Benno bokk yaakaar, le déclin de l’Empire ou la dégringolade du sommet de la montagne

Benno, le déclin de l’Empire ou la dégringolade du sommet de la montagne est un titre que j’ai emprunté à un ami musicien qui a vécu sur les berges du Sine. Je savais des artistes qu’ils sont très inspirés et visionnaires, mais j’ignorais encore leurs aptitudes et compétences pointues dans plusieurs domaines dont la politique.
Il faut en tout cas suivre leurs regards et prendre au sérieux leurs dires, car ces brillants observateurs et interprètes des émotions, sensations et pulsions du Peuple, ont la capacité de sentir les choses avant qu’elles soient l’objet d’attention ou de dissertation.
Cette petite réflexion nous mène à la question pourquoi Macky Sall n’a pas fait son testament politique avant de quitter le pouvoir ? Les divergences, contradictions, animosités ou conflits au ras des pâquerettes au sein du parti au pouvoir commencent à inquiéter et révèlent en même temps beaucoup de non-dits.
C’est pourquoi, quand leur ancienne camarade Mimi Touré dit que les membres de l’Alliance pour la République (Apr) passent leur temps à s’autodétruire, au lieu de combattre les adversaires du parti, elle semble avoir raison. Tout porte à croire que Macky Sall a finalement été mis devant le fait accompli, et qu’il était alors obligé de conjuguer avec les candidatures plurielles qui se sont manifestées au sein de la mouvance présidentielle dont Aly Ngouille Ndiaye, Mame Boye Diao et Serigne Guèye Diop. Pour le cas Abdoulaye Daouda Diallo, ce monsieur à qui on a tordu le bras pour qu’il accepte de se ranger derrière Amadou Ba, jouera-t-il le jeu jusqu’au bout ?
Même le sémillant, serein, loyal et politiquement correct Boun Abdallah Dionne est encore dans le clair-obscur. Abdoulaye Diouf Sarr est très vite rentré dans les rangs pour éviter qu’on lui cherche des poux dans la tête à cause de sa gestion des fonds Covid-19, et tous les autres qui font semblant d’être d’accord sur le choix de Macky Sall, et qui rouspètent tout bas, car ils n’osent pas afficher ouvertement leurs désaccords ou montrer leur désir de se présenter ou d’aller voir ailleurs.
Devons-nous encore prendre au sérieux ces «petits malins» qui pensent que Macky Sall peut bien miser sur un autre candidat qui sera officieusement un doublon du candidat de Benno bokk yaakaar ? Disons tout de suite que cette stratégie serait trop risquée pour le camp du pouvoir.
Et on ne comprendrait pas en tout cas ce pari risqué qui pourrait compromettre les chances de Amadou Ba d’aller au deuxième tour, à plus forte raison de remporter cette élection dès le premier tour, comme il a été annoncé lors de son investiture comme le joker du camp présidentiel.
Et si c’était vraiment le cas, ça pourrait signifier que le Président Macky Sall avait compris dès le départ que son candidat Amadou Ba aurait des difficultés pour remporter cette Présidentielle. Ça signifierait également que Macky Sall, qui ne doute pas un instant de la menace qui pèse sur la coalition présidentielle, a tout juste choisi le candidat le moins mauvais, parmi tous les prétendants au trône présidentiel, tout en espérant de lui qu’il fasse un exploit là où tous les autres auraient lamentablement échoué. Il faut dire que jusque-là et au vu de la débandade qui s’est installée dans le camp du pouvoir, les choses ne sont pas encore très claires dans la tête de beaucoup d’observateurs, même parmi les plus avertis. On peut alors dire qu’il y a anguille sous roche !
C’est encore dans un contexte où le machin politique Benno bokk yaakaar est dans une mauvaise passe, avec en toile de fond une épineuse équation arithmétique qui semble exclure l’addition et la multiplication, pour imposer à cette coalition une épreuve forcée de soustraction ou de division.
On ne peut écarter la part de responsabilité de Macky Sall dans le charivari que traverse la Coalition Benno bokk yaakaar. On avait d’ailleurs annoncé dès l’ouverture de la liste des candidats à la candidature du camp présidentiel, qu’il n’est pas à exclure que ceux qui ont perdu tout espoir dans le parti quittent la barque pour emprunter une nouvelle trajectoire politique. Et Macky Sall risque de léguer à ses héritiers une maison enlaidie, fracassée et en lambeaux… On pensait que le retrait de la candidature de Macky Sall allait stabiliser le camp du pouvoir. Mais que nenni ! Macky Sall semble rester le problème et tout semble indiquer que sa présence aux côtés de ce candidat choisi, qu’il compte accompagner dans sa campagne électorale, peut être maléfique pour ce dernier, qui cherche à convaincre l’électorat qui doit le mener à la présidence de la République.
Babacar Papis SAMBA
Auteur et adepte de la pensée complexe