Les rideaux de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations sont tombés ce dimanche à Yaoundé, la capitale camerounaise, avec le sacre du Sénégal face à l’Egypte (0-0, tab 4-2). Un premier titre continental pour le «Sénégal du foot» fêté à sa juste mesure par toute une Nation. Un mois durant lequel le continent a vibré au rythme des couleurs africaines. De Yaoundé à Bafoussam, en passant par Douala, Limbé jusqu’à Garoua. Une Can spéciale marquée par la pandémie du Covid-19 et un niveau de jeu boosté par la révolte des «petites équipes».ORGANISATION : Peut mieux faire

Le Cameroun peut se féliciter d’avoir pu organiser la 33e édition de la Coupe d’Afrique chez lui, sans beaucoup de couacs. Après les craintes d’un nouveau report à quelques jours du début de la compétition, les autorités camerounaises et les responsables de la Confé­dération africaine de football (Caf) ont réussi à sauver la plus prestigieuse compétition africaine. Un mois de communion et de partage, mais aussi de grandes rivalités entre Nations du football, dans le fair-play.

NIVEAU DE JEU  : La révolte des «petites équipes»
La 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations aura été pleine de surprises. En premier lieu, il y a eu l’élimination de la championne en titre, l’Algérie, dès le premier tour. Avec un seul point totalisé en deux matchs (0-0 face à la Sierra Leone et contre la Guinée équatoriale 0-1), les Fennecs seront lourdement battus par la Côte d’Ivoire (3-1).Une élimination qui aura surpris plus d’un. Beaucoup d’observateurs avaient pourtant averti sur le niveau de jeu des sup­posées «petites équipes» sur le continent. Et cela s’est vérifié. A l’image de la Gambie, de la Sierra-Leone, du Malawi ou encore du Zimbabwe. Ils ont séduit plus d’un, à l’image de la Gambie qui a atteint les quarts de finale pour sa première participation, avant d’être éliminée par le Cameroun. Il y aussi la belle équipe de la Guinée Equatoriale qui a réussi l’exploit de mettre fin à l’invincibilité de la championne en titre, l’Algérie, après 35 matchs sans défaite. Le Nzalang sera finalement éliminé par les Lions en quart de finale.
Mention spéciale aux îles Comores qui, pour leur première participation à une phase finale de Can, ont réussi l’exploit de se qualifier pour les huitièmes de finale et réalisé un match héroïque face aux Lions Indomptables (1-2), avec une équipe décimée par le Covid-19, sans gardien et réduite à dix tout juste au début de la rencontre.
Les Cœlacanthes ont fait chavirer les cœurs en Afrique, dans le monde entier et dans le monde virtuel. Pour protéger leurs cages, ils ont fait appel à Chaker Alhadhur, un arrière latéral. Le joueur de l’Ac Ajaccio (L2 française) n’a pas été ridicule, malgré les deux buts pris. Il a été héroïque à l’image de toute l’équipe.

LES STADES : Les pelouses de la polémique
Seulement, tout n’a pas été parfait pendant cette Can 2021. Surtout sur le plan des infrastructures. Sur ce chapitre, le Cameroun n’a pas vraiment répondu aux attentes en termes de qualité de pelouse. Surtout le gazon du Japoma Stadium, dont la qualité a été décriée par tous les acteurs.
Il faut dire que l’état des pelouses en Afrique est un mal collégial. En effet, la plupart des pays du continent ont beau bâtir des stades à l’architecture moderne mais on oublie souvent l’essentiel qui va produire du beau spectacle, à savoir la pelouse. Le stade de Japoma en est un exemple. Les footballeurs qui l’ont pratiqué ont vécu un calvaire. Un véritable champ de patates. Leur intégrité physique était même menacée. Le portier ivoirien, San­garé Badra Ali, en a fait les frais. En outre, les autres enceintes de la compétition ne permettaient pas, non plus, de pratiquer le meilleur football possible.

LE COVID : L’empêcheur de tourner en rond
Sur le plan de la pandémie du Covid-19, la gestion n’a pas été des meilleures. Avec un certain laxisme, le contrôle des tests au niveau des différents stades de compétition n’a pas été respecté. Si par moments, il suffisait de présenter un test négatif de plusieurs jours pour entrer au stade, pour d’autres, on n’avait nullement besoin d’un tel procédé. Surtout qu’à l’issue des deux premières journées, les gradins étaient presque vides. Pour pallier cela, les autorités locales ont simplement ouvert les portes au public. Il faut dire que le Covid-19 n’a jamais été un souci pour les riverains, pendant la Can, dont certains ne mettaient un masque que lorsqu’ils devaient se rendre au stade. Dans l’imaginaire des Camerounais, le Covid-19 serait un problème qui concerne les étrangers.
Effectués 48 heures avant chaque match, la fiabilité des tests a été aussi décriée par quasiment toutes les équipes participantes. A l’image de la Tunisie pour une dizaine de cas, les Comores, une dizaine, du Sénégal ou encore du Bur­kina Faso. Au contraire de la délégation camerounaise cu­rieuse­ment épargnée pendant quasiment toute la compétition. Des «incohérences» dé­criées par toutes les délégations.

SECURITE : La tache noire du drame d’Olembé
Au plan sécuritaire, la 33e édition de la Can aura été quasi parfaite. Malgré les craintes notées peu avant le début de la compétition, les autorités came­rounaises ont su répondre aux attentes niveau sécurité. Et cela, dans toutes les régions sélectionnées pour abriter les différents matchs. De Yaoundé à Bafoussam, en passant par Douala, Limbé jusqu’à Garoua, aucun incident majeur n’a été noté. Il faudra cependant regretter les 8 morts enregistrés au stade Olembé de Yaoun­dé et une cinquantaine de blessés, lors du huitième de finale opposant le Cameroun aux Comores.
Le drame a eu lieu au moment du contrôle des pass sanitaires. Devant la forte affluence de supporters, les Forces de l’ordre ont ouvert le portail de l’entrée sud du stade, provoquant un mouvement de foule meurtrier. Les autorités camerounaises ont mené une enquête qui a conclu à une «erreur humaine». Olembé a été suspendu pour les quarts de finale (puis rouvert pour la demie finale Cameroun-Egypte puis la finale). La Caf, après avoir reçu un rapport sur les circonstances du drame et les mesures de sûreté à prendre, le rouvrira. Cet événement tragique est le gros point noir de la Can 2021.
Malgré la menace de terrorisme suscitée avant le début de la compétition à cause de la menace des séparatistes armés dans les régions anglophones et celle des jihadistes dans le Nord, aucun autre incident n’a été noté à ce niveau.
Au-delà, il y a eu l’agression de trois journalistes algériens à Douala, tout au début de la compétition. Pour le reste, la sécurité était visible partout avec une présence impressionnante des militaires qui ont assuré la protection des différentes équipes ; autant au niveau des sites d’hébergement, des stades ou encore dans certaines artères des sites de compétition. Lourdement armés, ils étaient très présents lors des jours de matchs, avec en plus, l’appui d’hélicoptère. D’ailleurs, le jour de la finale, avec la présence du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, et de son épouse, ce fut un dispositif impressionnant qui avait a été mis en place au stade.

LE PAYS HOTE  : Vincent Aboubakar sau­ve le Cameroun
Le pays hôte, le Cameroun, pourra se consoler avec la médaille de Bronze, après une compétition chaotique où il a alterné le bon et le moins bon. S’ils ne figurent pas sur la liste des meilleures défenses de la compétition, les Lions Indomp­tables pourront se réjouir d’avoir la meilleure attaque du tournoi avec le meilleur buteur, Vincent Aboubakar. Auteur de trois doublés durant le tournoi, le capitaine des Lions Indomp­tables termine cette édition avec 8 buts, un exploit historique qui vient titiller le record du Congolais Ndaye (9 buts).

L’ARBITRAGE : Un léger mieux
Les arbitres dans l’ensemble se sont bien comportés sur l’aire de jeu. En témoigne cette belle promotion de la gent féminine avec la rwandaise, Salima Mukansanga, qui a officié correctement la rencontre Zimbabwe-Guinée (2-1). Cependant certains n’ont pas été à la hauteur. Celui du match Mali-Tunisie (1-0) en est une illustration. En effet, à la 85ème minute, l’arbitre zambien, Janny Sikazwe, a sifflé malencontreusement la fin de la rencontre. Une scène rocambolesque qui a suscité la colère mais aussi l’incompréhension du banc tunisien. En outre, plusieurs cartons ont été attribués de manière abusive.
Malgré les insuffisances observées, l’on peut affirmer que la Can s’est bien déroulée dans l’ensemble. Néanmoins, «ces erreurs humaines» doivent être corrigées en vue des prochaines éditions dont la Can 2023 en Côte d’Ivoire.