Analysant l’activité économique, l’évolution des prix et de la situation extérieure de l’Uemoa, le Comité de politique monétaire (Cpm) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), qui a tenu hier, sa dernière réunion au titre de l’exercice de l’année 2024, a maintenu ses taux inchangés. Sur l’inflation, le Gouverneur de la Bceao, par ailleurs président du Cpm, a appelé à la vigilance.Par Dialigué FAYE –

«Au troisième trimestre 2024, l’inflation est ressortie à 4, 1% en raison d’une offre locale de produits vivriers issus de la campagne agricole 2023/2024 qui demeure globalement insuffisante. En octobre 2024, le taux d’inflation s’est établi à 3, 4%, restant cependant au-dessus de la cible d’1 à 3% visée par la Banque centrale», mentionne le Comité de politique monétaire (Cpm) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) dans son communiqué sanctionnant sa dernière réunion au titre de l’exercice de l’année 2024.

Interprétant cette évolution, Jean-Claude Kassi Brou, le Gouverneur de l’institut d’émission commun aux huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), par ailleurs président du Cpm, n’a pas fait dans la langue de bois. «L’inflation est restée au même niveau par rapport au deuxième trimestre. Donc ça ne baisse pas suffisamment. Ce taux de 4, 1 % est lié essentiellement à la hausse des prix des produits alimentaires, consécutive à la campagne agricole moins bonne que prévu qu’on a eue auparavant. Et donc, il y a une très forte corrélation entre les prix des produits alimentaires et l’inflation que l’on observe. C’est quand même un signe qu’il faut qu’on soit très attentifs à ce qui se passe au niveau du secteur agricole en particulier.

On a eu les chiffres préliminaires du mois d’octobre 2024, où le taux d’inflation est ressorti légèrement à la baisse. C’est autour de 3, 6%. Il faut qu’on reste vigilants. Il faut qu’on reste très attentifs avec l’inflation», exhorte le président du Cpm. Au 1er mai 2023, rappelle le Gouverneur Brou, le taux de l’inflation avait baissé. «On était autour de 2, 45%, et brusquement ça a remonté. Et depuis pratiquement six mois, on est autour de 4, 20%. Donc ça veut dire qu’on doit rester très attentifs sur le taux d’inflation», insiste-t-il.

Selon les dernières prévisions, le taux d’inflation devrait s’établir à 3, 6% en 2024, après 3, 7% en 2023. «Les perspectives d’inflation sont soumises à des risques haussiers en 2025. Ces risques concernent la situation sécuritaire dans certains pays, l’impact de conditions climatiques défavorables sur la production agricole et les effets des tensions géopolitiques et commerciales sur les prix mondiaux des produits énergétiques et alimentaires», souligne le Cmp.

Les taux de la Bceao maintenus inchangés
«Malgré l’amélioration du solde des échanges avec le reste du monde suite à une évolution favorable des termes de l’échange, la situation extérieure de l’Union devrait être renforcée. La consolidation prévue du compte courant et la mobilisation de ressources extérieures permettront de conforter la viabilité externe de l’Union», note le Cpm. Qui relève toutefois une «activité économique dynamique sur la proche période, soutenue par un financement adéquat de l’économie». La hausse des crédits à l’économie, d’après le Gouverneur, «est ressortie à 5, 9%, en rythme annuel, à fin septembre 2024. Sur l’année 2025, la croissance économique de l’Union est prévue à 6, 3% contre 6% en 2024».
Après avoir analysé tous ces aspects, la Bceao a encore opté pour la prudence dans ses orientations de politique monétaire. Ainsi, l’instance chargée de la définition de cette politique a-t-elle décidé, à l’issue de cette dernière réunion au titre de l’exercice de l’année 2024, de maintenir ses taux inchangés. Le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses ressources aux banques commerciales est ainsi maintenu à 3, 50%, et le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal à 5, 50%, niveaux en vigueur depuis le 16 décembre 2023.
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