Les rideaux sont tombés, mardi dernier, sur la 4ème édition du Forum du Mouvement panafricain des leaders, qui a débattu du thème : «Paix et sécurité en Afrique : la contribution de la jeunesse africaine.» La cérémonie, qui s’est tenue au Palais du gouvernement de Bissau, a été présidée par le Premier ministre bissau-guinéen, Nuno Gomes Nabia, qui s’est engagé à être le porte-parole de la jeunesse africaine auprès du Président Umaro Sissoco Embalo pour la prise en compte des recommandions formulées par les jeunes à l’issue du Forum de Bissau. Le prochain est prévu en 2023 à Moroni.
Ils ont des aspirations fortes. Lors de la 4e édition du Forum du Mouvement panafricain des leaders tenue en Guinée-Bissau (du 14 au 20 décembre dernier), la jeunesse africaine a formulé un mémorandum fort de 21 recommandations, destinées aux chefs d’Etat et à la jeunesse africaine, pour asseoir la paix et la sécurité dans le continent. Le Premier ministre bissau-guinéen, Nuno Gomes Nabia, qui a présidé la cérémonie de clôture du forum, s’est engagé à être le porte-parole des jeunes auprès du Président Umaro Sissoco Embalo, qui est aussi président en exercice de la Cedeao.
S’il a salué l’engagement de ces «jeunes soucieux du développement et du devenir de l’Afrique», le Premier ministre estime avoir «bien entendu leur cri du cœur». Pour lui, il est nécessaire pour les Etats africains, notamment de l’espace de la Cedeao, de travailler avec eux «pour traiter des questions relatives à la jeunesse pour mieux accompagner le développement et l’épanouissement de la jeunesse qui, si elle est bien formée et accompagnée, peut valoir à l’Afrique beaucoup de satisfactions». Il s’est réjoui de voir une jeunesse africaine plus «consciente et résiliente» qui tend à devenir une force de propositions constructives et non une force de contestation sans propositions d’alternatives réelles devant aider les décideurs africains. «C’est de cette jeunesse dont les leaders africains ont besoin pour construire le changement et l’Afrique que nous chérissons tant», dit-il.
Aujourd’hui, il y a la sérieuse question de la migration qui plombe la jeunesse africaine. Pour assurer la paix et la sécurité dans l’espace ouest-africain, notamment dans la zone qui compose le Sénégal, la Guinée-Bissau et la Gambie, le forum recommande aux Etats de travailler davantage pour l’effectivité du protocole 1979 en lien avec la libre circulation des personnes et des biens, le droit de résidence et d’établissement pour vivre pleinement la Cedeao des peuples. Sans oublier de renégocier les accords bilatéraux et multilatéraux avec les partenaires européens conformément à l’objectif 5 du Pacte mondial sur les migrations sûres, ordonnées et régulières, relatif à l’assouplissement de l’obtention des documents de voyage, promouvant ainsi la migration régulière, se doter d’une politique migratoire inclusive et participative adossée au cadre de politique migratoire de l’Union africaine pour la gestion et les gouvernances des migrations.
Selon le forum, la Guinée-Bissau doit engager une réforme institutionnelle pour renforcer les dispositions sécuritaires au niveau des frontières, mettre en place une force conjointe entre le Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau pour renforcer la sécurité au niveau de l’espace sous-régional.
Formation, protection des jeunes… : Les recommandations de Bissau
Pour permettre aux femmes de jouer pleinement leur rôle dans la prévention des conflits en Afrique, le Mouvement panafricain des leaders a recommandé aux Etats de travailler à atténuer les vulnérabilités des femmes et des enfants dans les conflits armés en Afrique en fournissant une plateforme pour le plaidoyer stratégique, en renforçant les capacités et le réseautage. Mais aussi et surtout de faire en sorte que les processus de paix en Afrique soient façonnés avec la contribution du leadership et de la participation des femmes. Le mouvement n’a pas occulté le rôle important que la jeunesse africaine doit jouer dans le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.
A l’issue du forum, il a été fortement recommandé à ces derniers de prendre conscience de leur rôle de citoyens modèles et d’être des artisans de la paix, d’aider leurs semblables à comprendre les enjeux liés aux questions de développement local dans ces contextes de globalisation du monde, afin de forger une Société civile responsable, garante de la paix et de la sécurité, de la nécessité de maîtriser les contours de la décentralisation des enjeux démocratiques, économiques, sécuritaires et géopolitiques, et jouer pleinement le rôle de la veille citoyenne. Il a aussi été conseillé de mettre en place des actions de formation et de sensibilisation en faveur des populations issues des zones rurales pour mieux comprendre les actions citoyennes pour plus de solidarité, de tolérance vis-à-vis de la culture de l’autre dans le but de jouer un rôle actif dans la reconstruction de l’Afrique.
Pour le président Afrique du Mouvement panafricain des leaders, Dr Landing Biaye, la thématique de la 4ème édition du forum suggère de «regarder la réalité en face». Ce, au regard de la montée de l’insécurité et des multiples menaces contre la paix et la stabilité en Afrique, devenue «l’épicentre du terrorisme». A en croire Dr Biaye, «l’Afrique compte plus de 30 millions de réfugiés ou de personnes déplacées internes. L’Afrique ne peut pas et ne doit pas compter que sur l’appui extérieur pour lutter contre l’insécurité». A ses yeux, «c’est un acte de souveraineté que les Etats africains doivent travailler de concert pour assumer». Les présidents du Mpl, venus des pays lusophones, anglophones, arabophones, francophones, se sont tous félicités de la réussite du forum et ont encouragé les jeunes à plus de patriotisme et d’engagement. Le forum leur a permis de demander aux chefs d’Etat de consentir à un investissement accru dans la santé des populations, l’éducation et la formation. Ils ont également exhorté les Etats à ériger la bonne gouvernance comme principe de gestion qui aide à la prise de bonnes décisions au plus haut sommet. Les îles Comores ont été désignées comme organisatrices de la 5e édition.
Pour rappel, la Guinée Conakry a accueilli le forum en 2017, le Sénégal en 2018, la Mauritanie en 2019 et la Guinée-Bissau en 2022.
Par Pape Moussa DIALLO (A Bissau)