Quelle appréciation faites-vous de la fixation de la caution à 15 millions pour les Législatives ?

Je trouve le montant trop élevé dans le contexte d’organisation de deux élections en l’espace de 6 mois.

Faut-il supprimer ou maintenir le parrainage ?
Je ne suis pas opposé au principe du parrainage. Par contre, je suis absolument contre l’utilisation de ce mécanisme pour écarter des candidats comme ce fut le cas à l’élection présidentielle de 2019. De plus, le parrainage citoyen doit permettre de juger aptes à participer à la compétition électorale, plusieurs candidats ou listes. En imposant un parrainage unique par citoyen, le pouvoir a mis en place un système dans lequel il est matériellement impossible d’avoir suffisamment de citoyens inscrits pour couvrir en même temps la totalité de la demande de parrainages. On ne doit donc pas s’étonner que la justice communautaire bannisse le parrainage. Enfin, les modalités de contrôle et de dépouillement du parrainage doivent être convenues et mises en œuvre par toutes les parties concernées. On doit envisager un parrainage citoyen limité à un nombre consensuel de candidats ou de listes, fixé à l’avance, avec un contrôle contradictoire.

Pourquoi le Pcs/Jengu tabax a décidé de quitter la coalition Yewwi askan wi ?
Le Secrétaire général national du parti, Mor Ndiaye, s’est largement exprimé sur cette sortie. Je voudrais juste ajouter que le parti a agi pour rester dans ses convictions que rien de sérieux ne peut se faire dans la violation des règles que l’on se fixe. Le Pcs/Jengu tabax est un jeune parti dont les membres ont été forgés dans des valeurs cardinales. L’accent est mis sur une façon de faire la politique fondée sur la constance, la cohérence et la primauté de l’intérêt général sur l’intérêt personnel. Il est bon de rappeler que la devise du parti est : Respect-Travail-Transparence.

Quand votre parti considère dans un communiqué que Yewwi askan wi a fait la part belle à certains leaders, vous parlez de qui ?
C’est une page tournée. Par respect pour les militants sincères de l’opposition, je me garde de remuer le couteau dans la plaie.

Croyez-vous à une cohabitation ?
Il ne s’agit pas de croire ou ne pas croire à la cohabitation. La cohabitation est le choix des électeurs qui décident de confier la majorité parlementaire à l’opposition, donc ce serait un résultat sorti des urnes. Nous travaillons pour que l’opposition soit majoritaire à l’Assemblée nationale.

Quelle est votre conception de la cohabitation aux Législatives du 31 juillet 2022 ?
Ce serait une avancée formidable pour la démocratie au Sénégal, une belle épreuve de la solidité de nos institutions et un véritable contre-pouvoir. Elle permettrait, entre autres, de déchirer les lois liberticides, de renforcer la gouvernance publique et d’engager les réformes que l’Exécutif peine à entreprendre, notamment la réforme du travail et de la commande publique. La cohabitation n’est pas de l’arithmétique. Pour qu’elle soit un prélude à l’alternance de 2024, il faut que le bloc de l’opposition à l’Assemblée s’entende sur un programme minimum et que la transhumance soit bannie.

Comment appréciez-vous la réduction des prix des denrées de première nécessité ?
C’est une opération de séduction politique. Cette baisse ne peut être ni durable ni substantielle. En effet, un pays qui ne produit pas ce qu’il consomme, n’investit pas suffisamment dans les secteurs à croissance inclusive comme l’agriculture, la pêche, l’élevage, le tourisme, l’artisanat et les industries culturelles, oublie la transformation industrielle, finance son développement à partir de l’endettement public, importe les produits pétroliers pour tous ses besoins, est forcément exposé aux chocs exogènes surtout dans un contexte de pandémie, de hausse du prix du baril du pétrole et de tension avec la guerre en Ukraine. De plus, c’est une baisse financée par du «suul bukki, sulli bukki», on se déleste de recettes fiscales à hauteur d’une cinquantaine de milliards pour emprunter sur le marché obligataire le même montant. On ne développe pas un pays avec de la gymnastique financière. C’est un changement de cap qu’il faut.
Vous appelez à un grand pôle de l’opposition lors des Législatives. Ne craignez-vous pas d’y rencontrer ce que vous dénonciez au sein de la coalition Yewwi ?
Notre appel comporte deux parties. D’abord, une invite à mettre en place une coalition politique avec tous les acteurs politiques de l’opposition qui se retrouvent autour d’un programme commun et projettent de conquérir le pouvoir ensemble et de gouverner ensemble. Le directoire pour bâtir cette nouvelle voie est constitué et les concertations sont en cours. Vous aurez bientôt la composition de cette nouvelle coalition. Ensuite, notre appel est une initiative pour une plateforme électorale en vue des élections législatives du 31 juillet 2022. Cette plateforme se veut ouverte et consensuelle. Je ne crains rien car j’ai tué en moi la part de pessimisme et d’impatience. Je suis formaté pour faire face à toutes les situations. Bien évidemment, nous tirerons les leçons de l’expérience dans Yaw, notamment pour les investitures afin d’éviter les graves manquements enregistrés.

Un an après les émeutes de mars, il n’y a aucune suite judiciaire. Qui sont les responsables selon vous ?
C’est à la Justice de les identifier. Par contre, il est clair que rien ne peut justifier l’instrumentalisation des institutions de la République pour éliminer un adversaire politique. Malheureusement, c’est devenu une spécialité sénégalaise.

Quelle lecture faites-vous du rapprochement entre les Libéraux ?
Pour le moment, on en est aux rumeurs et supputations. Permettez-moi de m’assurer du fait avant de m’inquiéter pour la cause ou de porter un jugement.