Au terme de plusieurs mois d’ateliers de lecture, de spectacle de conte, de slam, les organisateurs de la «Grande parole» ont fait leur bilan la semaine dernière. C’était à l’occasion de la clôture de cet évènement qui s’est tenu au Goethe institute.

L’Afrique est partout représentée comme le continent de l’oralité. Et pourtant au Sénégal, cette oralité a parfois tendance à être reléguée au second plan. Pour redonner les pleins pouvoirs à l’art de la parole et insuffler également le goût de la lecture aux enfants et aux tout-petits, Massamba Guèye, à travers Kër Leyti, la maison de l’oralité et du patrimoine qu’il a fondée, en collaboration avec le Goethe institute, a initié un projet intitulé la «Grande parole». Ce projet qui a débuté par une «Nuit de l’oralité» en février dernier à Blaise Senghor s’est poursuivi en mars avec une visite à la prison des femmes du Camp pénal de Liberté 6, et une caravane de lecture qui, pendant le mois de mai, à sillonné 6 villes, à savoir Ross Béthio, Louga, Kaffrine, Kao­lack, Thiès, ainsi que Dakar.
Le week-end dernier, ce projet qui visait à inciter les enfants à lire à travers la parole a été clôturé en grande pompe au Goethe institute avec des performances diverses, alliant chant, lecture, slam, conte, poésie, taalif, taasou, kebetu. Les instruments traditionnels comme le bongo, le tama et la kora étaient aussi au rendez-vous et ont accompagné la parole qui a été dite sous toutes ses coutures. Au terme de ce spectacle intitulé «Fusion par les lectures urbaines», les initiateurs de la «Grande parole» ont exprimé leur satisfaction. Satisfait de savoir que cet évènement a obtenu l’adhésion de tous, surtout des enfants.
«On disait que les enfants ne lisent pas, qu’ils n’aimaient pas le savoir. Nous voulions montrer que c’est parce que l’enfant n’accédait pas au savoir qu’il ne lit pas. Nous voulions faire la promotion de la lecture tout en passant par le patrimoine. Nous nous sommes dit que si on passe par notre patrimoine et qu’on montre des spectacles de notre patrimoine dans des styles modernes comme le rap, le slam… on pouvait intéresser les enfants à la lecture. Et c’est ce qu’on a vu à la prison des femmes, à Ross Béthio et beaucoup d’autres endroits que nous avons visités. Et avec les enfants de Kër Leyti, nous avons tenu chaque semaine un atelier de lecture et après quoi nous avons remarqué qu’ils ont eu une grande marge de progression en lecture et que cela a aussi des incidences sur les résultats en classe. On peut dire que le bilan est satisfaisant. Nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait», a dit le Professeur Mas­samba Guèye.
Même son de cloche chez Bouya Fall, directrice du centre d’information et bibliothèque du Goethe institute Sénégal. Pour elle, les objectifs de la «Grande parole», édition 2018, ont été atteints. «Cette année, nous avons travaillé à la vulgarisation du livre et de la lecture dans tout le Sénégal. C’est pour mieux améliorer la collecte, la conservation, la vulgarisation et la recréation des arts de l’oralité et du savoir du patrimoine immatériel. Nous avons voulu aussi amener les spectacles en dehors des salles, c’est-à-dire sortir et aller vers les populations, au lieu d’attendre que celles-ci viennent dans les salles faire des spectacles. Il y a eu du slam, du stand up, des contes… et nous avons sillonné 5 régions», a-t-elle rappelé, annonçant par ailleurs que la 2nd édition «la Grande parole continuera de plus belle en 2019. Et ce sera toujours en collaboration avec la maison de l’oralité Keur Leyti, mais cette fois sous d’autres formes», selon Mme Fall.
aly@lequotidien.sn