Le programme des Bourses de sécurité familiale a-t-il permis de réduire la pauvreté depuis le début de sa mise en œuvre ? C’est la question que les députés de l’opposition ont posée hier à Mansour Faye, lors du vote du budget de son département. Une question à laquelle le ministre du Développement communautaire a répondu, soutenant que même s’il n’y a pas eu d’études d’envergure, l’impact de ce programme est positif.

La séance plénière pour le vote du budget du ministère du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale était aussi l’occasion d’aborder les programmes de Couverture maladie universelle (Cmu) et de Bourses de sécurité familiale. Intervenant sur le programme de Bourses de sécurité familiale, Aïda Mbodj a préconisé une étude d’impact. Selon la députée, c’est ce qui permettra de savoir si ce programme a permis de réduire la pauvreté. Cette étude, souligne-t-elle, est importante pour montrer les insuffisances. Son collègue Mamadou Lamine Diallo va plus loin, soutenant que ce programme ne marche pas parce qu’on ne sait pas s’il a permis de sortir les gens de la pauvreté ou pas. Le député a énuméré 3 raisons qui montrent l’échec de ce programme. D’après M. Diallo, il y a «des passagers clandestins», c’est-à-dire des gens qui sont enrôlés dans ce programme et qui ne devraient pas l’être. A l’en croire, le nombre de ces personnes peut atteindre 5 à 10% des bénéficiaires. Si c’est 10%, M. Diallo estime que 3 milliards de F Cfa ont été donc perdus dans ce programme.
Répondant à cette attaque, le ministre Mansour Faye a soutenu que «la meilleure façon de savoir si le programme est bon ou pas c’est d’aller sur le terrain et demander aux populations». Sur les erreurs d’inclusion, il les a reconnues, précisant que tout ce qu’ils peuvent faire c’est de contrôler. De même, M. Faye a souligné qu’une étude d’envergure n’a pas été faite. Mais, promet-il, des études macro vont être lancées et le processus dans sa globalité va être revu pour toujours l’améliorer. Dans la même veine, il indique que le processus de certification sera «relancé par les services du département pour apurer le Registre national unique des bénéficiaires afin d’en tirer tous les allocataires injustement intégrés et ainsi réduire les erreurs d’inclusion». Il a précisé par la même occasion que le «problème d’enrôlement de nouveaux ménages est dû au fait qu’il n’y a pas eu de sortie depuis son lancement».
Dans le but d’aider les bénéficiaires à sortir de la pauvreté, le ministre renseigne que «des projets portant sur des activités génératrices de revenus sont en phase pilote». Selon M. Faye, «l’objectif est de leur permettre d’accéder à l’autonomie financière». Parlant de l’impact de ce programme, Mansour Faye a fait savoir que «les chiffres de la Banque mondiale démontrent aujourd’hui une baisse de 4 points de la pauvreté depuis 2012». De même, il souligne que par rapport à l’Indice de développement humain, «le Sénégal occupe la première place au sein de l’Uemoa». Tout cela, soutient-il, montre que le programme a un impact positif.

Mise en œuvre de nouveaux programmes
Des députés ont ainsi plaidé l’augmentation des crédits accordés à la Couverture maladie universelle (Cmu) afin que l’initiative puisse continuer à être soutenable pour les structures sanitaires. Sur ce point, le ministre a reconnu les difficultés que rencontrent certaines structures, liées à la dette de la Cmu. Il a tenu à rassurer en indiquant que la Lfr 2 a prévu des ressources destinées à la prise en charge de cette dette. Il a été demandé aussi l’extension de la Cmu aux Sénégalais de l’extérieur. Mansour Faye a rassuré les députés, soutenant qu’après «le lancement de la Cmu élève et la Cmu daara, l’objectif global est de permettre à 75% de nos compatriotes de bénéficier de la couverture sanitaire d’ici 2 ans».
Dans les débats, l’attention du ministre a été également attirée «sur l’équité qui devrait prévaloir dans le choix des localités devant abriter ces différents projets et programmes». A ce sujet, Cheikh Tidiane Gadio a fait savoir qu’il «est temps qu’on pense au reste du Sénégal». Soutenant que «le Sénégal ne s’arrête pas à Dakar», M. Gadio propose des plans Marshall pour les grandes régions périphériques comme la Casamance, Tambacounda, la zone du Ferlo. Selon lui, ce qui est en train d’être fait est important et il faut aller de l’avant en mettant en place des «zones de concentration». A ce sujet, le ministre Mansour Faye a déclaré que «la recherche de l’équité passe d’abord par une discrimination positive». Il s’agit, d’après M. Faye, de «servir en priorité ceux qui en ont plus besoin».
Par ailleurs, le ministre Mansour Faye a annoncé la «mise en œuvre prochaine de nouveaux programmes en partenariat avec la Banque africaine de développement (Bad), la Banque islamique de développement (Bid) et le Fonds saoudien de développement». D’après lui, il s’agit «d’un programme spécial de désenclavement qui prendra en charge aussi les préoccupations de Promovilles que celles du Pudc et d’un programme spécial d’électrification ainsi qu’un autre destiné au développement du capital humain avec des investissements sur l’éducation et la santé».
Il faut noter que le projet du budget 2020 du ministère du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale est arrêté à 101 milliards 375 millions 554 mille 272 F Cfa en crédit de paiement. S’agissant des autorisations d’engagement, elles s’élèvent à 253 milliards 090 millions 705 mille 467 F Cfa.