Une saison qui tire en longueur, c’est devenu le sport favori de la Fédération sénégalaise de basket. Avec comme conséquences : des salaires impayés et des présidents de club qui jettent l’éponge.Par Woury DIALLO – 

La gestion d’un club sportif au Sénégal reste toujours un véritable casse-tête pour les dirigeants. D’ailleurs, le mal est quasi unanime dans toutes les disciplines. Au basket comme au football, en passant par le handball ou le volleyball, le mal devient de plus en plus profond au point de pousser certains à jeter l’éponge en pleine saison.
La démission du président du Dakar université club (Duc), El Hadji Mapathé Touré, qui a récemment quitté son club de cœur, faute de pouvoir supporter les nombreuses charges, en dit long. Et comme à chaque fois, l’une des raisons est à chercher dans le domaine fi­nan­cier.
Après des mois de salaires impayés, dus aux joueurs, ce dernier a finalement jeté l’éponge. Et cela, à seulement quelques mois de la fin d’une saison qui ne cesse de tirer en longueur.
Une situation qui ne serait pas seulement propre au club mythique du Duc. Tout dernièrement, les mêmes problèmes de salaires ont secoué certains clubs comme Iseg ou encore Sibac. Au point de pousser les joueurs à crier leur ras-le-bol et déclencher un mouvement de grève. En attendant certainement les prochains sur la liste, car dans certains clubs, à la place du salaire, on parle plutôt d’un simple titre de transport. Une tache sombre sur le tableau de l’une des disciplines les plus titrées au Sénégal et qui aspire à devenir semi-professionnelle, pour ne pas dire professionnelle.
D’où l’importance de prendre un temps mort afin de se pencher sur les failles de ce «système de jeu» mis en place. En effet, il urge de poser le problème et de trouver le schéma tactique idéal.
Si certains semblent être épargnés par cette crise financière, d’autres ont pu trouver la bonne formule pour réguler le mal. Entre une maîtrise du calendrier national, le management ou encore la disponibilité du Stadium Marius Ndiaye, les propositions ne manquent pas.

Maîtriser le calendrier des compétitions nationales
Le premier facteur serait lié à une maîtrise du calendrier des compétitions nationales. «Il faut comprendre que si le championnat tire trop en longueur, il y a des conséquences. Certains clubs ont du mal à payer leurs joueurs. Et c’est surtout valable pour ceux qui ne bénéficient pas d’une subvention. Même ceux qui en bénéficient ont des problèmes, c’est le cas du Duc. Il y a des clubs où la subvention est arrêtée en juillet. Du coup, si le championnat se poursuit jusqu’en août ou septembre, c’est au président du club de trouver des alternatives pour payer les salaires. Quand on a deux équipes, la charge devient trop lourde», souligne un dirigeant de club, sous le couvert de l’anonymat.
Une position que certains ne semblent pas partager. «C’est déjà énorme de bénéficier d’une subvention. Il y a des clubs qui n’en ont pas. Donc, pour le reste de la saison, même si le championnat tire en longueur, on doit pouvoir trouver des solutions et payer les salaires pendant deux à trois mois. Surtout que d’autres le font toute la saison», embraie cet autre encadreur.
En guise de solutions, certains présidents de club optent pour le parrainage de leurs joueurs. «Dès le début de la saison, on cherche des parrains pour les joueurs. On trouve des bonnes volontés, cela peut être des anciens joueurs, qui acceptent de payer le salaire du joueur pendant toute la saison», ajoute un de nos interlocuteurs.

Formule du championnat
Pour pallier ces impairs d’une saison qui tire en longueur, ce qui pourrait causer des problèmes de trésorerie au sein des clubs, d’autres estiment qu’il faudra revoir la formule du championnat.
«Il est difficile de jouer dans une poule unique et espérer finir à temps la saison. Par contre, si on avait deux poules, on pourrait aller directement aux Play-offs et avoir une maîtrise du calendrier», propose un des fédéraux, chargé de la programmation des matchs. Et ce dernier d’ajouter : «Il y a aussi le calendrier international. A chaque fois que les joueurs locaux sont sélectionnés, il est difficile de programmer des matchs.»

Disponibilité du stadium
L’autre grosse équation con­cerne la disponibilité du Stadium Marius Ndiaye. Avec le problème de la salle du Dakar Arena, jugée trop coûteuse pour l’organisation des compétitions nationales, l’instance fédérale ne dispose que de Marius Ndiaye. Mais problème : le vieux temple de la balle orange ouvre ses portes aux autres disciplines en man­que d’infrastructures. A l’image des arts martiaux ou encore des événements religieux.
«Quand on doit partager le stadium avec les autres disciplines ou les cérémonies religieuses, cela devient de plus en plus compliqué pour terminer tôt le championnat. A partir de là, il est très difficile d’avoir une maîtrise du calendrier des compétitions nationales», déplore le fédéral.
Autant d’impairs et d’inconvénients pour la famille de la balle orange qui risquent de plomber davantage une discipline appelée à devenir professionnelle. Autrement dit, le chemin est encore long pour réussir un shoot primé.
wdiallo@lequotidien.sn