Le ministre de la Culture a félicité les artistes du Dak’art 2018 pour leur belle contribution et leur participation à la «réussite» de cette édition, en portant un fort plaidoyer pour leur reconsidération.

Les rideaux ne sont pas encore tombés sur la 13e édition de la Biennale, mais le ministre de la Culture tire déjà un petit bilan et décerne un satisfecit aux artistes. Inaugurant dimanche dernier l’expo du peintre Kalidou Kassé au siège de Total Sénégal, Abdou Latif Coulibaly a tenu à saluer ces artistes plasticiens qui, à ses yeux, apportent une belle contribution à cette Biennale. «Je voudrais saluer ceux qui, par la volonté de Dieu et par la force des lois, sont passés au-dessus du haut rang des protocoles d’Etat. Vous méritez les félicitations et un salut de la part du ministre de la Culture que je suis parce que vous avez pensé, vous avez créé. Sans vous, la Biennale n’aurait pas existé.» Un peu avant, au Terrou-Bi, il félicitait encore les artistes Séa Diallo et Samba Diallo qui y exposaient et, en passant, tous les artistes. «Si nous sommes là, c’est parce qu’ils ont travaillé et nous ont proposé de très belles œuvres. Séa, Samba et à travers vous, je salue la communauté des artistes qui ont la chance d’exposer ici. Vous êtes merveilleux, vous faites un travail remarquable pour notre pays. Vous faites partie de ceux qui construisent notre patrimoine culturel.»
A en croire le ministre, si cette année la Biennale a connu ou connaît un «franc succès», une «réussite», c’est justement grâce à ces artistes qui ont tenu des expositions un peu partout à Dakar et dans les régions. «Il existe des expositions dans toutes les régions du Sénégal. A Dakar, Keur Massar, Kaolack, Sédhiou, Bignona, Saint-Louis, partout au Sénégal», a-t-il indiqué, faisant lui-même le décompte et notant 312 expositions. «C’est vous qui nous permettez d’aller partout. Merci pour ce travail.» Il s’est dit très «confiant» pour la suite. Se refusant à être prétentieux, il a noté que «la Biennale de cette année est réussie, ou disons simplement qu’elle ouvre des perspectives et nous sommes optimistes par rapport à l’avenir».

Plaidoyer pour le droit des artistes plasticiens
Parlant de l’avenir, M. Coulibaly pense aux droits de ces artistes plasticiens qui souvent, après avoir vendu des œuvres, se retrouvent avec des miettes, tandis que d’autres ailleurs se frottent les mains. Dans son discours toujours axé sur ces artistes, il a relevé l’injustice. «Il me paraît injuste qu’une œuvre vendue à Dakar à 100 mille ou 400 mille F Cfa, que sais-je, soit revendue dans le marché européen ou ailleurs à des centaines de milliers d’euros sans que l’artiste qui en est le propriétaire ne perçoive aucun droit sur cette œuvre. C’est un système de spoliation qui ne peut pas continuer… C’est une question d’équité et de justice», dit-il, annonçant dans la foulée qu’une réunion se tient à Dakar pour parler de cette question. «Il y a une réunion à Dakar, le Congrès des protecteurs des arts visuels, avec une très forte discussion autour d’une problématique majeure qui est le droit de suite. Oui Séa, Samba, vous avez le droit, quand vos œuvres sont revendues à l’extérieur, que des royalties (redevances, droits d’auteur) vous soient payés… Avec le concours de nos amis européens et d’autres, nous sommes en train de travailler pour que le traité qui va définitivement régler au plan international le droit de suite soit ratifié par notre pays et l’ensemble des pays signataires. Cela lui permettra d’accroître la possibilité que les artistes puissent bénéficier de leur labeur et du travail qui s’y fait.»

L’impact économique de la Biennale
Au-delà, le ministre a aussi salué l’important apport économique de la Biennale. Etant un moment important de rencontres et un centre d’attractivité touristique, il est clair pour Abdou Latif Coulibaly que cette Biennale a aussi son impact dans l’économie du pays. «Depuis plus de 15 jours, on ne peut plus réserver de chambre d’hôtel à Dakar», a-t-il noté. Et en ne comptant que les chambres réservées, les transports, les locations de lieux pour les expositions, entre autres, le ministre est persuadé que les 500 millions investis par l’Etat feront des profits de 3 ou 4 milliards de F Cfa. L’étude qui sera réalisée cette année par l’Ansd sur l’impact de la Biennale dans l’évolution économique du pays viendra certainement confirmer ou infirmer cela.
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