Plus de 4000 migrants sont morts ou portés disparus en tentant de rejoindre l’Espagne en 2021. Une année très meurtrière, selon l’Ong Caminando Fronteras. Par Justin GOMIS

– Le bilan fait froid au dos. Plus de 4000 migrants sont morts ou ont disparu l’an dernier lors de leur traversée en mer vers l’Espagne, soit deux fois plus qu’en 2020. La révélation  a été faite  hier par l’Ong Caminando Fronteras à travers un communiqué rendu public. D’après le document, c’est grâce aux appels des migrants ou de leurs proches sur ses numéros d’urgence qu’elle a pu recenser plus de 4404 migrants morts ou portés disparus dans les eaux espagnoles. Un bilan qui consacre cette année 2021 comme la plus meurtrière depuis 2015.
En 2020, l’Ong Caminando Fronteras a, en 2020, recensé 2170 morts ou disparus. D’ailleurs, le document précise que le bilan de cette Ong est bien supérieur à celui de l’Oim (Organisation mondiale des migrations). Laquelle, dit-on, a enregistré «au moins 955 morts ou portés disparus dans la traversée vers l’archipel des Canaries et 3224 vers l’Espagne continentale et l’archipel des Baléares depuis le Maroc et l’Algérie».  De l’avis de cette structure onusienne, relève le communiqué, «cette année 2021 est la plus meurtrière» depuis 1997.
«L‘immense majorité (4016) de ces migrants ont disparu en tentant d’atteindre les Canaries depuis le nord-ouest de l’Afrique, une route très dangereuse mais beaucoup plus empruntée ces dernières années en raison du renforcement des contrôles en Mé­diterranée», a expliqué María González Rollán, co-auteure du rapport annuel de l’Ong. Selon toujours le document, l’auteure qualifie même ces chiffres de douleur tout en déplorant la féminisation de ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Au moins 628 femmes et 205 enfants sont morts ou disparus cette année. De l’avis de la coordonnatrice de l’Ong Caminando Frontera, il y a un manque de moyens pour les sauvetages. Ainsi, elle met en cause la responsabilité des organisations criminelles de passeurs et l’absence de coordination entre le Maroc et l’Espagne. Une situation qui est due à la brouille diplomatique entre le Royaume chérifien et l’Algérie.
Dans le même sillage, informe en outre le document, plus de 10 000 migrants ont été accueillis en Espagne pour des raisons médicales à la mi-mai dans l’enclave espagnole de Ceuta, à la faveur d’un relâchement des contrôles par Rabat.
Si l’on se fie toujours au communiqué, «moins 37 385 mi­grants sont arrivés sur les côtes espagnoles en 2021, selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. En fait, l’Espagne demeure l’une des principales portes d’entrée des migrants clandestins en Euro­pe. 205 enfants sont morts».
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