C’est une plainte que des acteurs du secteur des arts ont déposée à l’Ofnac. Ces derniers ont suspecté une gestion peu catholique de la Biennale 2022, car ils ont estimé que l’utilisation de l’argent, en 2020 et qui a été rajouté à l’édition de 2022, devait être clarifiée. Le Quotidien a obtenu le bilan financier. Voici ce qu’il faut savoir des entrées et sorties d’argent de la Biennale de 2022. Par Malick GAYE –

Au sortir de l’édition 2018 de la Biennale, personne ne pouvait imaginer qu’un virus allait contraindre le monde à cesser toute activité pouvant réunir des personnes dans un endroit pour éviter sa propagation. Le Covid-19 a mis à mal beaucoup de secteurs, surtout celui des arts et de la culture. Cependant, l’Etat du Sénégal, qui souhaite inscrire le pays comme place forte du marché des arts, a continué à verser une dotation pour la Biennale. Ainsi, l’édition de 2020, qui n’a pas été organisée du fait de la pandémie, a finalement eu lieu en 2022. Une situation qui a posé un débat sur les ressources de la Biennale. Pour un collectif d’acteurs du secteur des arts qui a appelé au boycott de l’édition de 2024, la gestion du Secrétariat de la Biennale n’est pas transparente. Ils ont même déposé une plainte à l’Ofnac. Le Quotidien a pu avoir accès au bilan financier de la Biennale de 2022.
L’Etat du Sénégal, principal contributeur, a couvert 72% des ressources mobilisées. Le secteur privé et les mécènes n’ont pas été en reste avec un concours fort apprécié de près de 500 millions Cfa. Les ressources mobilisées pour l’organisation de la biennale s’élèvent à 2 milliards 4 millions 238 mille 760 F Cfa. Ce budget provient de l’Etat, des institutions internationales et des sponsors des secteurs parapublics et privés. Les acteurs privés, les institutions internationales ont couvert respectivement 23, 8% et 3, 9% du budget de la Biennale. Mais l’Etat du Sénégal reste le principal bailleur avec une subvention sur les exercices budgétaires 2021-2022 d’un montant d’un milliard quatre cent cinquante millions francs Cfa, soit 72, 34% des ressources.
Les charges totales liées à l’organisation s’élèvent à 1 millard 852 millions 759 045 Cfa, soit 92, 44% des ressources et 110, 33% du budget prévisionnel initial. Il faut constater un dépassement des charges pour 173 millions 673 801 Cfa, équivalant à une hausse de 10, 34%, qui sont relatives à l’aménagement des sites, la communication, le transport des œuvres, le transport et l’hébergement des participants, l’animation, la mobilisation et la valorisation de la création, l’organisation et l’évaluation, les salaires du personnel contractuel, les dépenses liées à la Direction artistique et les dépenses liées à l’organisation des rencontres scientifiques et professionnelles, des ateliers de formation et des missions préparatoires. Les dépenses d’aménagement des sites représentent 33, 8% des dépenses totales pour 625 millions 618 mille 940 Cfa. Elles ont été mobilisées principalement pour rétablir le site principal de l’ancien Palais de justice sis au Cap Manuel qui a abrité l’Exposition internationale, le village de la Biennale et la location d’espaces. La communication a coûté 304 millions 558 mille 316 francs Cfa, soit 16, 4%. Le transport des œuvres a été facturé à 175 millions 792 mille 741 francs Cfa, soit 9, 5%. Quant à la prise en charge des participants, elle a coûté 174 millions 572 mille 060 francs Cfa, soit 9, 4%, pour les 2428 artistes et designers venus de 112 pays qui ont pu exposer leurs créations. Dans le programme In, 16 expositions et projets spéciaux ont été présentés avec 413 œuvres dont la valeur totale se chiffre à 7 milliards 461 millions 413 mille 356 francs Cfa.
Un nombre record de visiteurs a été enregistré pour cette édition avec 439 317 biennalistes. Parallèlement aux projets In, la Biennale de Dakar 2022 s’est déployée à travers 450 manifestations d’environnement sous la bannière du Off au Sénégal et dans la diaspora.
Il a été proposé une réflexion stratégique sur la structuration de l’administration de la Biennale et, surtout, son statut institutionnel plus agressif dans la mobilisation de ressources plus conséquentes du côté de sources autres que l’Etat : privées et institutionnelles.
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