Les dirigeants du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba, ainsi que le Président élu argentin Alberto Fernandez et l’ancien Président brésilien Lula ont tous dénoncé un «coup d’Etat» contre Evo Morales qui a démissionné après des semaines de manifestation contre sa réélection en octobre et lâché par la police et l’Armée.
«Nous condamnons catégoriquement le coup d’Etat survenu contre le frère Président Evo Morales», a écrit sur Twitter le Président vénézuélien.
C’est un coup dur pour Nicolas Maduro, car avec le départ de Evo Morales, le Président vénézuélien perd l’un de ses principaux alliés en Amérique latine. Pour l’opposition vénézuélienne au contraire, le départ de Evo Morales ne pouvait pas mieux tomber. Pour Juan Guaido, cette démission est le signe d’un «ouragan démocratique en Amérique latine» et il invite tous les Vénézuéliens à le rejoindre dans la rue le 16 novembre prochain, afin d’imiter les Boliviens et de pousser Nicolas Maduro vers la sortie.
Le Président cubain Miguel Diaz-Canel a lui aussi condamné le «coup d’Etat violent et lâche de la droite contre la démocratie en Bolivie». «Le monde doit se mobiliser pour la vie et la liberté de Evo», a déclaré Diaz-Canel sur Twitter, avec le hashtag #EvoNoEstasSolo (Evo, tu n’es pas seul).

Soutien de l’Espagne et de la Russie
Autre allié de Evo Morales, le Nicaragua a «condamné énergiquement le coup d’Etat » contre le Président bolivien. «Nous exigeons que l’on respecte sa liberté, son intégrité physique et sa vie», a déclaré dans un communiqué le gouvernement du Président nicaraguayen Daniel Ortega. Le chef de la diplomatie mexicaine, Marcelo Ebrard, a lui aussi qualifié de «coup d’Etat» ce qui s’est passé à La Paz.
Le gouvernement espagnol du social-démocrate Pedro Sanchez a également pris position. «L’Espagne condamne le fait que le processus ouvert en vue de la convocation d’élections (dimanche par Evo Morales) a été biaisé par l’intervention des forces armées et de la police qui ont demandé à Evo Morales de présenter sa démission», a indiqué le ministère espagnol des Affaires étrangères dans un communiqué. «Cette interven­tion (de l’Armée et de la po­lice) nous ramène à des époques passées de l’histoire latino-amé­ricaine», a ajouté le ministère.
Moscou dénonce les violences d’opposition ayant forcé Morales au départ. «Une vague de violence déclenchée par l’opposition a empêché Morales d’achever son mandat présidentiel», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères, estimant que le pouvoir bolivien «voulait une solution sur la base d’un dialogue politique, mais à la place les évènements ont pris une tournure rappelant le scénario d’un coup d’Etat» a dénoncé Moscou.

Lula prend position en opposition à Bolsonaro
Sur l’autre bord de l’échiquier politique sud-américain, le Président d’extrême droite Jair Bolsonaro a attribué la chute de Evo Morales aux fraudes commises, selon l’opposition bolivienne, dans les élections d’octobre. «Les dénonciations de fraudes ont abouti à la démission du Président», a écrit le Président brésilien sur Twitter. Mais son adversaire de gauche, l’ancien Président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, sorti vendredi de prison à la faveur d’un arrêt de la Cour suprême, a condamné un coup de force. «Je viens d’apprendre qu’il y a eu un coup d’Etat en Bolivie et que le camarade @evoespueblo a été obligé de démissionner», a écrit sur Twitter Lula, qui a été, lorsqu’il était Président, un allié proche de Evo Morales. «Il est lamentable que l’Amérique latine ait une élite économique qui ne sait pas accepter la démocratie et l’inclusion sociale des plus pauvres», a ajouté Lula.

L’Organisation des Etats américains appelle au «respect de la loi»
«Le secrétariat général appelle à la paix et au respect de la loi» et demande «une réunion urgente» du Parlement bolivien «pour garantir le fonctionnement des institutions et nommer de nouvelles autorités électorales pour garantir un nouveau processus électoral», a indiqué l’Oea dans un communiqué. L’organisation, qui rassemble 35 pays d’Amérique du Nord, du Sud et des Caraïbes, demande aussi que «la justice continue à enquêter sur les responsabilités concernant les crimes commis» lors du premier tour de l’élection présidentielle le 20 octobre.