Un, deux, puis treize : Mamadou Ndione offre à son public un autre ouvrage. Autobiographique, ce dernier. Onze, douze puis treize : le maire de Diass noircit d’autres pages. Qui disent le parcours d’un recto et permettent à un verso d’explorer un autre genre littéraire.Par Moussa Seck – 

Un enfant. Une pose. Peut-être lui avait-on dit qu’un moment de photographie était d’une absolue solennité et qu’il fallait fixer de toute son âme l’objectif pour peindre un bout de son âme dans l’éternité de l’instant. A côté de lui, lui-même : moins dans la pose, toujours le regard fixe, cette fois-ci, avec des lunettes. Moins dans la pose mais dans l’une et l’autre photo, on fixe du regard quelque chose. Qui sait quoi ! Du temps a coulé et l’anonyme enfant est devenu cet homme qui a son nom dans la politique sénégalaise. L’enfant solennel ne sourit, l’adulte responsabilisé ne sourit. Entre les deux (qui sont fondus en arrière-plan), quelqu’un de plus décontracté, qui sourit : une autre version de l’enfant et du maire. Toujours, le Mamadou. Un enfant-recto, un adulte-verso, entre les deux, peut-être, la version synthétique qui fait page. Nombre de pages : 206. Titre de l’ouvrage : Mon histoire en recto verso. Tout ce qui précède : photo de couverture. Samedi 28 septembre 2024 : jour de présentation. Fatou Ndoye Ndione (épouse), El Hadj Hamidou Kassé (écrivain et ancien ministre), Assane Thiandoum et Moustapha Dieng (écrivain et journaliste) face au public, autour de l’auteur.

La fixation d’un cheminement à mi-parcours
L’enfant au regard fixe est devenu un adulte dont l’esprit a fréquenté moult thèses et des piles de pensée. Ce livre présenté à l’Harmattan, son treizième, «est une fixation d’un cheminement à mi-parcours». C’est le directeur de la maison d’édition qui en a ainsi parlé. Plutôt, l’historien. Pour Abdoulaye Diallo en effet, «le livre de Mamadou a cette spécificité qu’il peut servir de source demain, à celui qui va écrire sur l’histoire de la communauté sérère au Sénégal, sur l’histoire politique de manière générale, mais aussi et surtout sur l’histoire des différents partis politiques ou coalitions de partis dans lesquels Mamadou a eu à militer à un moment». Et, «c’est ça l’intérêt de son livre : ça veut dire qu’un étudiant en histoire, un étudiant en sociologie ou en sciences politiques qui veut demain travailler sur ces différentes questions peut trouver dans ces livres de Mamadou des éléments qui vont lui permettre d’améliorer et de creuser sa réflexion».
Mamadou Ndione est réputé économiste. Mais comment ! Comment passer des chiffres aux lettres, des formules d’une science qu’on peut dire dure, à la sensibilité des forgerons de vers, échaffaudeur d’histoires ? Question de El Hadj Hamidou Kassé. Lui-même y répondra. Comment ? Parce que l’enfant du recto et l’adulte du verso sont les personnages d’un individu qui est quatre. «Homme de plume», «homme de science», «homme de culture», «homme de communication, de synthèse, par conséquent», explique M. Kassé, est le maire de Diass. Et le livre de Mamadou Ndione, c’est Diass, Dakar, des écoles, des rues qui, certes, content une histoire particulière, mais, que beaucoup, dans l’assistance de l’Harmattan, pourraient faire leur. Font leur. Riche destin, que celui du «gymnaste du perron, que sa maman laissait franchir l’obstacle du perron seul» et qui «a pu franchir d’autres obstacles jusqu’à devenir maire de la commune de Diass». Anecdote du principal concerné. Et que c’est difficile de parle de soi ! Mais, comme les marches du perron qui n’étaient pas forcément accessibles, il fallait franchir cette treizième étape littéraire en autobiographie. Revisiter le parcours alors, «à la fois pour, disons, marquer l’histoire, mais surtout, également pour, à la lumière de ce parcours, mieux comprendre et mieux faire comprendre mes motivations».

Le petit gymnaste du perron a oublié de vous dire…
L’idée d’un «je» haïssable n’a en fin de compte pas été pesante dans l’esprit du maire, même si elle a été là. «C’était assez compliqué, mais j’ai pu y arriver parce que tout simplement j’ai fait un livre vrai.» Parce que «la vérité est la chose la plus facile à dire». Elle coule de source.  Livre de cœur, livre d’âme et d’esprit, «ce livre est comme la première partie des mémoires d’un homme de son temps», qui «part de l’enfance de son auteur et s’arrête en 2024». Et, «les séquences de cette vie pleine laissent entrevoir en toile de fond les désirs de réussite, de justice, de justesse et surtout de rendre service» qui caractérisent Mamadou Ndione, note professeur Assane Thiandoum. «Le gymnaste du perron» qui sera par la suite jeté «dans la gueule du champ de course» avant d’atterrir «au chaudron Dela-fosse» et de faire sienne la formule «Lux mea lex», guidé par sa «constellation de huit étoiles», offrira autant de chapitres que de séquences marquantes de sa vie. De son destin. De Dakar à la terre des origines. De son «diasstin», de la capitale à la commune qui le remercie via la prise de parole de ses fils présents à la cérémonie de présentation et de dédicaces. «Diasstin», mot ciselé par la plume du journaliste Mousta-pha Dieng. «Diasstin», comme «le destin qu’on se choisit». «Folles chevauchées dans les champs», «chasse à l’antilope» et «moissons avec son grand-père», ces séquences filmiques de l’âge d’insouciance de celui qui deviendra Monsieur le maire seront projetées par M. Dieng. Sans doute pour appuyer le fait que Mamadou Ndione n’aura jamais troqué l’héritage, en éducation, de grand-père, père et mère. «Dans la mare aux caïmans», «(…) Mamadou tint le pari de ne jamais  perdre son âme ou de vendre son âme de faux naïf comme il le dit au diable et autre diablotin de la politique». Mon histoire en recto verso dit ce qui précède et d’autres choses. Ou pas tout. «Le petit gymnaste du perron a oublié de vous dire dans le livre que son secret est aussi dans l’optimisme, son secret est surtout dans l’optimisme. L’optimisme qui est le verso du recto nommé détermination.
Optimisme et détermination.» De prendre note, a, à un moment, conseillé El Hadj Hamidou Kassé, aux plus jeunes au fond de la salle qui a abrité la cérémonie…