aller de l’avant. Et les jeunes commencent à le comprendre», explique M. Niane. Cette même trajectoire, le comédien Dudu l’a empruntée. Ses premiers succès sont nés de reprises parodiques de clips de chanteur. Aujourd’hui, la chaîne YouTube de Dudu génère des centaines de milliers de «vu» à chaque nouvelle publication. Les outils digitaux sont à la portée de tous et beaucoup commencent à comprendre le parti qu’ils peuvent en tirer. «Au-delà du rap, il y a des influenceurs, des YouTubeurs qui commencent à le comprendre et à émerger. Ils ont compris qu’avec cet outil, on peut aussi faire ce qu’on aime tout en générant des revenus», souligne Basile Niane.

Journalisme musical
Ce séminaire sur le journalisme musical est une initiative de Michaël Soumah. De mai 2019 à janvier 2020, il invite chaque mois à deux jours consécutifs de discussion sur les sujets importants du journalisme musical. L’objectif étant d’aborder des sujets de haut niveau, de préciser les techniques dans le métier et d’échanger des idées avec des experts nationaux et internationaux afin d’apporter une contribution significative à la compétitivité du paysage musical sénégalais. Pour cette présente session, l’objectif était d’expliquer et de sensibiliser les journalistes sur l’importance du digital. «Le journaliste culturel a l’obligation de produire du contenu qui sera consommé par les internautes. Comment faire pour que le journaliste arrive à connaître les outils nécessaires pour faire son travail et ensuite monétiser son contenu pour lui permettre d’aller au-delà de ce qu’il fait dans sa rédaction et générer de l’argent avec son métier ?» Voilà quelques-unes des questions abordées.
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