Travailleur de l’ombre, effacé et efficace, Lamine Savané, chef des opérations de la Basketball Africa League, savoure le succès de la saison inaugurale de la Bal «Kigali2021». Entretien.(Envoyé spécial à Kigali) – Les rideaux de la saison inaugurale de la Basketball Africa League sont tombés. Quelles sont vos premières impressions en tant que chef des opérations de la Basketball Africa League ?

Il faut dire d’emblée que le bilan de la Basketball Africa League est vraiment positif du point de vue de la mobilisation et de l’organisation. Compte tenu de la pandémie, c’était vraiment un exercice très difficile de trouver d’abord la période qui marchait pour tous par rapport au calendrier international sportif, mais surtout, logistiquement parlant, de pouvoir acheminer les 11 équipes de leurs pays respectifs pour venir se retrouver ici à Kigali. En clair, il fallait non seulement respecter nos protocoles sanitaires, mais aussi pouvoir organiser la compétition de A à Z. Ce que nous avons réussi.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans l’organisation ?
Les deux points les plus difficiles, j’ai envie de dire c’était de s’assurer du respect du protocole sanitaire qui, en fait, a débuté dans chacun des pays respectifs avant de venir à Kigali et de continuer avant même qu’on puisse commencer la compétition. C’était vraiment un très grand défi de s’assurer que les équipes s’alignent sur ce qu’on leur demandait. Mais aussi, tout simplement, la possibilité de voyager parce que certains pays avaient des restrictions de vols ou des espaces aériens qui étaient fermés ou semi-fermés. Donc, c’était vraiment les deux plus gros challenges auxquels on a eu à faire face.

Comment avez-vous réussi à gérer plus 500 personnes dans un contexte pareil ?
Il faut vraiment avoir une équipe expérimentée, énormément d’expertises qui entrent en jeu pour pouvoir justement identifier les besoins ici à Kigali, d’abord, savoir ce qu’on peut se procurer sur place et ce qu’on est obligé d’amener à l’extérieur. Et ensuite, il faut pouvoir acheminer tout le matériel, à savoir les équipements, les personnes ressources, des différents points où ils sont pour les amener à Kigali. Pour cela, on a dû s’appuyer sur l’expertise de la Nba qui organise ses matchs à l’international depuis des années. Et nos collègues de la Nba ont vraiment su relever le défi pour qu’on puisse acheminer tout ce beau monde et tout ce matériel sur place.

Comment avez-vous vécu la Bulle de l’intérieur pendant cette période ?
La Bulle, c’est un peu comme un village olympique, quand on y pense. Sauf qu’ici on a des restrictions plus sévères à cause de la pandémie. Les 12 équipes et tout un tas de staffs de la Bal qui sont dans l’organisation et qui sont en contact direct avec les équipes, ce sont eux qui ont constitué la Bulle. On a dû mobiliser trois hôtels dans Kigali dont le principal étant le Radisson Blu avec le «Kigali Convention Center» qui était vraiment le point névralgique de ce dispositif où on a mis tous les individus dont une personne par chambre pour des raisons de protocole médical. On a dû organiser, aussi bien la restauration, les entraînements… Juste rappeler que durant les dix premiers jours, on était en plein Ramadan. Il fallait aussi prendre en compte ceux qui jeûnent pour non seulement fournir des menus adaptés, en plus les nourrir au moment où ils en avaient besoin. Du point de vue des séances d’entraînement, il a fallu accommoder les équipes qui jeûnaient plutôt que d’autres. Cela requiert vraiment un planning comme on ne peut pas imaginer. Mais on a quand même pu vivre cela très positivement. Le retour est très positif, de tous les joueurs, tous les gens qui étaient dans la Bulle, toutes les délégations, ainsi que toutes les autres personnes qui travaillent dans le cadre de cette Bulle. Je pense que la qualité des services qui ont été fournies, était de très haut niveau. Bien sûr, on a su s’adapter aux besoins spécifiques de certaines personnes ou de certaines délégations.

Au total, il y avait combien de personnes dans la Bulle ?
Je pense que cela tourne entre 300 et 400 personnes à différents moments. Certaines équipes, dès qu’elles sont hors de la compétition, ont dû quitter.

Comment on parvient à gérer son temps dans une Bulle pendant presque un mois ?
C’est la capacité d’adaptation pour chaque personne. Ce n’est pas évident. On est loin de la famille, des proches, des amis. C’est un environnement fermé, on n’a pas de liberté de mouvement comme on l’a d’habitude. Donc, cela requiert vraiment une certaine capacité d’adaptation, une certaine force mentale. Cette liberté qu’on nous retire, on ne peut pas comprendre que c’est pour notre bien, que c’est pour préserver l’intégrité de la Bulle. Et comme disaient les Docteurs, pour garder le virus en dehors de la Bulle, il faut comprendre que c’est un sacrifice qu’il faut faire. On a quand même pu mettre à disposition un certain nombre d’activités pour un peu donner l’opportunité de s’aérer l’esprit. Pour les joueurs et les plus jeunes, il y avait des stations de jeux-vidéos, des salles de sports pour se maintenir physiquement. C’est un centre très grand et ça donne l’opportunité à certains de s’aérer l’esprit le matin ou le soir.

Malheureusement, il y a eu une fausse note, malgré toutes ces mesures, avec le cas de Covid-19 pendant la phase de groupes au sein de l’équipe égyptienne. Com­ment avez-vous géré cela ?
C’est l’intérêt de mettre un protocole sanitaire en place. C’est de limiter au maximum les cas positifs. Et on est vraiment satisfait d’avoir eu un seul cas et que ce cas ne soit pas un cas grave. Cela a été pris en charge par les autorités sanitaires du Rwanda, une isolation de l’individu et des tests journaliers pour voir à quel moment ses tests deviennent négatifs et qu’il puisse être libéré de l’isolation. On a fait de notre mieux. Et avoir un seul cas pour moi est un succès. Chapeau à notre équipe médicale qui a vraiment su gérer, mettre un protocole en place. Ce qui n’a pas perturbé la durée de la compétition.

Il était important de maintenir la durée de la compétition ?
Absolument !

Sur le plan personnel, comment avez-vous vécu cette saison inaugurale ?
Je suis très satisfait de l’équipe qui a travaillé pour arriver à ce résultat. Je dois tirer mon chapeau à tous. Il faut dire que les équipes n’avaient aucune idée de ce qu’ils allaient trouver sur place. Je n’ai que du retour positif de la part des acteurs. On en est très fiers. On doit vraiment féliciter toute l’équipe et toute la délégation. Tout le sérieux et la discipline que les gens ont eu à mettre à profit pour atteindre les objectifs qu’on s’était assignés.

On commence déjà à parler de la prochaine édition. Comment et où cela va se passer ?
C’est beaucoup trop tôt pour parler de l’année prochaine, simplement parce que la première donne, c’est la pandémie. Où est-ce qu’on en sera dans tous les pays d’où les équipes viendront pour participer à la Bal ? Avant cela, il y a les tournois de qualification que la Fiba va organiser afin de déterminer les équipes qui vont participer à la Bal. Donc, on va attendre patiemment de voir comment les choses évoluent. L’idéal pour nous, ce serait de retourner au schéma initial qui est une caravane dans plusieurs villes avant de venir jouer les play-offs et la finale ici à Kigali. Mais c’est beaucoup trop tôt à mon avis pour se prononcer sur cela. Il va falloir être un peu plus patient.

Dakar devait organiser la saison inaugurale, est-ce qu’on peut s’attendre à ce que la caravane débute à Dakar ?
Effectivement, l’étape inaugurale devait être organisée à Dakar quand on a voulu lancer la Bal en mars 2019, mais tout cela, il va falloir qu’on revoie à partir de zéro et en fonction de l’état de la pandémie surtout, et après des décisions seront prises.
Par Woury DIALLO -wdiallo@lequotidien.sn