Clap de fin pour la saison inaugurale de la Basketball Africa League (Bal). Occasion pour le coach de l’As Douanes, Pabi Guèye, de raconter comment il a vécu sa première expérience de la Bal «Kigali 2021».

Quel bilan tirez-vous de la participation de l’As Douanes à la saison inaugurale de la Basketball Africa League ?
Je pense que le bilan est assez positif quand même parce que notre objectif de départ, c’était de se qualifier pour les quarts de finale. Ce que nous avons réussi à faire. On était venu avec une équipe vraiment jeune qui découvre, pour la plupart, le haut niveau. Nous avons quitté un championnat amateur et nous avons rencontré des équipes vraiment professionnelles qui ont un standing très haut. On a su rivaliser avec ces équipes. Cette campagne va permettre de tirer beaucoup d’enseignements et lorsqu’on va revenir, on saura comment s’y prendre. Je suis vraiment fier de mes joueurs. Au départ, les plus sceptiques n’auraient pas misé un sou pour une place en quarts de finale. Nous sommes allés avec les moyens du bord. Mais dans l’ensemble, nous avons fait un très bon parcours.

Comment avez-vous vécu cette compétition spéciale, dans une «Bulle» pendant presque un mois ?
C’est très difficile. A la fin, on n’a plus aucune envie de rester une seconde à l’intérieur. C’est stressant, difficile, tu es conditionné à tout moment. Il y a les tests quotidiens à faire. Mais on comprend parce que c’est la situation actuelle qui l’impose, pour l’intégrité des joueurs, des staffs et de l’ensemble de la délégation présente dans la «Bulle». A ce niveau, je crois qu’ils ont bien réussi le pari de l’organisation.

Et du côté des joueurs, comment ils ont vécu dans cette «Bulle» ?
De la même manière. Ce n’est pas évident de rester enfermé dans sa chambre, aller aux entraînements et jouer des matchs. C’est tout le temps la même routine. C’est extrêmement difficile. Mais ils étaient préparés à cela. Raison pour laquelle, nous les avons amenés à Saly pendant une semaine pour vivre à peu près les mêmes conditions.

Est-ce que la «Bulle» a eu un impact négatif sur la prestation des joueurs ?
Non, je ne pense pas. On a été mis dans d’excellentes conditions de performance. Il n’y a rien qui manque, pour un sportif. Même si le sportif aime par moments s’évader, décompresser. On avait vraiment tout ce qu’il fallait à l’intérieur. Salles de jeux, on mangeait bien, la piscine… Un environnement vraiment adéquat pour décompresser. La seule restriction, c’était de ne pouvoir sortir quand on le souhaite.

Qu’est-ce que l’équipe a gagné sur le plan sportif ?
Enormément ! Elle a gagné en expérience. Cela fait 18 ou 19 ans que l’As Douanes n’a pas existé sur le plan international. Les joueurs, le staff et le président, tout le monde a appris. Et la prochaine fois, on saura comment s’y prendre. Le haut niveau, c’est toute une organisation. Sur le plan humain, logistique, financier… Nous sommes conscients que nous devons progresser dans de nombreux domaines.

Quelle équipe vous a le plus impressionné dans cette campagne ?
Ce sont les Tunisiens de l’Us Monastir de par leur professionnalisme. Il y a aussi l’équipe du Zamalek d’Egypte. Deux équipes professionnelles sur et en dehors du terrain. Ce n’est pas une surprise si elles se sont retrouvées en finale.

Et au niveau de l’organisation ?
Sur ce point, je crois qu’on aurait aimé avoir la première formule. En plein championnat, tu as la possibilité de changer un joueur. Ça nous a fait défaut avec toutes les blessures qu’on a eues pendant les deux premiers matchs. Nous avons joué à 7 ou 8.

Au niveau des recrutements, cela a visiblement était l’un des handicaps de l’équipe. Votre responsabilité est-elle engagée ?
On n’avait pas le choix. C’est dans un intervalle de 15 jours qu’il fallait se décider. Nous avions ciblé de très bons joueurs. Un Américain et un de l’Europe de l’Est. On ne pouvait pas compter sur eux lors des deux premiers matchs avec la mise en quarantaine qu’ils devaient observer à leur arrivée. C’était risqué de faire ce choix. On avait des vidéos de certains joueurs, alors on a fait nos choix avec ceux-là. Ils étaient très bons, en forme. Malheureusement, je n’ai pas ressenti ça lorsqu’ils sont arrivés. Ils sont restés longtemps sans s’entraîner. Et c’était trop tard. Il fallait faire avec les moyens du bord. Il y a aussi des joueurs qu’on pouvait recruter, mais ils coûtent excessivement cher. Il faut débourser 15 000 ou 25 000 dollars pour les avoir.

Est-ce que vous êtes prêts à mettre le prix si toutefois vous devez revenir l’année prochaine ?
Nous avons tous appris dans cette compétition. Le président est conscient que la prochaine fois que nous reviendrons, ce sera avec des joueurs de très haut niveau. Et il est prêt pour ça, prêt à mettre les moyens pour une grande équipe. Nous avons déjà commencé les négociations et les prises de contact avec les meilleurs joueurs de cette League.

Pour cela, il faudra reprendre le championnat et se battre pour conserver votre titre de champion. Aurez-vous le temps de replonger dans cette compétition ?
De toutes les façons, nous n’aurons pas d’excuses. Pour revenir, il va falloir gagner le titre. Ce qui est primordial. Certains joueurs blessés avaient envie de jouer les derniers matchs, mais j’ai refusé parce que le plus important, c’est le championnat maintenant. Ils doivent être dans de bonnes conditions physiques au moment de reprendre la compétition nationale.

Par Woury DIALLO (Envoyé spécial à Kigali) – wdiallo@lequotidien.sn