Le blocage de l’extraction du phosphate des Industries chimiques du Sénégal (Ics) par les populations de Tobène à Méouane va priver d’eau une bonne partie des communes de sa zone d’implantation. Les Ics, qui ont annoncé ce week-end la nouvelle aux autorités administratives du département de Tivaouane, justifient : «Le contexte actuel de blocage des activités de la mine (décapage) par les populations de Tobène fait que l’eau qui était prélevée au niveau de l’extraction n’est plus suffisante pour faire tourner les usines de traitement de phosphate et d’acide.» Par conséquent, indiquent les responsables de l’entreprise, «il est fort possible que les Ics soient amenées à réduire les quantités d’eau fournies aux villages. Si la situation de blocage du décapage continue, la société risque d’arrêter ses unités de traitement par manque d’eau ou de dévier vers les usines l’eau qui était envoyée aux villages» parce que, indiquent-ils, «en plus d’alimenter les villages, l’eau provenant de ces forages est utilisée comme appoint dans le processus de traitement du minerai et la fabrication de l’acide phosphorique».
Une situation qui risque de priver d’eau une vingtaine de villages de Darou Khoudoss et Méouane et des quartiers de Mboro. Lesquels sont approvisionnés quotidiennement à partir des forages et puits des Ics pour un débit cumulé de 174 mille litres par heure. Les populations ont bloqué depuis janvier 2020 le projet d’avancement de la mine, parce que ne voulant pas l’application du barème consensuel départemental d’indemnisation de 1 million 050 mille francs Cfa et appliqué dans tout le département de Tivaouane, parce qu’à les en croire, «on ne peut pas détourner un paysan de sa source de subsistance et de survie, ses terres qu’il exploite depuis plus d’un siècle, avec un barème aussi dérisoire et insignifiant par rapport aux préjudices subis. Nous ne refusons pas de céder nos terres, mais il faut un barème d’indemnisation équitable qui sera à la hauteur des dégâts collatéraux que les Ics infligent aux populations riveraines». Et donc, avaient-elles réclamé, «une indemnisation de 20 millions de francs Cfa par hectare et non par dénombrement».
Interpellées, les Ics avaient précisé que les champs en question se trouvent dans le domaine minier et qu’elles ont le droit de les exploiter. «Le fond du problème, que les populations ne disent pas, c’est qu’elles veulent la même indemnisation que les populations de Mbar Diop et Mbar Ndiaye, délocalisées à Pire par les Ics. Lesquelles populations avaient implanté dans leurs champs des arbres fruitiers.» Par contre, «les terrains des populations de Tobène sont nus». Selon les Ics, «les deux indemnisations ne peuvent pas être les mêmes. Les populations qui ont des manguiers et autres anacardiers dans leurs terrains gagnent plus que celles qui ont des terrains nus, même si elles ont la même superficie». En tout cas, les Ics avaient tenu à faire savoir qu’elles ont appliqué «le barème départemental de la commission compétente présidée par le préfet». Lequel barème, disaient-elles, «est applicable dans toutes les communes du département de Tivaouane. Et il est meilleur que celui que l’Etat propose parce qu’il est consensuel». Elles avaient ajouté qu’elles ne peuvent «pas négocier avec chaque propriétaire de champs». Par conséquent, avaient-elles demandé lors des réunions de la commission dé­par­tementale, présidée par les autorités administratives, «l’application du barème consensuel départemental sur les 6 ha de Tobène». En plus de ce barème, «les Ics ont consenti à donner un million de francs Cfa par ha à titre de don pour aider les paysans».