Le monde sportif sénégalais s’apprête à ouvrir une nouvelle page de son histoire avec l’arrivée de Bassirou Diomaye Faye à la tête du pays, au lendemain de l’élection présidentielle du 24 mars dernier. Elu dès le premier tour avec plus de 54% des voix devant l’ancien Premier ministre, Amadou Ba, celui qui est considéré comme le plus jeune président de la République du Sénégal à l’âge de 44 ans, aura la lourde responsabilité de définir la politique du pays pour les 5 prochaines années. Présenté comme celui de la «rupture» et du changement de système, le projet du Président Diomaye sera très attendu par la famille sportive dont celle du basket. Un projet dans lequel il est bien noté la construction, la gestion et la maintenance des infrastructures sportives, le retour en force du sport à l’école, la construction de lycées d’excellence sport-études, d’une mutuelle pour les sportifs, la reconversion des anciens sportifs, la recherche de financement pour les fédérations, le code du sport, un fonds national de développement du sport, entre autres. En attendant, certains acteurs du basket sénégalais dégagent des pistes de solutions afin de permettre à la balle orange de retrouver des couleurs ou encore la place qu’elle a toujours occupée sur le continent.

Mamadou Guèye «Pabi», coach de l’As Douanes, assistant-coach des Lions
«Dans un premier temps, c’est un projet de construction de stades parce que les nôtres sont quand même vétustes. Il faut permettre à tout un Sénégalais de s’exprimer dans un très bon cadre de travail. Le sport occupe une place importante dans notre quotidien. Quand on voit une équipe comme l’As Douanes, qui représente le Sénégal à la Basketball Africa League (Bal) et qui n’a pas de terrain d’entraînement, cela pose problème. Alors que pour d’autres clubs comme Monastir, Petro Luanda, Far de Rabat, ils ont des stades dignes de ce nom.

Nous devons aussi faire énormément d’efforts au niveau de la petite catégorie pour son développement. On parle d’un nouveau régime, donc il faudra une nouvelle politique pour redynamiser la petite catégorie souvent laissée en rade. Il faudra aussi penser à la rémunération des staffs des équipes nationales, comme cela se fait au football. Les techniciens travaillent au quotidien. Ce n’est pas seulement pendant les compétitions internationales qu’ils travaillent. Il faudra vraiment revoir le statut des techniciens du basket pour qu’ils puissent mieux faire leur travail.»

Pathé Keïta, président de Guédiawaye Academy Basket
«Je tiens à les féliciter parce que ce sont des collègues au niveau des Finances, des camarades syndicalistes. Avec le président Diomaye, on a partagé l’intersyndicale des trésoriers des Impôts où j’étais Secrétaire général. On ne manquera pas de prier pour lui afin qu’il réussisse sa mission. La première attente est plutôt d’ordre juridique. Il faut changer la charte du sport, qui date de 1964, pour en avoir un nouveau qui peut intégrer les nouvelles réalités du sport professionnel. Il y a beaucoup d’arrêtés et de circulaires qui sont obsolètes. Il faut que le nouveau régime s’y attèle avec le nouveau ministre des Sports. Sur le plan infrastructurel aussi, surtout au niveau du basket, certaines régions doivent avoir des salles, notamment à Ziguinchor, Saint-Louis et autres. C’est vrai que ça ne se fera pas très rapidement, mais qu’il y ait au moins un programme de réalisation de salles au niveau des régions. Pour le financement, il faut qu’on revienne au contrat de performance. Il faut aussi permettre aux entreprises de financer les clubs par un régime fiscal allégé. Voilà en résumé ce que j’attends du nouveau régime.»

Astou Ndiaye, ancienne internationale et championne Wnba
«Je pense qu’il faut tout d’abord un ministre des Sports qui a été sportif, qui a connaît le haut niveau et qui a de l’expérience. Ce serait un bon début. Si ce n’est pas possible, au moins avoir un administratif avéré du management du sport avec tous les diplômes qu’il faut. Il faudrait aussi que le nouveau ministre des sports soit entouré d’anciens sportifs de haut niveau. Des gens qui connaissent les besoins des sportifs et qui pourraient leur donner les bons conseils. En somme, il faut que les gens qui connaissent le haut niveau se chargent du sport. C’est la meilleure manière d’aider le sport à se développer. J’ai entendu dire qu’ils ont l’écoute, j’espère qu’ils vont suivre les conseils des sportifs. Après pour ce qui est des moyens, les personnes désignées seront chargées de les trouver avec la politique qui sera mise en place par le nouveau ministre des Sports. Il faut la personne qu’il faut à la place qu’il faut.»

Ado Sano, ancien directeur technique national
«Je suggère au nouveau régime de revenir à la pratique. Avant, les gens s’enfermer dans des bureaux, faisaient des conceptions et essayaient de les mettre en pratique. Main­tenant, c’est le chemin inverse. On va voir ce que les gens pratiquent, ils reviennent dans les bureaux, le conceptualisent et le remettent aux pratiquants. Je crois que le parti Pastef a son projet. Il devrait le soumettre aux acteurs du terrain pour qu’il puisse y avoir une harmonie. C’est ce que j’appelle des projets fédéraux. Il faut profiter du temps. A mon humble avis, il n’est pas mis en œuvre pour améliorer ce sport. On est tout le temps dans l’événementiel. C’est cela notre véritable problème. Le dernier maillon, c’est le joueur. Mais pour former le joueur, il faut du temps. Ce régime devrait tout faire pour que l’action fédérale soit planifiée, quelle que soit la fédération. Une fois que c’est planifié, avec une bonne vision, c’est facile. Il faut qu’on dégage une vision par rapport à notre sport. A partir de là, la mission et les objectifs deviennent beaucoup plus faciles. Malheu­reusement, on est tout le temps dans l’événementiel. On n’est jamais dans une situation où on détecte les problèmes, mais à chaque fois, dans une situation où on traite tout le temps les conséquences du problème. C’est ce qui nous arrive tout le temps.»