Bouillonnement artistique de Dakar : Philippe Lalliot sous le charme

Pour l’un de ses tout derniers évènements culturels à Dakar, l’ambassadeur de France, Philippe Lalliot, a choisi d’exposer quelques photos de Malick Welli. Le photographe sénégalais y présentait quelques photos de ses séries «Homecoming» et «Idol».
Par Mame Woury THIOUBOU – Après quatre ans au Sénégal, Philippe Lalliot, l’ambassadeur de France à Dakar, s’apprête à quitter le pays. L’un des derniers évènements culturels qu’il organise a été l’exposition de quelques photographies de Malick Welli. Le vernissage, qui s’est tenu ce mercredi, a permis au diplomate de dire tout l’intérêt qu’il porte au travail du photographe sénégalais. «Malick Welli est un des plus grands photographes de sa génération au Sénégal, qui a un regard très imprégné d’une tradition photographique qui remonte à loin. Mais aussi un regard très neuf», explique le diplomate tombé sous le charme des œuvres de l’artiste. «Cette façon de travailler sur les codes, sur la tradition, et de lui donner une modernité, est très intéressante. Et c’est un des jeunes photographes qui rencontrent le plus de succès au Sénégal et à l’international. Je suis très heureux de l’accueillir ici et de pouvoir exposer une toute petite partie de son œuvre dont des argentiques, des noirs et blancs dont certains qui remontent assez loin, pour justement permettre de comprendre ce qu’a été le cheminement intellectuel d’un photographe comme Malick Welli ces dix dernières années», poursuit M. Lalliot. Dans les salons de la résidence de l’ambassadeur, des photos appartenant à deux séries de Malick Welli sont exposées. Homecoming est une plongée dans l’univers de la famille paternelle de l’artiste. «Je suis allé un jour dans le village de mon père, dans le Saloum, avec un cousin. J’ai appris à apprécier la beauté avec cette famille et avec les photos que ma mère gardait dans ses tiroirs. C’est une série qui m’est chère et que j’ai intitulée Homecoming, et qui parle de mes origines, qui rend hommage à la photographie de studio des années 50 et 60. Mais ces photos sont différentes parce que les photos d’époque sont des photos de studio, alors que là, il s’agit de mise en scène dans des pièces très intimes», raconte Malick Welli. Ces photos, qui datent de 2012, sont la première série de l’artiste. Depuis, beaucoup d’expositions et de nouvelles séries parmi lesquelles Idol. Il s’agit d’une réflexion sur la place des Noirs dans la religion musulmane. «Le Noir a été effacé dans l’islam alors qu’on a toujours occupé une bonne place, en partant de Bilal, le premier muezzin de l’islam, que des gens disent souvent être l’esclave du Prophète alors que c’était plutôt son compagnon.» Cette série retrace ainsi cette identité noire dans l’islam, de Bilal à Malcom X. Et au moment où une partie de Homecoming enchante les visiteurs de la résidence de France, l’autre partie est exposée aux Pays-Bas. Et sur les murs du grand salon de la résidence, des photographies achetées par l’ambassadeur. Il s’agit de portraits dans l’esprit des œuvres de Sala Kassé ou Malick Sidibé. «C’est un grand photographe et je pense que c’est important d’essayer de comprendre la manière dont il travaille et de l’accompagner lui et d’autres comme Vincent Michea que nous avons accueilli ici», souligne l’ambassadeur Lalliot. Et pour l’artiste, exposer dans cette résidence est tout simplement symbolique. «C’est important pour moi de participer à cette mémoire que nous avons en partage», dit-il.
Bouillonnement artistique : Philippe Lalliot sous le charme de Dakar
Après quatre années de présence au Sénégal, Philippe Lalliot s’apprête à quitter le Sénégal. Mais le diplomate emporte de ce pays des images. Celles d’un bouillonnement artistique qui fait que la capitale sénégalaise «est en train de s’imposer comme un des grands centres, des plus dynamiques et innovateurs dans tous les domaines de l’art, en Afrique de l’Ouest particulièrement».
L’ambassadeur de France au Sénégal, qui a accepté de dérouler son cahier des grands moments en marge de l’exposition du photographe Malick Welli, insiste sur cette dynamique culturelle qui s’est emparée de Dakar. «On a un secteur qui est en train de se structurer, de se professionnaliser. Il n’y a pas d’artiste s’ils ne peuvent pas vendre leurs œuvres. Il faut donc organiser le marché, et je suis très frappé de voir en seulement 4 ans, s’ouvrir des galeries ici. On a vu arriver Océane Harati, Selebeyoon, Quatorze huit, Trames et pleins d’autres lieux qui exposent les artistes, les vendent, et cela entretient ce foisonnement», souligne-t-il. Une dynamique à laquelle la Biennale de l’art africain contemporain a servi de catalyseur sans nul doute. «La Biennale d’art, un moment extrêmement important de visibilité pour les artistes africains de manière générale. Et on essaie d’accompagner cela modestement. Mais il y a aussi la musique, le cinéma, etc.» Philippe Lalliot évoque ainsi le Défilé Channel de Dakar comme un grand moment. «Channel était impressionnée par ce qu’ils ont trouvé. On parle d’une des plus grandes maisons de luxe au monde avec un niveau d’exigence, un regard acéré et des demandes très particulières, mais ils ont trouvé dans le domaine de la maroquinerie, de tous les domaines qui les intéresse, ce qui se fait de mieux au monde ici au Sénégal.»
De ses quatre ans de présence au Sénégal, l’ambassadeur Lalliot garde des images et des lieux. Mais aussi des moments qui ont contribué à faire une réalité de cette Teranga sénégalaise. «Traditionnellement, les ambassadeurs de France restent trois ans, parfois quatre. Mais les circonstances ont été un peu particulières. Je suis arrivé en août 2019, et il y a eu Covid-19 six mois après, pour presque deux ans. Le temps est donc passé très vite ici au Sénégal, où j’ai été très heureux. Je boucle ce séjour avec beaucoup de nostalgie déjà, même si je ne suis pas encore parti. J’ai été très heureux de travailler avec le Président, le gouvernement et tous ceux que j’ai eu à rencontrer. Ç’aura été un moment très marquant de ma carrière personnelle», dit-il.
mamewoury@lequotidien.sn
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