Beach Soccer – Itw avec le sélectionneur des Lions : Le débrief de Ngalla Sylla

Il est l’entraîneur le plus heureux au monde. Après avoir hissé sur le toit de l’Afrique le beach soccer sénégalais et titillé le gotha mondial, Ngalla Sylla, après une absence de près de deux ans, est revenu au bercail pour confirmer le statut du Sénégal, en lui offrant une 8e Can. Un sacre assez particulier pour le meilleur entraîneur d’Afrique qui, à tête reposée, revient sur les moments forts vécus sur la plage de l’Albatros Stadium d’Hurghada. Entretien-bilan.Vous avez débuté le tournoi par un scénario catastrophe, avec cette lourde défaite (2-5) face à la Mauritanie. Quel a été le discours que vous avez tenu pour remobiliser les troupes ?
D’abord, il fallait vite tenir une réunion après la défaite, afin de remonter le moral des joueurs. Et dans mon discours, le mot d’ordre a été : «On a perdu une bataille, mais pas la guerre.» Il fallait donc se remettre le plus rapidement possible, en insistant sur le fait que désormais tous nos matchs seront des finales. Car toute autre défaite, c’était l’élimination.
Après, on a donné l’exemple de l’Argentine qui a perdu son premier match en 2022, pour après gagner la Coupe du monde. Et voilà, on s’est dit des vérités, je leur ai parlé individuellement, on a fait des critiques entre nous, on a lavé le linge sale en famille. Et à l’arrivée, cela a porté ses fruits.
Pour la suite, il fallait donc une autre Equipe du Sénégal. Et pourquoi pas changer de système ?
Vous savez, en parlant de système, d’habitude on démarre avec le jeu direct, après on termine avec l’attaque placée. On l’a fait contre le Malawi et le Mozambique. Contre la Mauritanie, on n’a pas joué avec le même système. Face à l’Egypte, c’était un match très serré, donc il y avait beaucoup de variantes dans notre jeu. Mais le plus important, c’était de s’adapter selon l’adversaire. Maintenant en finale, contre la Mauritanie, la stratégie a été de les bloquer en haut, ensuite d’empêcher que leur gardien joue sur les côtés, qu’il fasse des relances sur les flancs. Et nous quand on a le ballon, on leur impose l’attaque placée parce qu’on sait qu’ils ne sont pas à l’aise à ce genre de jeu. Ils savent surtout jouer en contre, en optant surtout pour le jeu en l’air. Car ils avaient des problèmes techniques, un domaine où nos joueurs sont plus outillés.
Justement, au-delà du système, qu’est-ce qui a été déterminant en finale contre la Mauritanie ? La clé du match ?
On peut dire que la clé du match, c’est au niveau mental. Car contre la Mauritanie, on est venus avec un esprit revanchard. Parce qu’il n’était pas question que la Mauritanie nous gagne deux fois dans un tournoi. En fait, il fallait garder notre statut de leader en Afrique et démontrer que nous restons les maîtres du foot de plage. Il fallait qu’on leur montre que nous sommes le Sénégal. Et c’est l’occasion de féliciter la Mauritanie et ses joueurs qui n’ont pas démérité.
Quel est le match que vous avez le plus aimé dans cette Can ?
C’est vrai que tous les matchs étaient importants pour moi. Mais j’ai beaucoup aimé celui contre l’Egypte. Et d’ailleurs, c’est le match au bout duquel j’ai plus jubilé que les autres (rire). Surtout que c’était une confrontation avec un double enjeu : une qualification au Mondial et en finale de la Can. A l’arrivée, tu bats l’Egypte chez elle. C’est pourquoi j’ai beaucoup aimé ce match.
On ne peut pas manquer de vous poser une question sur votre ancienne sélection, le Maroc. Comment avez-vous trouvé les Lions de l’Atlas dans ce tournoi ?
Dans l’ensemble, le Maroc a fait un bon tournoi. C’est vrai que je n’ai pas porté trop d’attention sur eux. Mais contre la Mauritanie, j’ai constaté qu’ils n’étaient pas prêts tactiquement. Ils ont suivi la Mauritanie dans son jeu.
Personnellement, je pense qu’ils ont péché sur le plan tactique. Par contre sur le plan technique, le Maroc était plus fort. Parce qu’on ne peut pas parler de physique, car les joueurs étaient prêts. Donc pour résumer, c’est sur le plan tactique que le Maroc a péché.
Justement, restons avec le Maroc qui, on peut dire, a raté sa Can. Peut-on parler de revanche vis-à-vis de votre ancienne équipe ?
Non, du tout. Pour moi, ce n’est pas une question de revanche. Parce que je ne reproche rien aux Marocains. C’était un contrat, et chacune des parties a fait ce qui l’arrange. On s’est séparés à l’amiable. Je ne leur reproche rien. Je n’ai aucune rancœur contre eux, je leur souhaite le meilleur. C’est un beau pays, un pays frère. Donc pas d’esprit revanchard. Il faut être professionnel dans la vie.
Vous avez pensé à quoi quand vous avez remporté la Can ?
Après la finale, j’ai remercié, comme d’habitude, le Bon Dieu. Chaque match que je gagne ou je perds, je remercie le Bon Dieu. Parce que pour moi, le plus important, c’est de débuter le match et de le terminer en bonne santé. Après, je suis parti voir mes adversaires pour les encourager et ensuite mes joueurs pour les féliciter. Aujourd’hui le Sénégal a remporté la Can, mais on veut encore remporter d’autres trophées, et pourquoi pas le Mondial ? En tout cas, c’est l’occasion de demander au Peuple sénégalais de continuer à prier pour cette équipe, de demander au président de la République aussi d’appuyer ces jeunes, parce que vraiment ils n’ont que ça, ils sont braves. J’espère que dans peu de temps, il va les recevoir. Après, on va préparer le Mondial tranquillement. Et à ce niveau, je pense que la Fédération, que je remercie, va mettre plus de moyens, ainsi que l’Etat du Sénégal, pour qu’on fasse une bonne préparation. C’est l’occasion aussi de remercier ma mère qui ne cesse de prier pour moi. Félicitations à mon staff technique, ces gens qui travaillent dans l’ombre et que je ne peux pas citer. Aujourd’hui, c’est une fierté. Quand tu marches ou tu conduis ta voiture, partout où tu passes, les gens klaxonnent, te manifestent leur fierté. C’est beau tout ça. C’est la puissance du sport d’une manière générale. Je dis encore «Merci Bon Dieu».
Recueillis par Amadou MBODJI