Boubacar Boris Diop trouve «scandaleux» l’emprisonnement de Guy Marius Sagna. Selon l’écrivain et intellectuel, c’est le slogan «France dégage» qui dérange les autorités politiques. Il invite le système judiciaire à faire «son examen de conscience».
Le Professeur Boubacar Boris Diop n’a pas mis de gants pour exprimer son amertume face à l’emprisonnement de Guy Marius Sagna. «J’ai beaucoup d’admiration pour Guy Marius Sagna. Je pense que ce qui lui arrive est tout juste un scandale. Notre système judiciaire doit faire son examen de conscience», a-t-il dénoncé hier en marge de la célébration du 34e anniversaire de la mort de Cheikh Anta Diop. Il estime que le fait de maintenir cet activiste en détention, après avoir libéré tous ses codétenus, est juste une «ruse». «Finalement, garder quelqu’un en prison avec l’idée un peu mesquine pour dire en fin de compte que ‘’oui, boy bi dagnoukoye yar (Ndlr : Nous allons éduquer le gosse)’’… On le garde en prison, et puis après, au fond on n’a rien à lui reprocher», assure-t-il. M. Diop pense ainsi que «quand vraiment la liberté des citoyens se trouve prise dans un tel étau, il y a des raisons d’avoir peur». L’écrivain souligne pourtant que Guy Marius Sagna devrait être écouté. «Son combat est important. Je crois que là où il dérange le plus, c’est quand il dit France dégage», dit-il.
Et justement, l’intellectuel demande également la réhabilitation de la politique en Afrique. «Finalement, nos pays sont malades de leurs politiciens, de leurs dirigeants. Et Cheikh Anta Diop, sa vie durant, en acceptant d’être minoritaire, savait qu’il était à l’avant-garde, mais il a accepté. Il y avait chez lui le souci permanant de trouver des solutions pratiques», rappelle-t-il. Il ajoute : «Cheikh Anta Diop était un politique, mais pas un politicien. Il n’a pas créé des partis pour chercher le pouvoir, être élu à tel ou tel poste. On lui a proposé 20 postes de député, on lui a proposé d’être Premier ministre, etc., mais il a toujours décliné. Il n’a jamais voulu jouer la carte ethnique cet homme-là. C’est quelqu’un qui a forcément dérangé des gens qui étaient prêts à tout pour arriver à leurs fins.»