Bonjour la Coalition Diomaye Président ! Au revoir le Projet ?

Face aux dissensions notées au sommet de l’Etat, est-il toujours permis de croire en la concrétisation du «Projet Pastef» ? Rien n’est moins sûr au regard des discours mitigés de certains des hauts responsables du parti et des agitations de la Coalition Diomaye Président. En effet, au-delà des interrogations sur le bien-fondé de cette coalition, on assiste chaque jour à un glissement insidieux du rôle de restructuration qu’elle dit porter vers une mission de soutien à la mise en œuvre du programme politique du président de la République, sur fond de massification. Quid alors du Projet en vertu duquel Monsieur le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été investi candidat à la Présidentielle, en mars 2024, sur l’initiative même de Ousmane Sonko ? Sommes-nous en face d’une substitution du projet par le programme, en gestation, porté par la Coalition Diomaye Président, ou d’une tentative de main basse sur ce dernier ?
En tout état de cause, les Sénégalais ont voté pour le Projet qu’ils espèrent les sortir du marasme économique dans lequel ils sont plongés depuis des décennies, et ne sauraient s’accommoder d’une quelconque déviation. Quant aux militants inconditionnels de Pastef, ils ne sauraient avaler cette pilule amère susceptible d’empoisonner leur organe politique. Eu égard aux sacrifices qu’ils ont consentis pour assurer la victoire du Projet, à toutes les étapes, ces militants disent à qui veut l’entendre que rien n’est au-dessus du Projet. Leur révolte est d’autant plus légitime qu’elle s’oppose à toute forme d’immixtion dans le Projet d’une caste de politiciens qui a plongé le pays dans le désastre économique dans lequel il se trouve. La réussite d’un projet est fortement tributaire du rôle primordial de son concepteur qui fixe les objectifs, relativement à son caractère Smart (Spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporel) après un diagnostic Swot (Forces, faiblesses, opportunités, menaces). Mais également, il appartient au concepteur, avec son équipe, de définir les indicateurs de mesure et les mécanismes de son évaluation. Tâches complexes que seul le concepteur peut piloter.
Au-delà de ces éléments standards, la réussite d’un projet, surtout politique, nécessite une forte adhésion populaire. Ce qui est le cas pour le Projet porté par Pastef, sous l’égide de son président Ousmane Sonko. Alors que la coalition donne l’image d’un serpent qui ondule sournoisement pour envenimer les relations entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Diakhar Faye, gage de la transformation économique et sociale du pays. Le rejet manifeste sur lequel bute la fameuse coalition, procède d’une conviction fortement ancrée dans l’esprit des citoyens qui ne perçoivent pas le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye comme la sentinelle inébranlable du Projet Pastef. Ils le considèrent objectivement comme le produit d’un concours de circonstances qu’il n’est pas du tout souhaitable de revivre. Ceux-là qui vivent pour le Projet et entretiennent l’espoir d’une reconquête des patrimoines économiques n’entendent pas baisser la garde. Dans leur vision futuriste du Sénégal, le concept de souveraineté nationale ne doit nullement être vicié par des rentiers sans scrupule et opportunistes à souhait. Ceci constitue l’un des objectifs majeurs inscrits en premier plan dans le Projet dont la traduction en actions concrètes est clairement déclinée dans l’agenda Sénégal 2050. Sous ce rapport, nous en appelons à la clairvoyance du Président Diomaye Faye.
En dehors de cette invite adressée au Président, nous attirons l’attention sur les dangers d’un accaparement des institutions de la République et de certaines instances administratives (directions, services, etc.) de concrétisation du Projet par des militants de Pastef. Sans doute, ils ont consenti beaucoup de sacrifices pour le changement intervenu à la tête du pays, mais il n’en demeure pas moins vrai que sans les électeurs non encartés, les résultats de la Présidentielle seraient tout autre. En plus de cela, il n’est pas évident que toutes les compétences que requiert la réussite du Projet soient dans le périmètre du parti Pastef. En effet, il nous est revenu qu’il se susurre que certains responsables de haut rang du parti œuvrent pour le contrôle exclusif de la quasi-totalité des services clés de l’Administration. C’est une propension dangereuse en ce sens qu’elle porte les germes d’un clientélisme politique, du favoritisme et du népotisme, autant de biais qu’il faut impérativement écarter de la marche d’un Etat. Il en va de l’intégrité des agents, mais surtout des politiques qui doivent stimuler l’égalité des chances dans un pays dont la jeunesse aspire à s’instruire et servir dignement. Faute de quoi, la marche de l’Etat restera toujours sujette aux avatars d’un système fortement décrié, mais qui résiste et se mue pour s’adapter et continuer à dérouler autrement ses plans destructeurs.
Aussi, nous invitons le Président Diomaye et le Premier ministre à méditer sur la sortie du Doyen Mamadou Diop Decroix, une icône politique sénégalaise : «Si le tandem Diomaye-Sonko échoue, vaut mieux remettre le pays entre les mains de «Kor Gnagna», c’est-à-dire le Blanc.»
Mamadou FAYE
Grand-Yoff

