BILAN – 12 jours de l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu : Thiès affiche 247 cas communautaires

La première phase de l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu dans les régions de Dakar et Thiès a pris fin ce 17 janvier 2021 à minuit, mais pas la pandémie. Les chiffres le démontrent. Il y a plus de cas, plus de morts. La situation est toujours inquiétante. Y a-t-il des failles dans la mesure ? En tout cas, malgré la décision, Thiès, la deuxième région la plus infectée par la pandémie, après Dakar, a enregistré 247 cas communautaires en 12 jours. Aucune tendance baissière n’est notée dans les 9 districts que compte la région, malgré toutes les dispositions restrictives mises en place et l’obligation faite sur le respect strict des mesures barrières.
La région de Thiès se maintient encore dans sa posture de deuxième foyer de propagation de la pandémie liée au coronavirus. Le virus n’a pas encore dit son dernier mot. Les cas de patients testés positifs au Covid-19 se multiplient de jour en jour et commencent à toucher de plus en plus les jeunes. Dr Moustapha Faye, médecin-chef du district de Thiès, révèle que «les jeunes meurent de plus en plus du coronavirus. Hier, nous avons enregistré un décès d’un jeune de 35 ans». Aussi, alerte-t-il sur le nombre de contaminations qui dépasse largement les chiffres délivrés dans les communiqués journaliers du ministère de la Santé et de l’action sociale. Dr Faye renseigne: «Les résultats que nous donnons sont des échantillons, c’est-à-dire des cas réels. C’est ce qu’on appelle l’incidence.»
En clair, il dit : «Les cas communautaires dépassent de loin les cas contacts. Je suis sûr que les cas sont beaucoup plus nombreux. Probablement, cela est dû au fait que les Sénégalais ne veulent pas aller à l’hôpital. D’autres refusent de faire le test et pourtant, nombreux sont de potentiels porteurs du virus. Autrement, vous verrez qu’il y a plus de cas.» Ce qui sème l’inquiétude même chez les plus sceptiques qui rechignent encore à se conformer au respect des mesures restrictives édictées par les autorités sanitaires. Pour dire, une situation des plus difficiles à gérer et qui est pour laisser croire, à juste raison d’ailleurs, que l’éradication de la pandémie n’est pas pour demain la veille. En atteste d’ailleurs la désinvolture avec laquelle les populations de la Cité du Rail ont vécu la disposition restrictive. Rien dans la rue ne pouvait laisser voir que la ville était en Etat d’urgence et qu’un mal insidieux et hautement contagieux rôdait alentours. Les gens vaquaient à leurs besoins sans aucune forme de respect des mesures barrières.
Certes ils étaient tous ou presque munis de masque, mais ils les avaient sous la main ou les portaient sous le menton ou pendues à une oreille. N’importe où, sauf à la place qu’il faut. A cela s’ajoute le fait que les heures de descente constituent de véritables occasions de rassemblement avec le nombre très important de personnes qui s’entassent au niveau des arrêts de bus et des garages de taxis clandos de la ville afin de pouvoir rejoindre leur domicile avant 21 heures.
Que dire des écoles ? Rares sont les établissements scolaires, s’il y en a, où les élèves sont astreints au respect des mesures barrières. Les effectifs ne le permettent même pas puisque les potaches sont obligés de se mettre à trois ou à quatre pour pouvoir suivre les cours. Et cela, malgré la sensibilisation menée par l’académie de Thiès qui déroule dans toutes les classes de la région, de l’élémentaire au secondaire, une leçon de vie sur le coronavirus, dans le cadre de son plan de résilience, pour sensibiliser davantage les élèves sur la maladie. Une telle leçon est d’une extrême importance pour un changement de comportement, afin de mieux faire face à la pandémie. Selon l’académie, les élèves constituent une proportion très importante de la population. C’est pourquoi, s’ils respectent les mesures individuelles et collectives, cela peut diminuer de façon drastique la contamination. Il s’y ajoute qu’ils sont également des relais qui peuvent transmettre l’information au niveau des familles. Mais malgré cela, la progression de la pandémie de coronavirus est toujours sur une pente ascendante dans la région de Thiès.