A la suite de l’Equipe nationale féminine de basket, les hommes viennent à leur tour d’être éliminés. Cette contre-performance, synonyme d’échec cuisant, nourrit les interprétations selon les camps, pour ne pas dire les clans. Depuis plus de quinze ans, la famille du basket sénégalais est divisée, chacun rejetant la responsabilité sur l’autre. Les uns, pour défendre l’équipe fédérale, accusent l’entraîneur et ses choix tactiques. Les autres, pour protéger l’entraîneur, enfoncent la Fédération et son style de management. Certains, au nom des enjeux politiques du sport, pointent l’Etat du Sénégal. Les puristes, quant à eux, mettent en avant l’absence de politique de formation et plan de développement stratégique.

Pourtant, à mon humble avis, ni l’entraîneur, ni l’équipe fédérale, ni l’Etat du Sénégal ne peuvent être tenus pour seuls responsables. La vérité est que la responsabilité de l’échec des campagnes, et plus largement de la stagnation, voire de la régression de notre basket, est collective. Toutes les parties prenantes en portent une part.

La raison profonde de nos contre-performances récurrentes n’est pas seulement technique ou organisationnelle : elle réside dans le climat social vicié au sein de la Fédération sénégalaise de basketball. Or, l’expérience internationale l’a prouvé : un environnement apaisé, respectueux et solidaire est un facteur déterminant de performance.

Quand les contradictions internes d’une famille sportive finissent au Tribunal, c’est le summum de la déchéance des valeurs positives du sport. Quand l’affrontement entre dirigeants actuels et anciens devient permanent, c’est l’installation d’une crise durable. Quand les anciennes gloires, fortes de leur légitimité historique, n’arrivent plus à s’accorder sur l’essentiel et exposent leurs désaccords jusque sur la scène internationale, c’est la désolation totale. Et dans un tel climat, aucune équipe, aussi talentueuse soit-elle, ne peut performer durablement.

C’est pourquoi, avant la mise en place de plans stratégiques, d’actions techniques ou de programmes de développement, la priorité absolue est la réconciliation et l’entente autour de l’essentiel. Sans cette opération de recherche de la paix, toute ambition de reconquérir des titres relèverait de l’utopie.

Les premiers pas vers la paix incombent naturellement à l’équipe dirigeante actuelle, élue pour diriger et donc responsable devant la Nation. Mais la responsabilité est partagée : les anciens dirigeants, les techniciens, les joueuses et joueurs, les clubs, les arbitres, les supporters, tous doivent répondre à l’appel, sans conditions préalables, avec un esprit positif et un préjugé favorable quant à l’issue du dialogue.

Le Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss) et le ministère des Sports doivent, quant à eux, garantir un cadre neutre et respectueux pour ces rencontres, et veiller à l’application stricte des textes qui régissent notre sport. A toutes et à tous, il revient de s’armer des valeurs olympiques de respect, d’excellence et d’amitié, et de placer l’intérêt supérieur du basket sénégalais au-dessus des intérêts individuels ou de clan.

Voilà ma conviction. Voilà, à mon avis, les véritables fondements d’une reconquête des titres. Voilà la voie de la renaissance de notre basket.
Vive le Sénégal !
Vive le Sport !
Vive le basketball !
Souleymane Boun Daouda DIOP
Consultant en Gouvernance Sportive
Directeur Général du Cabinet Conseil
Serise-Sarl