Au Bénin, l’opposante, Reckya Madougou, a été condamnée à une peine de vingt ans de prison samedi dernier, pour complicité d’actes terroristes. Jugée par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), l’ex-Garde des sceaux a écopé également d’une amende de 50 millions de francs Cfa. «Monsieur le président, tout le monde aura compris que je ne suis pas une terroriste mais que je reste une brave militante qui, depuis une vingtaine d’années, s’investit dans l’éducation citoyenne des jeunes, le leadership et l’autonomisation des femmes», a déclaré à la barre Reckya Madougou, rapporte le site le Monde-Afrique.
Antoine Vey, l’un des avocats français de Reckya Madougou, lui considère que «la Criet n’est pas une juridiction impartiale et indépendante. Le scénario de ce procès est écrit à l’avance». Il a dénoncé la mainmise du pouvoir exécutif sur les juges. Le défenseur des droits de l’Homme, Alioune Tine, va plus loin. Sur Rfi, le Sénégalais, Fondateur du think thank Africajom Center, exige «la libération immédiate et sans condition des hommes politiques de l’opposition qui ont été condamnés à des peines qui défient tout bon sens». Et d’ajouter : «Nous assistons de plus en plus à une espèce de criminalisation de l’opposition ou de l’activisme politique, parce qu’il y a des menaces beaucoup plus profondes avec, on le sait, les attaques qui ont eu lieu au Bénin qui doivent amener le chef de l’Etat à l’union pour mettre de côté tous les calculs, les manipulations politiques politiciennes qui ne font qu’accroître les tensions.»
Reckya Madougou était détenue depuis neuf mois à la maison d’arrêt d’Akpro-Missérété, située à la périphérie de Porto-Novo, capitale du Bénin. Avant elle, c’est l‘autre opposant, Joël Aivo, qui a été condamné par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Le constitutionnaliste et deux de ses co-accusés ont pris dix ans de prison. La Criet les a reconnus coupables de blanchiment de capitaux et de complot contre l’autorité de l’Etat. Joël Aïvo avait écopé également d’une amende de 45 millions de francs Cfa. Le dossier est vide et il s’agit d’un procès politique selon ses avocats. Ce dernier et trois de ses autres co-accusés, deux militaires et le responsable financier de son mouvement, ont plaidé non coupable.
Par Aliou DIALLO