Le Comité de politique monétaire (Cpm) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), qui a tenu hier sa deuxième réunion ordinaire au titre de l’année 2023 par visioconférence, a décidé «de maintenir inchangés le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité à 3% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 5%, niveaux en vigueur depuis le 16 mars 2023».Par Dialigué FAYE

Dans le cadre de la lutte contre l’inflation, le Comité de politique monétaire (Cpm) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) avait, lors de sa première session ordinaire au titre de l’année 2023, relevé de 25 points de base le principal taux directeur auquel la Bceao prête ses ressources aux banques, pour le porter à 3%. De même, le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal est passé de 4, 75 à 5%.

A l’issue de sa deuxième réunion tenue hier par visioconférence, l’organe chargé de la définition de la politique monétaire au sein de l’Uemoa, ainsi que de ses instruments, a décidé de «maintenir inchangés le principal taux directeur, ainsi que le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal». Cela, sur la base de l’analyse de plusieurs facteurs qui ont marqué la conjoncture économique interne au cours de cette période sous revue.

«Cette décision intervient après les hausses des taux directeurs entamées depuis juin 2022, au regard de l’atténuation progressive des tensions inflationnistes dans un contexte de croissance économique soutenue dans l’Union», a expliqué le président du Cpm, Jean-Claude Kassi Brou. En effet, précise le gouverneur de la Bceao, «l’inflation dans les pays de l’Union a baissé. Le taux d’inflation est passé de 8, 4% en septembre 2022 à 5, 7% en mars 2023 et 4, 6% en avril 2023. Ce recul a été soutenu par les bons résultats de la campagne agricole 2022/2023, la réduction des coûts de l’énergie, ainsi que les mesures de politique monétaire prises par la Banque centrale et les efforts des Etats pour lutter contre la vie chère. Sur les périodes à venir, l’inflation devrait continuer à baisser pour revenir en dessous de 3%, conformément à l’objectif visé par la Banque centrale». Au niveau du financement de l’économie, les crédits octroyés par le système bancaire se sont situés dans une bonne dynamique. A preuve, renseigne le patron de l’institut d’émission des huit pays membres de l’Uemoa, «les crédits à l’économie ont progressé de 16, 6%, en rythme annuel, à fin mars 2023 après 14, 4% le trimestre précédent pour soutenir le financement des économies de l’Union».

Au cours des mois à venir, le Comité de politique monétaire promet d’analyser l’évolution de l’inflation et les conditions de financement des économies, et prendra, si nécessaire, les mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire de la zone.

Au sein de l’Uemoa : Croissance projetée à 6, 3% en 2023
Au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), l’activité économique demeure soutenue avec un taux de croissance de 5, 4% au premier trimestre de l’année 2023. Et selon le gouverneur de la Bceao, «la bonne tenue de l’activité dans l’ensemble des secteurs laisse augurer, pour l’année 2023, une croissance robuste projetée à 6, 3%, après 5, 9% en 2022». Car, justifie Jeau-Claude Kassi Brou, «l’inflation a continué à décélérer à la faveur notamment de la hausse de la production des céréales et de la baisse des prix des produits énergétiques et alimentaires importés. Cette orientation a été portée par les actions des Etats pour lutter contre le coût de la vie et celle de la Banque centrale sur la demande globale.

Le taux d’inflation se situait à 5, 8% sur les trois premiers mois de l’année 2023, après un taux de 7, 8% le trimestre précédent».

En avril 2023, souligne-t-il, «la progression des prix à la consommation est ressortie à 4, 6%. Au niveau de nos comptes extérieurs, les actions que nous avons menées dans le cadre de la politique monétaire ont permis de contenir les pressions observées en 2022 et en début d’année 2023. Le niveau de nos réserves en avril et en mai 2023 demeure adéquat pour couvrir nos importations de biens et services. Sur les périodes à venir, la hausse des exportations, la mobilisation des ressources extérieures des Etats auprès des partenaires, ainsi que les mesures prises par la Banque centrale pour améliorer le profil du rapatriement des recettes d’exportation devraient consolider cette tendance».
Au plan international, l’activité économique au premier trimestre de l’année 2023 a été plus robuste que prévu, après une année 2022 difficile. Cette embellie, d’après le gouverneur, est imputable à la «reprise de la consommation dans les pays développés et à l’abandon de la politique zéro Covid par la Chine.
Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international, la croissance mondiale devrait ressortir à 2, 8%. Dans un contexte marqué par une orientation à la baisse de l’inflation, plusieurs banques centrales ont poursuivi le resserrement de leur politique monétaire pour confirmer cette dynamique».

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