Birame Soulèye Diop en guerrier face à des cotonneux

Regardez-les s’indigner, telles des saintes nitouches, sur la déclaration de Birame Soulèye Diop, ministre distingué de l’Etat-parti Pastef. Ce dernier appelle à rendre les impolitesses sur la personne de Sonko. Comme si cette déclaration était spéciale, des «résidus» de l’opposition et d’autres «fumiers» de la Société civile ruent dans les brancards, en vraies madeleines. Ironie du sort, ils reproduisent individuellement, sans la même consistance, la façon de faire de Pastef autrefois dans l’opposition. Tout petit écart et chaque boutade passaient tendancieusement pour scandales et ignominies.
Le manège est poussé jusqu’à pointer du doigt l’inadéquation du lieu, temple du savoir, où le sieur Diop a déversé sa bile. Fumisterie ! C’est à l’université que la bibliothèque était la cible politicienne des étudiants. Ce sont les étudiants qui se battent à coups de machette pour renouveler leurs instances. Parce que la masse estudiantine avait servi au parti Pastef de vivier de préposés à la destruction de biens publics, Macky Sall avait fermé les universités. Comme par hasard, cette décision avait porté ses fruits, coupant l’herbe sous les pieds de ceux qui appelaient à l’insurrection.
Ça fait longtemps que la violence verbale est banalisée sur l’échiquier politique sénégalais. Il ne sert à rien de faire semblant, en faisant miroiter un idéal rompu de comportement chaleureux, amical et ouvert de l’environnement sociopolitique. Même certains militants de Pastef profitent de la sortie du ministre pour, cette fois-ci, régler des comptes personnels nés de rivalités politiques. Eh oui ! Du bord de l’opposition comme de l’autre, la démonstration est faite que la politique au Sénégal est au niveau le plus bas, le plus dérisoire. Saisir pêle-mêle des occasions fortuites pour se la jouer cool et clean.
Dans cet élan d’empressement inconsidéré et d’ardeur désuète, les oppositions sénégalaises finiront par s’étouffer mutuellement. Ce qu’il faut à chacune d’elles, ce sera s’organiser autrement. Pour ce faire, il faudra d’abord mettre sur pied des méthodes et des réseaux de vulgarisation et de persuasion. C’est dans cette perspective que jaillira une tête de file sur laquelle se grefferont finalement les autres. Tant qu’au sein de l’opposition un leader incontesté fera défaut, le parti Pastef se suffira à de simples palabres pour produire cette ambiance de compétition où, à qui mieux mieux, les oppositions, la Société civile, la presse et les autres se tamponneront.
Birame NDIAYE Waltako